Résolution du Parlement européen du 15 septembre 2022 sur la mise en œuvre de la nouvelle stratégie industrielle actualisée pour l’Europe: aligner les dépenses sur les politiques ()
Le Parlement européen,
–vu le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (traité FUE), et notamment ses articles 9, 151 et 152, son article153, paragraphes 1 et 2, ainsi que son article173, qui porte sur la politique industrielle de l’Union et évoque notamment la compétitivité du secteur industriel européen,
–vu le traité sur l’Union européenne (traité UE), et notamment son article5, paragraphe3, ainsi que le protocole (n°2) sur l’application des principes de subsidiarité et de proportionnalité,
–vu la communication de la Commission du 11décembre2019 intitulée «Le pacte vert pour l’Europe» (),
–vu la communication de la Commission du 19février2020 intitulée «Façonner l’avenir numérique de l’Europe» (),
–vu la communication de la Commission du10mars2020 intitulée «Une nouvelle stratégie industrielle pour l’Europe» (),
–vu la communication de la Commission du 10mars2020 intitulée «Une stratégie axée sur les PME pour une Europe durable et numérique» (),
–vu la communication de la Commission du 11mars2020 intitulée «Un nouveau plan d’action pour une économie circulaire– Pour une Europe plus propre et plus compétitive» (),
–vu la communication de la Commission du 8juillet2020 intitulée «Une stratégie de l’hydrogène pour une Europe climatiquement neutre» (),
–vu la communication de la Commission du 5mai2021 intitulée «Mise à jour de la nouvelle stratégie industrielle de 2020: construire un marché unique plus solide pour soutenir la reprise en Europe» (),
–vu la communication de la Commission du 14juillet2021 intitulée ««Ajustement à l’objectif 55»: atteindre l’objectif climatique de l’UE à l’horizon2030 sur la voie de la neutralité climatique» (),
–vu l’avis du Comité économique et social européen du 19janvier2022 intitulé «Écosystèmes industriels, autonomie stratégique et bien-être»,
–vu l’avis du Comité européen des régions du 2décembre2021 sur la mise à jour de la nouvelle stratégie industrielle de 2020: construire un marché unique plus solide pour soutenir la reprise en Europe(1),
–vu le document de travail des services de la Commission du 5mai2021 intitulé «Annual Single Market Report 2021» [Rapport annuel 2021 sur le marché unique] (SWD(2021)0351),
–vu le document de travail des services de la Commission du 5mai2021 intitulé «Strategic dependencies and capacities» [Dépendances et capacités stratégiques] (SWD(2021)0352),
–vu le document de travail des services de la Commission du 5mai2021 intitulé «Towards competitive and clean European steel» [Vers un acier européen compétitif et propre] (SWD(2021)0353),
–vu le rapport de 2019 du groupe de haut niveau de la Commission sur les industries à forte intensité énergétique intitulé «Masterplan for a Competitive Transformation of EU Energy-Intensive Industries — Enabling a Climate-neutral and Circular Economy by 2050» [Schéma directeur pour une transformation compétitive des industries à forte intensité d’énergie de l’UE permettant une économie circulaire neutre pour le climat d’ici 2050],
–vu le rapport de l’Agence internationale de l’énergie de 2021 intitulé «Net Zero by 2050 - A Roadmap for the Global Energy Sector» [Zéro émissions nettes d’ici 2050: une feuille de route pour le secteur énergétique mondial],
–vu les conclusions du Conseil du 21novembre2018 sur une stratégie pour l’avenir de la politique industrielle de l’UE,
–vu les conclusions du Conseil du 27mai2019 intitulées «Une stratégie pour la politique industrielle de l’UE: une vision pour 2030»,
–vu les conclusions du Conseil du 16novembre2020 intitulées «Une relance au service de la transition vers une industrie européenne plus dynamique, résiliente et compétitive»,
–vu les conclusions du Conseil du 17décembre2020 intitulées «Pour une relance circulaire et écologique»,
–vu sa résolution du 15janvier2020 sur le pacte vert pour l’Europe(2),
–vu sa résolution du 17avril2020 sur une action coordonnée de l’Union pour combattre la pandémie de COVID-19 et ses conséquences(3),
–vu sa résolution du 25novembre2020 sur une nouvelle stratégie industrielle pour l’Europe(4),
–vu sa résolution du 16décembre2020 sur une nouvelle stratégie pour les PME européennes(5),
–vu sa résolution du 10février2021 sur le nouveau plan d’action en faveur de l’économie circulaire(6),
–vu sa résolution du 19mai2021 sur une stratégie européenne pour l’hydrogène(7),
–vu sa résolution du 19mai2021 sur une stratégie européenne d’intégration des systèmes énergétiques(8),
–vu sa résolution du 24novembre2021 sur une stratégie européenne pour les matières premières critiques(9),
–vu l’accord adopté lors de la 21econférence des parties à la convention-cadre des Nationsunies sur les changements climatiques (COP21) à Paris le 12décembre2015 (accord de Paris),
–vu la communication de la Commission du 30septembre2020 intitulée «Un nouvel EER pour la recherche et l’innovation» (),
–vu la communication de la Commission du 25novembre2020 intitulée «Stratégie pharmaceutique pour l’Europe» (),
–vu la communication de la Commission du 26janvier2022 établissant une déclaration européenne sur les droits et principes numériques pour la décennie numérique (),
–vu le document de travail des services de la Commission du 8avril2019 intitulé «Technology Infrastructures» [Infrastructures technologiques] (SWD(2019)0158),
–vu sa résolution du 13décembre2016 sur une politique communautaire cohérente pour les secteurs de la culture et de la création(10),
–vu la recommandation (UE)2021/1749 de la Commission du 28septembre2021 sur le principe de primauté de l’efficacité énergétique: des principes à la pratique – Lignes directrices et exemples relatifs à sa mise en œuvre dans le cadre du processus décisionnel dans le secteur de l’énergie et au-delà,
–vu le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental des Nations unies sur l’évolution du climat, du 4avril2022, intitulé «Changement climatique2022: atténuation du changement climatique»,
–vu l’article54 de son règlement intérieur,
–vu les avis de la commission du commerce international, de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs, de la commission des transports et du tourisme et de la commission du développement régional,
–vu le rapport de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie (A9-0214/2022),
A.considérant qu’il est essentiel de permettre à l’industrie de prendre le virage des transitions écologique et numérique et de créer, ce faisant, des emplois de qualité, tout en préservant la compétitivité et la capacité à mettre au point et à fabriquer des produits et services propres ainsi qu’à utiliser des procédés de fabrication propres;
B.considérant que l’objectif de la stratégie industrielle doit également être de renforcer le marché unique et de favoriser les progrès technologiques afin de permettre à l’Union de devenir un leader mondial dans le domaine des technologies vertes et numériques;
C.considérant que l’industrie et la manufacture constituent l’épine dorsale du marché du travail dans l’Union et devraient favoriser la création d’emplois de qualité;
D.considérant que, dans un environnement géopolitique en mutation, il est impératif de renforcer l’autonomie stratégique et de réduire la dépendance de l’Union à l’égard des matières premières, produits, sources d’énergie, capacités de production et technologies critiques, tout en maintenant l’économie aussi ouverte que possible et aussi fermée que nécessaire;
E.considérant que l’agression russe contre l’Ukraine a, une fois de plus, démontré que l’Union dépend fortement de pays tiers pour son approvisionnement énergétique; que l’Union doit réorienter ses politiques industrielle et énergétique afin de diversifier aussi rapidement que possible ses sources d’énergie, d’accroître les économies d’énergie et de multiplier les mesures en faveur de l’efficacité énergétique, ainsi que de déployer d’importantes quantités d’énergie renouvelable et d’adopter une approche d’économie circulaire beaucoup plus marquée dans l’ensemble des secteurs, fondée sur des chaînes d’approvisionnement résilientes et durables;
F.considérant qu’un niveau élevé de dépendance en matière d’approvisionnement énergétique, par exemple à l’égard de la Russie, et des prix de l’énergie élevés peuvent nuire aux capacités de production des entreprises européennes; que la disponibilité des matières et des composants ainsi que des capacités de fabrication en Europe est essentielle afin d’éviter que la dépendance énergétique de l’Union ne soit remplacée par une dépendance encore plus grande pour l’approvisionnement en minéraux de terres rares, en autres métaux, équipements ou capacités de fabrication critiques;
G.considérant que l’Union européenne compte des organismes de recherche, des entreprises et des personnes qualifiées de renommée mondiale, et qu’elle a vocation à jouer un rôle de leader mondial dans le domaine de l’innovation industrielle;
H.considérant que la Commission proposera, une fois recensées les dépendances stratégiques dans les écosystèmes industriels les plus sensibles, des mesures systémiques concrètes (économiques et réglementaires) visant à réduire ces dépendances, notamment en assurant et en encourageant la production et l’investissement en Europe;
I.considérant que l’Union doit se pencher sur la résilience des chaînes d’approvisionnement tout en créant un écosystème attractif et innovant de fabrication et d’approvisionnement à forte valeur ajoutée, qui corresponde aux objectifs européens en matière de recherche et de développement (R&D), d’innovation, de climat et d’environnement;
J.considérant que le secteur industriel a connu une baisse de ses émissions de CO2 de 35% depuis 1990, et qu’une part de cette baisse est due à la délocalisation de la production;
K.considérant que le potentiel économique estimé de réduction de la consommation finale d’énergie d’ici à 2030, par rapport au statuquo, s’élève à 23,5% pour l’industrie européenne(11);
L.considérant que la Commission constate que plusieurs secteurs économiques, tels que la santé, l’agroalimentaire, l’extraction minière et de matières premières et les technologies numériques, sont absolument cruciaux pour que l’Union puisse parvenir à l’autonomie stratégique;
M.considérant que la Commission constate, dans la nouvelle stratégie industrielle actualisée, que des politiques de marché non durables, y compris en matière de marchés publics, pourraient donner lieu à une concentration du marché;
1.se félicite de la mise à jour de la stratégie industrielle; souligne que, si l’on veut que le pacte vert soit une véritable stratégie de croissance transformative et durable, réduise les dépendances et préserve des conditions de concurrence équitables pour les entreprises européennes pendant les transitions écologique et numérique, il doit s’accompagner d’une politique industrielle ambitieuse, afin que l’Union soit à l’avant-garde, de manière compétitive, en matière d’économie durable et à zéro émission nette de gaz à effet de serre (GES), doit créer des synergies entre les entreprises, les petites et moyennes entreprises (PME) et les jeunes entreprises et doit être étayé par une politique de R&D ambitieuse et un cadre favorable aux PME; insiste sur le fait que la crise énergétique et climatique actuelle ainsi que la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ont considérablement renforcé ce besoin; insiste, à cet égard, sur la nécessaire mise en place de mesures d’aide ciblées pour les clients vulnérables dans le contexte industriel actuel, en particulier les PME et les microentreprises vulnérables, qui ont en outre fortement pâti du contrecoup de la pandémie de COVID-19;
2.invite la Commission et les États membres à examiner les répercussions de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine sur l’industrie européenne et ses capacités en matière d’objectifs et d’initiatives en cours et à venir, ainsi qu’à adopter une approche globale quand ils élaborent des mesures incitatives pour soutenir les secteurs industriels stratégiques et leurs chaînes d’approvisionnement, qui font face à une forte augmentation des coûts de l’énergie, du transport et des matières premières; constate qu’il existe de nombreuses mesures qui permettraient de réduire ces répercussions tout en réduisant les émissions de GES et la pollution atmosphérique;
3.souligne qu’un marché unique européen opérationnel est un atout important pour le renforcement de la résilience industrielle, de l’attractivité de l’Europe en tant que destination d’investissement et de la compétitivité de l’Union, ainsi que pour le développement des transitions écologique et numérique en tant que fondements d’une croissance nouvelle dans les secteurs industriels;
4.fait observer que l’Union ne peut dépendre de pays tiers pour les produits, l’énergie, les capacités de production et les technologies indispensables à son économie et à sa société de demain; souligne que l’Union doit reconquérir une position forte dans les chaînes de valeur mondiales essentielles et sécuriser son approvisionnement en matières premières critiques en temps de crise, également en recourant davantage aux modèles commerciaux circulaires; insiste sur les avantages que présentent des chaînes d’approvisionnement plus courtes pour la résilience de l’économie européenne et pour atteindre les objectifs ambitieux de l’Union en matière de climat;
5.met en lumière l’importance, pour l’économie européenne, de la collaboration internationale, des partenariats sur un pied d’égalité et des échanges commerciaux mondiaux ouverts et équitables et observe que l’un des moyens les plus efficaces de renforcer la résilience industrielle de l’Europe et de réduire ses dépendances est de diversifier les chaînes d’approvisionnement grâce à des mesures ambitieuses en matière de politique commerciale, y compris des accords stratégiques de commerce et d’investissement;
6.demande à la Commission de présenter dans les meilleurs délais des trajectoires claires et scientifiquement fondées de transition pour l’écosystème industriel en recensant notamment les besoins conditionnant la réussite de cette transition, que ce soit en termes d’infrastructures, de technologies ou de compétences; demande à la Commission de veiller à la cohérence, à la coordination et aux synergies entre toutes les initiatives ainsi qu’entre tous les objectifs, instruments de financement et dispositifs réglementaires à même de soutenir le secteur industriel durant les transitions; souligne la nécessité d’aligner les différentes trajectoires de transition, les feuilles de route de technologie industrielle et les programmes stratégiques de recherche et d’innovation (R&I) des partenariats européens dans le cadre d’Horizon Europe; demande un suivi et des rapports annuels sur la compétitivité, les progrès technologiques, l’employabilité et la résilience des écosystèmes industriels ainsi que sur les progrès réalisés sur les trajectoires de transition de chaque secteur, y compris leur adéquation aux objectifs climatiques de l’Union, pour ainsi pouvoir réajuster rapidement les instruments si nécessaire; souligne que toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur, y compris la société civile, les milieux universitaires, les organisations de consommateurs, les syndicats et le Conseil scientifique consultatif européen sur le changement climatique doivent être appelés à participer en toute transparence aux trajectoires de transition afin d’assurer un suivi continu, fondé sur des données scientifiques, des progrès réalisés;
7.demande à la Commission de présenter une stratégie axée sur la transition des industries les plus énergivores qui leur permettrait de préserver leur compétitivité tout en favorisant une plus grande autonomie stratégique de l’Union, ces industries revêtant souvent une importance stratégique;
8.rappelle que la compétitivité industrielle de l’Europe dépend fortement de sa capacité à innover; fait observer que l’Union est en retard par rapport à d’autres puissances économiques pour ce qui est des dépenses de R&D exprimées en pourcentage du PIB; réaffirme l’importance d’un niveau d’investissement ambitieux dans la R&D pour améliorer le positionnement concurrentiel de l’Union dans le monde; déplore que l’objectif de 3% du PIB en investissements dans la R&D n’ait toujours pas été atteint dans la grande majorité des États membres; invite la Commission à coordonner les efforts des États membres visant à renforcer leur engagement à accroître les objectifs d’investissement dans la R&D au niveau national, en particulier pour le financement national public et privé de l’innovation et de la recherche industrielles, afin d’évoluer vers la recherche motivée par la curiosité ainsi que la recherche portant sur les technologies de basse maturité afin de maintenir et d’améliorer la base de connaissances qui alimente l’innovation industrielle en Europe; insiste, à cet égard, sur le rôle que peuvent jouer les partenariats de science ouverte; demande à la Commission de veiller à ce que les investissements dans la R&D soient aussi orientés vers la participation des microentreprises;
9.relève la nécessité, pour les programmes de travail d’Horizon Europe et les partenariats public-privé, de tenir compte de la nouvelle situation résultant de l’invasion russe en Ukraine, en particulier en ce qui concerne les clusters 4 et 5, respectivement sur «l’industrie, le numérique et l’espace» et sur «le climat, l’énergie et la mobilité», et de concentrer la R&D dans ces secteurs sur le remplacement des combustibles fossiles et la réduction de la dépendance des industries de l’Union vis-à-vis des importations d’énergie;
10.demande à la Commission de contribuer à résorber, pour les technologies clés génériques, le déficit d’investissement par rapport à ses concurrents sur la scène mondiale; dans ces conditions, accueille favorablement la proposition de règlement sur les semi-conducteurs, présentée par la Commission, ainsi que la création de l’alliance européenne pour les données industrielles, la périphérie et le nuage; invite la Commission à lancer rapidement les travaux retardés de l’alliance industrielle européenne pour les processeurs et les technologies de semi-conducteurs; invite la Commission à élargir rapidement ces initiatives à d’autres instruments de recherche, développement et innovation (R&D&I) et aux technologies clés génériques que sont notamment les batteries, l’intelligence artificielle, la cybersécurité, l’automatisation et la robotique, la biotechnologie, l’informatique de périphérie, la photonique et les technologies et l’informatique quantiques;
11.salue les efforts investis par la Commission dans l’écosystème européen des semi-conducteurs, y compris pour accroître les capacités de production locales, le nombre de lignes pilotes et le nombre de sites de fabrication de pointe pour la technologie avancée de semi-conducteurs et la conception de semi-conducteurs et de systèmes; souligne qu’il est nécessaire de veiller à ce que le financement du règlement européen sur les semi-conducteurs n’entraîne pas une diminution du financement d’autres programmes européens existants dans ce domaine; accueille favorablement le document de travail des services de la Commission accompagnant le règlement européen sur les semi-conducteurs (SWD(2022)0147); invite néanmoins la Commission à procéder à une analyse d’impact, y compris environnemental, et à une analyse complète des besoins futurs en matière de semi-conducteurs, de l’avantage concurrentiel des différents types et du potentiel de l’Europe en matière de production de semi-conducteurs;
12.souligne l’importance de mettre pleinement en œuvre le programme stratégique de R&I existant de l’entreprise commune «Technologies numériques clés», car il s’agit d’un programme décisif pour l’autonomie stratégique de l’Union concernant plusieurs technologies clés génériques; estime que toute réorientation du financement de l’entreprise commune «Technologies numériques clés» vers la recherche portant spécifiquement sur les semi-conducteurs devrait se concrétiser essentiellement dans le cadre du programme stratégique existant;
13.insiste sur la nécessité de développer l’initiative «Made in EU» et d’accélérer la mise en place des technologies de l’industrie 4.0, notamment au sein des PME; invite la Commission à intégrer résolument le partenariat «Made in Europe» dans le programme Horizon Europe et, pour ce faire, à encourager la coopération des PME avec les universités, les organismes de recherche et les organisations technologiques; insiste encore sur le fait que le «Made in Europe» ne doit pas seulement être synonyme de qualité et d’innovation, mais également de produits, procédés et services industriels durables sur le long terme et équitables sur le plan social, et favoriser la reprise de l’emploi de qualité et des possibilités de production dans l’ensemble de l’Union, afin de soutenir le développement équilibré et durable de toutes les régions de l’Union;
14.souligne l’importance du forum industriel mis en place par la stratégie industrielle, et fait observer que, parmi les cinq groupes de travail qui ont été créés, l’un concerne directement le marché unique et s’intéresse à ses dimensions horizontales et à l’élimination des obstacles, tandis qu’un autre se concentre plus spécifiquement sur la fabrication avancée en tant qu’élément catalyseur horizontal pour une large gamme d’écosystèmes;
15.insiste sur l’importance de l’ambition zéro pollution de l’Union et d’une économie circulaire pleinement intégrée pour créer une industrie efficiente et décarbonée; demande à la Commission d’analyser la manière dont les produits peuvent être recyclés et réintroduits dans le cycle des produits; demande à la Commission d’accorder une attention particulière, pour ce qui est des possibilités de financement et d’appels d’offres, aux projets des entreprises qui sont à l’avant-garde de l’innovation dans l’économie circulaire, ainsi qu’au besoin de stimuler le développement de marchés pilotes; estime que la prévention des déchets et la réduction de la consommation d’énergie et de ressources liée aux déchets, ainsi que le recyclage en circuit fermé dans des pans entiers de l’industrie, sont indispensables à l’économie circulaire; souligne en outre l’importance des normes, des marchés publics, des quotas, de la durabilité et de la réparabilité dès la conception pour faciliter le recyclage et la réutilisation des matières premières (critiques) importantes, ainsi que l’utilisation accrue et la longévité des produits;
16.salue la volonté de la Commission de publier des orientations sur les procédures de passation des marchés publics et ses efforts en matière de réciprocité dans l’accès à ces marchés; fait observer que les marchés publics constituent un instrument essentiel de sécurité nationale et économique, de politique industrielle et de durabilité écologique et sociale, à même d’encourager l’adoption de produits et services durables et d’en doper la demande; souligne que les mécanismes de passation des marchés publics devraient appuyer davantage la transformation de l’industrie européenne en encourageant la production de biens et de services éco-innovants, rentables et durables, ainsi qu’en accroissant la demande de matières premières secondaires issues du déploiement de méthodes de production circulaires; invite dès lors la Commission à revoir s’il y a lieu sa réglementation applicable aux marchés publics ainsi que ses règles de concurrence, tout en veillant au bon fonctionnement du marché unique; rappelle l’importance des lignes directrices élaborées par la Commission sur la manière dont les États membres devraient intégrer les objectifs de performance et les critères de qualité, tels que celui de l’offre économiquement la plus avantageuse, dans l’octroi des marchés; demande à la Commission de ménager des possibilités pour les PME et de lutter contre les critères d’octroi qui fixent des exigences ou des qualifications qui vont au-delà des éléments clés des biens ou services faisant l’objet du marché, afin que les PME aient des possibilités équitables de prendre part au marché considérable que représentent les marchés publics; appelle à la plus grande vigilance quant aux acquisitions d’infrastructures critiques par des acteurs non européens;
17.rappelle le rôle des pratiques de passation des marchés publics durables dans la prévention des pénuries de médicaments, la garantie d’une sécurité d’approvisionnement et l’obtention d’investissements dans la fabrication; invite instamment la Commission à aider les États membres en élaborant des règles de l’Union ciblées sur l’approvisionnement en médicaments, dans le cadre de la directive actuelle sur la passation des marchés publics, visant à assurer à long terme la durabilité, la concurrence et la sécurité de l’approvisionnement, ainsi qu’à stimuler les investissements dans la fabrication;
18.demande à la Commission d’évaluer les passations conjointes de marchés qui ont vu le jour au cours de la pandémie de COVID-19, de les comparer avec le contrat d’achat anticipé et d’utiliser les leçons tirées pour améliorer cet outil en évitant toute perturbation du marché intérieur;
19.souligne qu’il est important que les trajectoires de transition ne délaissent pas l’éducation ni la reconversion et le perfectionnement professionnels, outils importants pour la transformation de l’industrie de l’Union et les efforts à consentir pour accroître la productivité, en tenant compte des besoins du marché du travail des région en cours de revitalisation économique, dans le but de prévenir l’appauvrissement de ces régions; invite la Commission et les États membres à élaborer une stratégie de formation professionnelle et à mettre en place, en particulier dans le cadre de pôles industriels régionaux, des partenariats entre les entreprises et le monde éducatif, avec la collaboration des partenaires sociaux, pour ainsi dynamiser les compétences et promouvoir l’adoption, par les PME, d’innovations directement commercialisables, et en prévoyant des mesures pour inciter les PME à former leur personnel et à renforcer ses compétences, en particulier numériques; insiste sur la nécessité de renforcer la coopération entre la R&D et l’industrie, en particulier sous la forme de transferts de technologies aux PME; souligne qu’il faut veiller à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, l’intégration des questions d’égalité entre les hommes et les femmes, l’égalité des chances, la participation des femmes au marché du travail et l’entrepreneuriat des femmes;
20.souligne l’importance de politiques dynamiques en matière d’éducation et de formation qui permettent de recruter et de retenir les talents au sein de l’Union européenne; demande à la Commission et aux États membres d’aider les chercheurs et les professeurs de renommée mondiale au sein de l’Union à diriger le programme d’éducation, de recherche, de développement et de formation de la future main-d’œuvre, ainsi que d’améliorer la collaboration entre l’éducation et la formation, la recherche et le milieu des affaires;
21.insiste sur la nécessité, pour les États membres, de mettre en œuvre le pacte pour les compétences et les autres initiatives de l’Union qui visent à créer des possibilités de reconversion et de perfectionnement professionnels de la main-d’œuvre, de favoriser l’acquisition des compétences nécessaires à la diversification professionnelle, de remédier aux pénuries de main-d’œuvre et de compétences et d’accélérer la reconversion et le perfectionnement professionnels des travailleurs comme des chômeurs, en particulier des travailleurs les plus vulnérables dans le cadre de la transition; souligne la nécessité de mettre en œuvre les initiatives visant à renforcer l’espace européen de la recherche, l’espace européen de l’éducation et les écosystèmes européens d’innovation, dans le but de renforcer le marché intérieur européen de la R&I;
22.insiste sur la vulnérabilité particulière des travailleurs les moins qualifiés; souligne la pertinence du Fonds pour une transition juste à cet égard, en dépit d’une portée limitée;
23.souligne que les PME et les jeunes entreprises jouent un rôle central dans les écosystèmes industriels de l’Union, en particulier pour la transformation numérique, et qu’elles constituent une source essentielle de modèles commerciaux et d’innovation de produits durables et socialement responsables; insiste sur la nécessité d’améliorer l’accès de ces entreprises aux financements européens et nationaux, en particulier dans les secteurs traditionnels où la transformation numérique n’en est qu’à ses balbutiements; déplore le déficit de financement dont souffrent certains entrepreneurs en raison de leur genre, de leur orientation sexuelle ou de leur origine; insiste sur le rôle du Conseil européen de l’innovation dans l’instauration d’un écosystème européen des jeunes entreprises et de l’investissement plus favorable à la conception d’innovations à fort contenu technologique et à risque élevé pour un rendement élevé;
24.est d’avis que les initiatives visant à atteindre les objectifs de la décennie numérique contribueront à la transformation numérique des entreprises, et en particulier des PME, qui sont encore en retard par rapport aux plus grandes entreprises pour ce qui est des compétences numériques et de la transformation numérique de leurs activités;
25.attire l’attention sur la nécessité de supprimer les obstacles existants sur le marché unique qui entravent la croissance des PME et des jeunes entreprises en Europe, ainsi que sur le besoin d’un cadre juridique et réglementaire amélioré et, partant, d’adopter des mesures de politique publique favorables aux PME;
26.insiste sur la nécessité de moderniser, pour qu’il soit à l’épreuve de l’avenir, le cadre réglementaire afin d’en assurer la stabilité et la prévisibilité, qui facilitent l’innovation, les investissements et l’approbation de produits et services novateurs, permettent de prendre le virage vers une économie à zéro émission nette de GES et assurent la compétitivité de l’Europe et la disponibilité d’emplois de qualité, tout en tenant compte des aspects sociaux et liés au genre, environnementaux et économiques; invite la Commission, après une analyse d’impact, à assortir les trajectoires de transition de feuilles de route dotées d’objectifs qualitatifs et quantitatifs contraignants, pour ainsi réduire les charges administratives inutiles pesant sur les entreprises européennes, notamment sur les PME; met l’accent sur le principe «un ajout, un retrait»;
27.souligne la nécessité de réduire les charges administratives inutiles pesant sur les entreprises, en particulier sur les PME et les jeunes entreprises, tout en préservant les normes les plus élevées en matière de protection des consommateurs, des travailleurs, de la santé et de l’environnement; souligne que l’Europe se trouve à un tournant de son histoire en raison de l’agression russe contre l’Ukraine et des répercussions de la pandémie de COVID-19; invite la Commission à évaluer si de nouvelles propositions législatives risquent de faire peser une charge administrative ou réglementaire inutile sur les entreprises;
28.rappelle le rôle que l’administration publique joue dans l’existence d’un environnement économique favorable aux entreprises et dans la réduction des charges administratives inutiles imposées aux entreprises, tout en garantissant l’application des normes les plus élevées en matière de transparence et de sécurité des travailleurs; estime qu’il convient de promouvoir des outils d’administration en ligne, des politiques publiques d’innovation numérique et l’amélioration des compétences numériques dans le secteur public et parmi ses travailleurs;
29.met en exergue les dimensions régionale et nationale de la politique industrielle et le rôle des stratégies régionales de spécialisation intelligente, en particulier en matière de développement économique, industriel et de l’emploi sur l’ensemble du territoire des États membres; réclame, à cet égard, une analyse de ce que ces stratégies ont accompli, qui puisse servir de base à de futures mesures au niveau régional; souligne la nécessaire participation, en toute transparence, de toutes les parties prenantes locales, notamment de la société civile et des représentants communautaires, à la préparation et à la mise en œuvre des stratégies régionales de spécialisation intelligente; demande à la Commission de prévoir des instruments encourageant le «made in EU» au niveau régional;
30.invite la Commission à s’appuyer sur les écosystèmes régionaux qui adoptent leur propre spécialisation intelligente, contribuent à combler les disparités régionales et associent l’administration publique, les établissements d’enseignement supérieur, la communauté scientifique, la société civile et l’industrie dans le but de rassembler les connaissances et de créer ensemble du contenu, des perspectives et des expériences d’apprentissage;
31.insiste sur la nécessité de veiller à l’équité sociale de la transition industrielle ainsi que de mettre au point des mesures appropriées pour favoriser la réindustrialisation des régions en transition au moyen de projets d’investissement interrégionaux stratégiques et de plans de réaménagement des régions vulnérables, en particulier des régions rurales et reculées;
32.insiste sur la nécessité d’une réorientation fondamentale de la politique énergétique européenne en réaction à la violente invasion de l’Ukraine par la Russie; demande de réduire sensiblement la dépendance énergétique de l’Union, surtout à l’égard du gaz, du pétrole, de la houille et du nucléaire russes; demande à la Commission et aux États membres d’accroître les capacités de production d’énergie renouvelable et d’énergie de transition sobre en carbone qui soient durables, sûres, proposées à un prix abordable et en grande quantité; demande d’accroître les économies d’énergie et les mesures en faveur de l’efficacité énergétique; invite la Commission à soutenir plus efficacement le développement des sources d’énergies qui permettront de répondre aux besoins croissants en électricité et à mieux coordonner la planification et le financement des infrastructures nécessaires, en particulier dans les domaines de l’électricité, de l’énergie, des réseaux intelligents, de l’hydrogène, du CO2 et du chauffage et du refroidissement;
33.souligne que le bon fonctionnement de l’écosystème industriel européen nécessite un approvisionnement énergétique stable; alerte sur les conséquences délétères qu’aurait une contraction de l’approvisionnement énergétique pour les infrastructures de production; estime, à cet égard, qu’il est nécessaire de mettre au point un système de coordination qui surveille systématiquement la disponibilité du gaz en temps de crise, afin de faciliter la mise en place de stratégies européennes communes pour faire face à une crise;
34.relève que le chauffage et le refroidissement continuent de figurer parmi les plus importants postes de consommation d’énergie dans le secteur industriel; insiste sur le fait que, pour accélérer la réduction des émissions de GES dans l’industrie, le potentiel d’efficacité énergétique du chauffage et du refroidissement industriels doit être pleinement exploité; souligne la nécessité de faire un meilleur usage de la chaleur et du froid résiduels inévitables ainsi que des pôles et des symbioses industriels offrant un potentiel important de synergies et d’économies d’énergie dans de nombreux secteurs, y compris le textile, les produits chimiques, la transformation alimentaire et les machines;
35.invite la Commission à redoubler d’efforts pour libérer le potentiel de la bioéconomie circulaire, où des ressources durables et renouvelables sont utilisées pour promouvoir à long terme des industries compétitives et résilientes; insiste à cet égard sur le fait que les déchets de biomasse peuvent remplacer efficacement les combustibles fossiles, tout en permettant de réduire l’empreinte CO2; demande dès lors instamment aux autorités nationales, locales et de l’Union d’encourager l’adoption d’une telle approche circulaire dans toutes les politiques publiques;
36.demande à la Commission et aux États membres de réduire de manière significative le temps nécessaire pour délivrer les autorisations et de mettre en place des procédures d’autorisation accélérées quand il s’agit d’infrastructures qui contribuent à la transition de l’industrie vers une économie circulaire neutre pour le climat, sans préjudice de la transparence, de la légitimité et de la légalité des procédures existantes; souligne, dans ce contexte, la nécessité de créer une infrastructure de base pour l’hydrogène en Europe et d’accroître les interconnexions à travers le continent, ainsi que d’appuyer le déploiement massif de technologies permettant de réaliser des économies d’énergies, telles que des installations locales de production d’énergie renouvelable à forte efficacité et des installations de production combinée, en particulier pour les PME;
37.rappelle la nécessité d’un cadre propice au développement de la mobilité durable et au renforcement du couplage des secteurs;
38.invite les États membres et la Commission à accélérer, de manière intelligente et sélective, la mise en œuvre de tous les programmes et instruments de l’Union en matière de R&D&I, d’infrastructure et de numérique, y compris les projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC) destinés à remédier aux dysfonctionnements du marché, et les alliances industrielles, ainsi que la mise en place d’infrastructures technologiques pour tester, valider et accélérer le déploiement de nouvelles solutions technologiques, en particulier celles concourant à la mise au point des technologies innovantes de pointe nécessaires aux transitions écologique et numérique, notamment celles liées à la production d’énergie, aux carburants et aux technologies clés génériques, ainsi qu’à la mise en œuvre d’une économie circulaire efficace, comme l’acier propre, l’aviation propre, les carburants de synthèse, les engrais propres et les fours de craquage électriques;
39.estime important que la Commission évalue, dans les meilleurs délais, les applications des PIIEC, une telle évaluation étant cruciale pour la résilience de l’industrie européenne; demande à la Commission de formuler des lignes directrices claires, efficaces, simples et exhaustives concernant les PIIEC; réaffirme l’importance de la réduction des risques associés au financement, notamment par l’intermédiaire d’InvestEU ou du Fonds pour l’innovation, qui est essentielle pour améliorer les capacités de production de l’Union dans des secteurs stratégiques clés, tels que l’industrie solaire, lui permettant ainsi de reconstruire une base manufacturière européenne solide;
40.souligne l’important potentiel des contrats d’écart compensatoire appliqués au carbone en tant qu’instrument vital pour réduire les émissions et la dépendance de l’industrie à l’égard des combustibles fossiles; insiste sur leur importance, en particulier dans les secteurs où les réductions sont difficiles, pour accélérer le déploiement de technologies et appuyer leur diffusion au sein de ces secteurs; souligne que l’aide financière accordée dans le cadre des contrats d’écart compensatoire appliqués au carbone devrait être proportionnée, conforme à la législation de l’Union et aux normes de l’OMC et ne pas entraîner de distorsions indues du marché intérieur de l’Union;
41.réserve un accueil favorable à l’analyse de la Commission sur les dépendances et les capacités stratégiques conformément à l’objectif d’autonomie stratégique; invite la Commission à finaliser dans les meilleurs délais les analyses et les feuilles de route technologiques industrielles, ainsi qu’à proposer des mesures, y compris des mesures de recyclage et d’utilisation efficace des ressources, visant à réduire la dépendance à l’égard des produits et approvisionnements critiques recensés, y compris les fournisseurs d’énergie; souligne l’importance d’assurer un accès ininterrompu des équipements médicaux essentiels au marché commun de l’Union, sur la base de l’expérience acquise dans le cadre de la pénurie initiale au début de la pandémie de COVID-19; souligne la nécessité d’une stratégie fondée sur une analyse plus approfondie des interdépendances afin de renforcer la position de l’Union dans les chaînes de valeur critiques et l’industrie manufacturière, tout en restant attaché au multilatéralisme et au libre-échange;
42.demande à la Commission d’adopter une approche globale fondée sur les chaînes de valeur lors de l’analyse des dépendances stratégiques de l’ensemble des 14 écosystèmes industriels critiques recensés dans son rapport annuel sur le marché unique publié en 2021; recommande que ces analyses approfondies soient élargies à tous les secteurs considérés comme stratégiques; demande à la Commission de tenir compte de l’incidence des mesures extraterritoriales prises par des pays tiers sur les industries de l’Union, en particulier pour ce qui est du contrôle des exportations; souligne que, pour éviter de créer de nouvelles dépendances et vulnérabilités, la nouvelle stratégie industrielle mise à jour devrait être axée sur les capacités européennes en matière de ressources et de technologies;
43.souligne que le recyclage doit jouer un rôle de premier plan pour accroître la quantité de matières premières primaires et secondaires et réduire ainsi la dépendance de l’Union à l’égard des importations en provenance de pays tiers; demande à la Commission d’appuyer davantage la mise en place de mesures visant à limiter l’augmentation de la demande de matières premières primaires, telles que la mise en valeur de l’économie circulaire, le soutien à la R&I en vue de trouver un moyen de substituer certaines matières, l’inclusion de sources d’approvisionnement durables dans les accords commerciaux et la conclusion de partenariats stratégiques portant sur des matières premières;
44.demande à la Commission d’élargir le champ d’action de l’observatoire des technologies critiques afin d’y inclure le suivi, l’évaluation et des rapports réguliers sur les indicateurs de résilience des industries de l’Union que sont notamment les interdépendances dans le domaine des technologies clés, les capacités de fabrication, un système d’alerte précoce sur les risques de pénurie, les dépendances stratégiques et les subventions étrangères dans les secteurs stratégiques;
45.demande à la Commission et aux États membres de créer des incitations ad hoc pour encourager l’investissement dans la production de biens critiques, tels que les médicaments essentiels, afin de parvenir à une autonomie stratégique ouverte, ainsi que dans les technologies de fabrication, en prévision de tout type de crise, y compris d’une guerre, tout en garantissant l’existence de chaînes d’approvisionnement résilientes à long terme;
46.demande à la Commission de veiller à ce que les mesures proposées dans le cadre de la stratégie pharmaceutique pour l’Europe préservent le rôle d’innovation de l’Union en matière de R&D, garantissent la compétitivité, assurent un approvisionnement fiable et à prix abordable, assurent l’accès à des médicaments modernes et continuent à favoriser l’innovation et l’investissement dans la R&D; souligne que le fait d’attirer une solide industrie pharmaceutique axée sur la recherche dans l’Union contribuera également à la résilience de cette dernière; souligne qu’il est nécessaire de soutenir les investissements spécifiques dans la R&I et la fabrication de médicaments et de principes actifs dans l’Union et le maintien sur son territoire d’installations de recherche et de production dynamiques;
47.est vivement préoccupé par la concurrence déloyale, les investissements et les acquisitions des entreprises d’État de pays tiers sur le marché unique, plus particulièrement dans les secteurs stratégiques tels que l’approvisionnement énergétique, pourtant nécessaire pour garantir l’indépendance et la sécurité énergétique de l’Union; invite la Commission à analyser ces ingérences, à garantir des conditions de concurrence équitables, en particulier pour les PME, à mettre en place des mesures adéquates et solides du point de vue juridique pour empêcher cette ingérence, tout en veillant, de manière générale, à ne pas ébranler le cadre bien établi de la politique de concurrence de l’Union et à encourager la concurrence loyale entre entreprises actives sur le marché unique de l’Union, qu’elles soient établies dans l’Union ou au-delà de ses frontières;
48.se félicite des propositions de la Commission destinées à instaurer des conditions de concurrence équitables entre les entreprises européennes et extra-européennes; insiste sur la nécessité de préserver la compétitivité à l’exportation des entreprises européennes dans le cadre de ces propositions;
49.demande à la Commission, dans la perspective de la prochaine révision du cadre des investissements directs étrangers, d’élargir le champ d’application de ce dernier et ses définitions afin de prendre en compte les incidences des subventions étrangères sur la sécurité économique de l’Union ainsi que l’impact des transferts technologiques effectués, dans des secteurs stratégiques, par les entreprises de l’Union dans des pays tiers;
50.invite la Commission à encourager le transfert de technologies environnementales aux pays en développement dans le but de faciliter la transition écologique à l’échelle mondiale;
51.s’inquiète de la dépendance croissante vis-à-vis des producteurs de pays tiers pour ce qui est du matériel de sécurité utilisé dans des secteurs essentiels et sensibles de notre société, tels que la sécurité aux frontières, la sécurité informatique et la défense; souligne la nécessité d’assimiler la technologie et le matériel de sécurité à un secteur stratégique; demande la mise en place d’un plan d’action destiné à relancer cette industrie de l’Union, notamment au moyen d’une adaptation des règles applicables à la passation des marchés publics;
52.attire l’attention sur les conclusions du rapport de la Cour des comptes européenne qui met en exergue les retards dans le déploiement des réseaux 5G et les risques liés aux acteurs issus de pays tiers(12); invite la Commission à encourager le déploiement coordonné de la 5G dans l’Union et à réduire les dépendances extérieures et les risques d’ingérence externe dans le domaine des technologies de communication 5G et 6G au moyen d’une aide coordonnée pour permettre aux acteurs européens de renforcer les capacités de R&D pour les systèmes6G et de mettre au point des marchés pilotes pour l’infrastructure5G comme base pour les transitions écologique et numérique; demande à la Commission de garantir un niveau adapté de compétitivité dans le domaine des technologies5G, tout en assurant la sécurité des réseaux5G;
53.souligne que les secteurs de la culture et de la création sont au centre du mouvement du nouveau Bauhaus européen, initiative appelée à jouer un rôle crucial; relève que les secteurs de la culture et de la création sont un élément moteur de l’innovation et du développement en Europe; demande à la Commission d’élaborer un cadre de politique industrielle exhaustif, cohérent et à long terme pour les secteurs de la culture et de la création;
54.se félicite de la proposition de la Commission sur une loi sur les données et de la mise en place d’une initiative relative aux espaces européens communs de données; souligne le rôle que joueront les espaces de données interopérables, compétitifs et à l’échelle européenne dans divers secteurs industriels, y compris le développement de l’intelligence artificielle, la mobilité, l’environnement, la santé et la fabrication intelligente; met l’accent sur la nécessité d’adopter une approche différenciée qui tienne compte des caractéristiques de chaque secteur; estime que le rôle prépondérant d’entreprises de pays tiers et de pays hors de l’espace économique européen dans des initiatives relatives aux espaces européens de données peut vider d’une bonne partie de sa substance l’objectif visant à renforcer la souveraineté technologique de l’Union; souligne l’importance de l’économie fondée sur les données, et demande à la Commission d’accélérer le déploiement de toutes les initiatives relatives aux données et de contribuer à l’émergence d’un écosystème d’espaces européens des données fondé sur la confiance, la compétitivité et l’interopérabilité, ainsi que de favoriser la création d’infrastructures européennes partagées pour simplifier l’utilisation et l’échange de données sur l’ensemble des secteurs industriels, en renforçant les écosystèmes des données, de l’informatique en nuage et de l’informatique de périphérie, ainsi qu’en multipliant les investissements dans les communications à haut débit; souligne, à cet égard, l’importance de la sécurité juridique, indispensable à la capacité d’innovation des entreprises de l’Union;
55.souligne la nécessité de garantir la résilience des réseaux de communication et la sécurité des espaces de données, pour encourager ainsi le déploiement rapide de réseaux de fibre optique afin de garantir, grâce à l’existence de plusieurs voies, la résilience face au sabotage et aux cyberattaques;
56.demande à la Commission de veiller à ce que la transition numérique emploie des méthodes avancées et des bonnes pratiques pour réduire les émissions de GES et la complexité informatique et pour améliorer l’efficacité énergétique et l’efficacité des données des systèmes en conditions de production; insiste à cet égard sur la nécessité, pour les méthodes utilisées dans le cadre de la transition numérique, de comprendre une évaluation de la durabilité environnementale, y compris pour ce qui est de la consommation d’énergie, tout au long du cycle de vie des produits et des systèmes;
57.demande à la Commission de mettre en place des mesures empêchant les acteurs de pays tiers de siéger dans des organismes notifiés de l’Union européenne, chargés par un État membre de l’Union d’évaluer la conformité de certains produits avant leur mise sur le marché;
58.se félicite de l’initiative de la Commission en faveur d’une stratégie européenne en matière de normalisation qui vise à soutenir la transformation numérique et la transition écologique; souscrit à l’ambition d’adopter une approche plus dynamique en matière de définition des stratégies relatives aux normes, y compris au niveau international, avec les principaux partenaires commerciaux;
59.relève que pour parvenir à l’autonomie stratégique, l’Union doit développer ses capacités de défense; souligne l’importance de fournir une orientation stratégique et de créer des programmes publics ambitieux afin de soutenir et de stimuler les investissements dans les industries spatiale et de la défense; estime qu’il est de la plus haute importance de mettre en place un marché européen des équipements de défense fiable, modeste et efficient avec un degré élevé de souveraineté technologique;
60.charge sa Présidente de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.
Cour des comptes européenne, Rapport spécial nº2/2022: «Efficacité énergétique dans les entreprises: des économies d’énergie, mais aussi des faiblesses dans la planification et la sélection des projets» (https://www.eca.europa.eu/Lists/ECADocuments/SR22_02/SR_Energy-effic-enterpr_FR.pdf).
Cour des comptes européenne, «Rapport spécial nº3/2022: Déploiement des réseaux 5G au sein de l’UE: des retards et des questions de sécurité encore sans réponse», Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2022.