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Proposition de résolution commune - RC-B10-0106/2025Proposition de résolution commune
RC-B10-0106/2025

PROPOSITION DE RÉSOLUTION COMMUNEsur la nouvelle détérioration de la situation politique en Géorgie

12.2.2025-()

déposée conformément à l’article136, paragraphes2 et4, du règlement intérieur
en remplacement des propositions de résolution suivantes:
10‑0106/2025 (Verts/ALE)
10‑0108/2025 (PPE)
10‑0112/2025 (S&D)
10‑0116/2025 (Renew)
10‑0118/2025 (ECR)

Rasa Juknevičienė, Michael Gahler, Andrzej Halicki, Sebastião Bugalho, David McAllister, Željana Zovko, Isabel Wiseler‑Lima, Antonio López‑Istúriz White, Wouter Beke, Krzysztof Brejza, Daniel Caspary, Andrey Kovatchev, Miriam Lexmann, Reinhold Lopatka, AnaMiguel Pedro, Davor Ivo Stier, Michał Szczerba, Alice Teodorescu Måwe, Inese Vaidere, Michał Wawrykiewicz
au nom du groupe PPE
Yannis Maniatis, Nacho Sánchez Amor, Tobias Cremer
au nom du groupe S&D
Adam Bielan, Rihards Kols, Małgorzata Gosiewska, Mariusz Kamiński, Sebastian Tynkkynen, Veronika Vrecionová, Ondřej Krutílek, Michał Dworczyk, Roberts Zīle, Marlena Maląg, Ivaylo Valchev, Alexandr Vondra, Jadwiga Wiśniewska, Assita Kanko
au nom du groupe ECR
Urmas Paet, Petras Auštrevičius, Malik Azmani, Dan Barna, Helmut Brandstätter, Benoit Cassart, Olivier Chastel, Engin Eroglu, Bernard Guetta, Karin Karlsbro, Michał Kobosko, Ilhan Kyuchyuk, Nathalie Loiseau, Jan‑Christoph Oetjen, Marie‑Agnes Strack‑Zimmermann, Eugen Tomac, Hilde Vautmans, Sophie Wilmès, Dainius Žalimas
au nom du groupe Renew
Reinier VanLanschot
au nom du groupe Verts/ALE


ʰdzéܰ:
Cycle de vie en séance
Cycle relatif au document:
RC-B10-0106/2025
Textes déposés :
RC-B10-0106/2025
Débats :
Textes adoptés :

Résolution du Parlement européen sur la nouvelle détérioration de la situation politique en Géorgie

()

Le Parlement européen,

vu ses résolutions antérieures sur la Géorgie, en particulier celle du 28novembre2024 sur l’aggravation de la crise démocratique en Géorgie après les récentes élections législatives et des allégations de fraude électorale[1],

vu le statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union accordé à la Géorgie par le Conseil européen lors de son sommet des 14 et 15décembre2023,

vu l’article78 de la Constitution géorgienne, qui exige la mise en œuvre de toutes les mesures possibles pour garantir l’intégration complète de la Géorgie dans l’Union européenne et dans l’OTAN,

vu le rapport final de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) d’observation des élections législatives en Géorgie le 26octobre2024,

vu l’article136, paragraphes2 et 4, de son règlement intérieur,

A.considérant que le recul démocratique en Géorgie s’est considérablement accéléré depuis les élections législatives du 26octobre2024, qui ont été profondément entachées et marquées de graves irrégularités, et qu’elles n’ont pas respecté les normes démocratiques internationales ni les engagements que la Géorgie a pris dans le cadre de l’OSCE; que ces élections ont enfreint les normes démocratiques établies pour des élections libres et équitables, qu’elles ne reflètent pas la volonté du peuple et que le «parlement» et, par conséquent, le «président» qui en sont issus sont dépourvus de toute légitimité démocratique; que, depuis le début de son mandat, le parlement géorgien actuel fonctionne comme un organe à parti unique (celui du Rêve géorgien), situation qui est incompatible avec l’essence même de la démocratie parlementaire pluraliste;

B.considérant que l’article2 de l’accord d’association UE-Géorgie[2] a trait aux principes généraux de l’accord, qui comprennent les principes démocratiques, les droits de l’homme et les libertés fondamentales;

C.considérant que l’article78 de la Constitution géorgienne dispose que les instances constitutionnelles doivent prendre toutes les mesures relevant de leurs compétences afin d’œuvrer à la pleine intégration de la Géorgie dans l’Union européenne;

D.considérant que la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, a publiquement condamné les élections législatives, qu’elle les a qualifiées de truquées, qu’elle a déclaré qu’elle ne les reconnaîtrait pas et qu’elle a demandé l’ouverture d’une enquête internationale; que le régime géorgien actuel, dirigé par le parti du Rêve géorgien et son fondateur, Bidzina Ivanichvili, a orchestré une usurpation inconstitutionnelle du pouvoir, en démantelant systématiquement les institutions démocratiques, en compromettant l’indépendance de la justice et en érodant les libertés fondamentales et l’état de droit; qu’il a ainsi aggravé la crise politique et constitutionnelle en Géorgie;

E.considérant que la Géorgie a officiellement le statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne depuis décembre2023; que, le 28novembre2024, Irakli Kobakhidze a annoncé que la Géorgie retarderait le lancement des négociations d’adhésion avec l’Union européenne et refuserait son aide financière jusqu’à la fin de l’année2028, au mépris de l’engagement constitutionnel du pays en faveur de l’intégration européenne et dans une entreprise de sabotage, de fait, des aspirations souveraines euro-atlantiques de la Géorgie;

F.considérant que, le 28novembre2024, des manifestations pacifiques de masse contre le gouvernement ont eu lieu un peu partout dans le pays, les manifestants exigeant de nouvelles élections libres et équitables, la fin des violences et des répressions à caractère politique ainsi que le retour du pays sur sa voie européenne; que les manifestations se déroulent sans discontinuer depuis plus de 75jours;

G.considérant que, le 14décembre2024, le parlement de facto a organisé une «élection présidentielle» avec un seul candidat, du parti du Rêve géorgien, l’ancien footballeur Mikheïl Kavelachvili, élu avec 224voix sur 225;

H.considérant que les autorités géorgiennes autoproclamées ont plongé le pays dans une véritable crise constitutionnelle et politique, ainsi que dans une crise des droits de l’homme et de la démocratie; que cette situation se traduit par une répression brutale des manifestants pacifiques, des opposants politiques et des représentants des médias; que, dans le même temps, les juges, les procureurs et les officiers de police s’emploient activement à monter de toutes pièces des accusations de natures administrative et pénale motivées par des considérations politiques à l’encontre des manifestants, des journalistes et des personnalités de l’opposition arrêtés lors de manifestations pacifiques contre le gouvernement; qu’en décembre2024, plus de 460personnes avaient été arrêtées ou sanctionnées depuis le début des manifestations, et que ce nombre augmente de jour en jour;

I.considérant que la police antiémeute, délibérément dépourvue de numéros d’identification, a vigoureusement dispersé les manifestants au moyen de gaz lacrymogènes et de canons à eau; que de nombreux journalistes ont déclaré avoir été pris pour cible et passés à tabac, et avoir vu leur équipement détruit et leurs effets personnels volés; que des dizaines de manifestants ont été brutalement agressés et que plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées; que le Défenseur public de la Géorgie a révélé que 80% des personnes arrêtées ont déclaré avoir subi des violences et des traitements inhumains de la part d’agents des forces de l’ordre; que, malgré les condamnations internationales, le gouvernement géorgien illégitime a décerné des médailles à des fonctionnaires ayant participé aux répressions;

J.considérant que des médias indépendants, y compris TV Formula, TV Mtavari et TV Pirveli, sont confrontés à de graves contraintes opérationnelles et financières en raison de l’ingérence du régime, tandis que des dizaines de représentants des médias sont soumis à diverses formes de pression physique et psychologique intense; que de nombreuses agressions violentes à l’encontre de journalistes ont été documentées, notamment les graves passages à tabac d’Alexandre Kechelachvili, de Maka Tchikhladze et de Guiorgui Chetsirouli, sans parler du harcèlement du journaliste en détention Saba Kevkhichvili; que, le 12janvier2025, les autorités géorgiennes ont arrêté la journaliste Mzia Amaghlobeli, qui est en détention provisoire depuis lors et observe une grève de la faim en solidarité avec tous les prisonniers politiques en Géorgie; qu’elle risque entre quatre et septans de prison;

K.considérant que, dans la nuit du 14janvier2025, Guiorgui Gakharia, chef de l’opposition du parti Pour la Géorgie et ancien Premier ministre, ainsi que Zviad Koridze, journaliste et militant de Transparency International, ont été agressés physiquement par des responsables du parti du Rêve géorgien lors d’incidents distincts qui ont eu lieu au même endroit, à Batoumi;

L.considérant que, le 2février2025, Nika Melia, dirigeant du parti pro-européen Akhali, et Guiorgui Ougoulava, ancien maire de Tbilissi, ont été arrêtés lors des manifestations contre le gouvernement et ont subi des violences physiques en détention; que, le 12janvier2025, Elene Khochtaria, dirigeante du mouvement politique Droa!, a été arrêtée à Batoumi;

M.considérant que les autorités géorgiennes de facto ont fait un usage disproportionné de la force et ont fait montre d’une violence excessive à l’encontre de manifestants pacifiques, et qu’elles ont eu recours à des arrestations arbitraires de masse pour empêcher toute contestation; que des organisations indépendantes de défense des droits de l’homme ont fait état de mauvais traitements systémiques infligés aux détenus, y compris de tortures; qu’à ce jour, pas un seul agent des forces de l’ordre ayant participé aux répressions brutales, aux arrestations arbitraires et aux mauvais traitements n’a été traduit en justice;

N.considérant que les autorités autoproclamées ont instauré une nouvelle législation draconienne qui est entrée en vigueur le 30décembre2024 et a modifié le code pénal, le code des infractions administratives et la loi sur les rassemblements et les manifestations, et qui impose de nouvelles restrictions arbitraires aux droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, instaurant, entre autres, de lourdes amendes pour l’affichage de slogans et la pose d’affiches, et accordant à la police le pouvoir de placer des personnes en détention «préventive» pendant 48heures si elles sont soupçonnées d’avoir eu l’intention d’enfreindre les règles régissant les rassemblements publics; que, le 3février2025, le parti du Rêve géorgien a dévoilé un nouveau projet de loi visant à renforcer les contrôles, en alourdissant les sanctions pour toute une série d’infractions visant directement les manifestants, les détracteurs et les opposants politiques, telles que des peines plus sévères pour «insulte aux fonctionnaires», la criminalisation des barrages routiers et l’allongement de la durée de la détention administrative de 15 à 60jours;

O.considérant que, le 27janvier2025, le Conseil a décidé de suspendre à l’encontre des diplomates et des fonctionnaires géorgiens certaines parties de l’accord visant à faciliter la délivrance de visas entre l’Union européenne et la Géorgie, sans toutefois imposer de sanctions à titre individuel en réponse à la poursuite de la répression; que les gouvernements hongrois et slovaque ont systématiquement bloqué des sanctions efficaces à l’échelle de l’Union, empêchant les 25 autres États membres (UE-25) d’instaurer effectivement des sanctions à l’encontre des autorités géorgiennes autoproclamées;

P.considérant que plusieurs États membres, dont la Lituanie, l’Estonie, la Lettonie et la Tchéquie, ont imposé des sanctions bilatérales à certains responsables politiques, juges et autres fonctionnaires géorgiens responsables des répressions brutales des manifestants, des violations des droits de l’homme et des atteintes à l’état de droit; qu’en décembre2024, les États-Unis ont sanctionné Bidzina Ivanichvili, ainsi que Vakhtang Gomelaouri, «ministre de l’intérieur», et Mirza Kezevadze, chef adjoint du département des missions spéciales, pour leur participation aux répressions brutales à l’encontre des représentants des médias, des personnalités de l’opposition et des manifestants; que le Royaume-Uni et l’Ukraine ont imposé des sanctions similaires à des hauts fonctionnaires géorgiens; que Bidzina Ivanichvili, au moyen de lois adoptées à la hâte et adaptées à sa situation personnelle, transfère actuellement ses actifs offshore vers la Géorgie en prévision de nouvelles sanctions;

Q.considérant que, le 29janvier2025, le parti du Rêve géorgien a annoncé qu’il retirerait sa délégation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, alors que cette dernière avait exigé de nouvelles élections législatives véritablement démocratiques, la libération des prisonniers politiques et la poursuite des auteurs d’actes de violence; que des experts des Nations unies ont condamné les répressions et les violations des droits de l’homme en Géorgie, et que l’OSCE a qualifié ces répressions de violation grave du droit à la liberté de réunion;

R.considérant que le parti du Rêve géorgien au pouvoir, ayant convoqué le nouveau parlement en violation de la Constitution du pays, a amené l’opposition à refuser d’y siéger; que, le 5février2025, le «parlement» autoproclamé a voté la révocation anticipée des mandats de 49 des 61députés, qui représentent la Coalition pour le changement, Géorgie forte et le Mouvement national uni, afin de les priver de leur immunité ainsi que de faciliter leur arrestation et les poursuites à leur encontre; que le même «parlement» a mis sur pied une commission chargée de sanctionner l’ancien parti au pouvoir, le Mouvement national uni;

S.considérant qu’un nombre croissant de fonctionnaires ont été licenciés après s’être déclarés opposés à l’arrêt du processus d’adhésion de la Géorgie à l’Union européenne; que le parti du Rêve géorgien a modifié les lois sur la fonction publique en simplifiant les procédures de licenciement des fonctionnaires, dont plusieurs ont été licenciés pour avoir participé à des manifestations, dans une tentative évidente de faire taire les voix critiques;

1.condamne les «autorités» du parti du Rêve géorgien et les exhorte à mettre immédiatement un terme aux répressions violentes des manifestants pacifiques, des opposants politiques et des représentants des médias; souligne que les autorités géorgiennes autoproclamées violent actuellement les libertés fondamentales, les droits humains élémentaires et les obligations internationales essentielles du pays, mettant ainsi à mal des décennies de réformes démocratiques menées par sa classe politique et sa société civile; considère la Géorgie comme un État prisonnier du régime illégitime du parti du Rêve géorgien; exprime son profond regret de constater que le parti du Rêve géorgien au pouvoir a abandonné sa voie vers l’intégration européenne et l’adhésion à l’OTAN; rappelle que le recul démocratique actuel et l’adoption de lois antidémocratiques ont effectivement suspendu le processus d’intégration de la Géorgie dans l’Union; réaffirme son soutien sans faille aux aspirations européennes légitimes du peuple géorgien et à son souhait de vivre dans un pays prospère et démocratique;

2.ne reconnaît pas les autorités autoproclamées du parti du Rêve géorgien mises en place à la suite de l’élection truquée du 26octobre2024, qui n’était ni libre ni équitable, qui a été organisée en violation des normes et des règles démocratiques et ne reflétait pas la volonté du peuple géorgien; souligne que les fraudes électorales à grande échelle ont porté atteinte à l’intégrité du processus électoral, mis en doute la légitimité du résultat et érodé la confiance du public, tant au niveau national qu’international, dans tout nouveau gouvernement;

3.invite l’Union et ses États membres, ainsi que les parlements nationaux et les institutions interparlementaires, à ne pas reconnaître la légitimité de l’actuel parlement à parti unique du Rêve géorgien et de son président nommé; invite dès lors la communauté internationale à se joindre au boycott des autorités géorgiennes autoproclamées;

4.considère toujours Salomé Zourabichvili comme la présidente légitime de la Géorgie et la représentante du peuple géorgien; salue ses efforts pour ramener pacifiquement le pays sur la voie démocratique et européenne du développement; demande au président du Conseil européen d’inviter la Présidente Zourabichvili à représenter la Géorgie lors d’une prochaine réunion du Conseil européen et du prochain sommet de la Communauté politique européenne;

5.souligne que la crise politique et constitutionnelle que traverse actuellement la Géorgie ne peut se résoudre que par de nouvelles élections législatives; exige que de nouvelles élections aient lieu en Géorgie au cours des prochains mois dans un meilleur cadre électoral, sous la supervision d’une administration électorale indépendante et impartiale et sous le contrôle d’une observation internationale diligente afin de garantir un processus véritablement équitable, libre et transparent; encourage les États membres et les responsables de l’Union à exiger fermement de nouvelles élections et à subordonner explicitement tout dialogue futur à la fixation d’une nouvelle date pour les élections législatives et à la mise en place d’un mécanisme garantissant qu’elles seront bien libres et équitables;

6.demande au Conseil et aux États membres, en particulier à l’UE-25 dans une démarche bilatérale et coordonnée, d’imposer des sanctions personnelles immédiates et ciblées à Bidzina Ivanichvili, à sa famille et à ses entreprises, et de geler tous ses avoirs dans l’Union, en raison du rôle qu’il a joué dans la régression du processus politique en Géorgie et dans le recul démocratique du pays ainsi que de ses agissements contraires aux intérêts constitutionnels affirmés du pays en matière d’intégration euro-atlantique; demande au gouvernement français de retirer à Bidzina Ivanichvili sa Légion d’honneur et de lui infliger des sanctions à titre individuel; se félicite, à cet égard, des sanctions qu’ont imposées bilatéralement l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la République tchèque, ainsi que de celles qu’ont déjà imposées les États-Unis et le Royaume-Uni;

7.demande à l’Union européenne et à ses États membres, en particulier à l’UE-25 dans une démarche bilatérale et coordonnée, d’imposer des sanctions personnelles aux fonctionnaires et dirigeants politiques géorgiens responsables du recul démocratique, des fraudes électorales, des violations des droits de l’homme et des persécutions des opposants et militants politiques, notamment Irakli Kobakhidze, Chalva Papuachvili, Vakhtang Gomelauri, le maire de Tbilissi et secrétaire général du parti du Rêve géorgien au pouvoir, Kakha Kaladze, et le président du parti du Rêve géorgien, Irakli Garibachvili; demande que ces sanctions soient étendues aux juges, y compris à ceux de la Cour constitutionnelle géorgienne qui prononcent des peines motivées par des considérations politiques, et aux représentants des forces de l’ordre, ainsi qu’aux bailleurs de fonds qui soutiennent tacitement ou ouvertement le régime et aux propriétaires des médias proches du régime, y compris TV Imedi, Pos TV et Rustavi 2 TV, pour leur rôle dans la diffusion de la désinformation et leur tentative de manipulation du discours public afin de maintenir en place le régime autoritaire du parti au pouvoir actuellement;

8.invite le Conseil et les États membres à imposer des sanctions à l'encontre du réseau de soutiens de Bidzina Ivanichvili, des élites de son entourage, des agents financiers corrompus, des propagandistes et des individus entretenant l’appareil répressif de l’État, y compris, entre autres, Ekaterine Khvedelidze, Outa Ivanichvili, Tsotne Ivanichvili, Bera Ivanichvili, Gvantsa Ivanichvili, Alexandre Ivanichvili, Chmagi Kobakhidze, Outcha Mamatsachvili, Natia Turnava, Ivane Tchkhartichvili, Sulkhan Papachvili, Guiorgui Kapanadze, Tornike Rizhvadze, Ilia Tsoulaia, Kakha Bekauri, Lacha Natsvlichvili, Vasil Maglaperidze, Grigol Liluachvili, Mikheïl Tchintchaladze, Levan Murusidze, Irakli Rukhadze, Tinatin Berdzenichvili, Tamaz Gaiachvili, Anton Obolachvili et Gotcha Enukidze;

9.est d’avis que les mesures prises jusqu’à présent par l’Union face au recul démocratique flagrant et aux manquements aux engagements antérieurs sont encore insuffisantes compte tenu de la gravité de la situation en Géorgie et des dernières évolutions; se félicite de la décision du Conseil de suspendre l’exemption de visa pour les diplomates et les responsables géorgiens, mais considère qu’il ne s’agit que d’une première étape, qui doit être suivie de mesures plus sévères; déplore l’obstruction des gouvernements hongrois et slovaque aux décisions du Conseil visant à instaurer des sanctions à l’encontre des individus responsables du recul démocratique en Géorgie;

10.souligne qu’il est essentiel de respecter les droits fondamentaux afin que les critères de l’Union en matière de libéralisation du régime des visas soient remplis; demande une nouvelle fois à la Commission et au Conseil de réexaminer le statut d’exemption de visa de la Géorgie, avec la possibilité de le suspendre s’il s’avère que les normes de l’Union en matière de gouvernance démocratique et de libertés ne sont pas respectées;

11.condamne fermement les violences et répressions brutales auxquelles le régime au pouvoir en Géorgie se livre à l’encontre des manifestants pacifiques depuis le 28novembre2024; demande la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques et des personnes arrêtées lors des manifestations contre le gouvernement; exige la libération de la journaliste Mzia Amaghlobeli, qui fait grève de la faim depuis plus de quatre semaines car elle a été injustement arrêtée, et qui pourrait en subir des conséquences graves, irréversibles et potentiellement mortelles; dénonce l’agression et le passage à tabac de l’ancien Premier ministre Guiorgui Gakharia, qui ont entraîné son hospitalisation, suivis de l’arrestation, le 2février2025, de dirigeants politiques tels qu’Elene Khochtaria, Nika Melia et Guiorgui Ougoulava, dans une escalade choquante des violences orchestrées par l’État sous la houlette du parti du Rêve géorgien et de ses alliés à l’encontre des manifestants pacifiques et des opposants politiques; rappelle qu’Elene Khochtaria a été arrêtée le 12janvier2025 à Batoumi;

12.réitère sa solidarité avec le peuple géorgien et sa société civile dynamique dans leur lutte pour leurs droits démocratiques légitimes et pour l’avenir européen de leur pays; demande instamment au gouvernement géorgien de rompre avec sa ligne politique actuelle et de reprendre, conformément à la volonté du peuple géorgien, le cours des réformes démocratiques permettant de rouvrir la perspective d’une future adhésion à l’Union européenne;

13.dénonce avec force la promulgation d’une législation draconienne qui impose des restrictions injustifiées à la liberté d’expression et de réunion pacifique, et exige l’abrogation de cette législation répressive adoptée récemment; prie instamment les autorités géorgiennes de libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes arrêtées pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux aux libertés d’expression et de réunion pacifique, et de garantir des enquêtes rapides, approfondies et impartiales sur toutes les allégations de recours illégal et disproportionné à la force par les forces de l’ordre; estime que le système judiciaire géorgien a été instrumentalisé pour étouffer toute velléité de contestation, instiller la peur et réduire au silence les défenseurs des libertés d’expression;

14.demande aux «autorités géorgiennes» de prendre des mesures immédiates pour garantir la sécurité et la liberté des journalistes et d’enquêter sur tous les cas de violences et d’abus de la part des forces de l’ordre; souligne qu’il importe de favoriser un cadre démocratique au sein duquel les médias, la société civile et l’opposition peuvent opérer librement sans crainte de représailles ou de censure;

15.exige une enquête indépendante, transparente et impartiale sur les brutalités policières et le recours excessif à la force contre les manifestants pacifiques; demande que les responsables des violations des droits de l'homme, y compris les forces de l'ordre et les responsables qui ont ordonné ces agissements à des fins répressives, répondent pleinement de leurs actes devant la loi;

16.dénonce l’ouverture, le 8février2025, d’une enquête par le bureau du procureur sur des organisations non gouvernementales accusées de sabotage aggravé, de tentative de sabotage et d’assistance à des organisations étrangères et sous contrôle étranger dans le cadre d’activités hostiles visant à porter atteinte aux intérêts de l’État géorgien, pour lesquelles elles pourraient être condamnées à des peines de plusieurs années; estime que ces agissements traduisent une nouvelle escalade de la répression qu’exerce le régime, un recours abusif au système judiciaire et une accélération du recul démocratique;

17.condamne la vaste campagne d’attaques ciblées menées par les autorités géorgiennes contre les organisations de la société civile et les bailleurs de fonds internationaux dignes de confiance qui soutiennent la démocratie, l’état de droit et la protection des droits de l’homme en Géorgie;

18.dénonce la révocation, par le parti du Rêve géorgien, des mandats de 49députés de l’opposition, signe d’un nouveau recul démocratique, et estime qu’il s’agit là de la dernière mesure en date dans les attaques que le parti du Rêve géorgien mène contre le pluralisme politique dans le pays;

19.se félicite de la décision de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe de contester les pouvoirs de la délégation parlementaire géorgienne en raison du recul démocratique et des violations des droits de l’homme; soutient l’appel lancé par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe à la Géorgie pour que celle-ci entame sans délai un processus sans exclusive rassemblant tous les acteurs de la sphère politique et de la société, y compris le parti au pouvoir, l’opposition et la société civile, afin de remédier d’urgence aux failles et aux lacunes relevées lors des dernières élections législatives et d’instaurer un cadre électoral propice à la tenue de nouvelles élections véritablement démocratiques, dont l’annonce devrait intervenir dans les prochains mois;

20.constate que la Géorgie, qui était autrefois l’un des principaux pays candidats à l’intégration euro-atlantique, connaît actuellement un processus accéléré de recul démocratique, dans une tentative apparemment délibérée de démontrer que la volonté du peuple géorgien ne détermine plus l’avenir du pays, ce qui pourrait conduire le pays à emprunter la voie du développement politique de la Biélorussie, se muant d’un État autoritaire, qu’il est actuellement, en un régime dictatorial;

21.déplore la décision d’Irakli Kobakhidze de suspendre les négociations d’adhésion et de rejeter les fonds de l’Union jusqu’à la fin de l’année2028; rappelle que tous les sondages indiquent systématiquement que la population géorgienne est massivement favorable à un avenir euro-atlantique; exprime son soutien résolu aux aspirations euro-atlantiques du peuple géorgien;

22.réclame, en raison du recul démocratique, un audit immédiat et complet de la politique de l’Union vis-à-vis de la Géorgie; invite la Commission à réexaminer l’accord d’association UE-Géorgie à la lumière des violations, par les autorités géorgiennes autoproclamées, des principes généraux énoncés à l’article2, à savoir le respect des principes démocratiques, de l’état de droit et des libertés fondamentales; souligne que le non-respect de ces obligations pourrait entraîner la suspension conditionnelle de la coopération économique et des privilèges qu’octroie l’accord;

23.se félicite de la décision de la Commission de mettre un terme à toute aide budgétaire en faveur des autorités géorgiennes et de suspendre le lancement de tout projet d’investissement futur; encourage la Commission à mettre fin à toute aide financière pour les projets en cours; réclame un moratoire sur tous les projets d’investissement dans le domaine de la connectivité; invite la Commission à commencer à recenser, en vue d’une éventuelle décision future imposant des mesures restrictives ou des sanctions économiques, les secteurs économiques importants pour les intérêts oligarchiques qui soutiennent et maintiennent en place le régime autoritaire actuel; invite la Commission à commencer à identifier les projets en matière de connectivité qui soutiennent et maintiennent en place le régime autoritaire actuel et à envisager de les suspendre jusqu’à l’organisation de nouvelles élections législatives;

24.dénonce le climat d’intimidation et de polarisation attisé par les déclarations des représentants du gouvernement géorgien et des dirigeants politiques, ainsi que par les attaques contre le pluralisme politique, notamment par des cas inquiétants d’intimidation et de violences à l’encontre des forces politiques démocratiques géorgiennes, ainsi que par des menaces répétées d’interdire les partis d’opposition, d’arrêter leurs dirigeants, voire leurs simples partisans, et de faire taire les opposants; souligne que toute situation autre qu’un rétablissement complet des normes démocratiques de la Géorgie entraînera une nouvelle détérioration des relations entre l’Union et la Géorgie, rendra impossible toute avancée vers l’adhésion à l’Union et se traduira par des sanctions supplémentaires;

25.demande à la Commission de réorienter rapidement les 120millions d’euros gelés, et initialement destinés à soutenir les autorités géorgiennes, pour renforcer le soutien de l’Union à la société civile géorgienne, en particulier au secteur non gouvernemental et aux médias indépendants, qui subissent de plus en plus de pressions indues de la part du parti politique au pouvoir et des autorités, ainsi que pour soutenir des programmes contribuant à la résilience démocratique et à l’intégrité électorale; demande que les mécanismes de financement de l’Union soient adaptés pour tenir compte des besoins qui se manifestent dans un cadre plus hostile et plus anti-démocratique; souligne qu’il est urgent de soutenir la société civile, compte tenu de la recrudescence des répressions ainsi que de la suspension des activités de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), et demande dès lors instamment à la Commission de renforcer sans attendre son soutien;

26.se déclare profondément préoccupé par l’influence grandissante de la Russie en Géorgie ainsi que par les agissements du gouvernement du parti du Rêve géorgien, qui poursuit une politique de rapprochement et de collaboration avec la Russie en dépit de l’occupation larvée du territoire géorgien; déplore, à cet égard, que les représentants du parti du Rêve géorgien tiennent de plus en plus des propos antioccidentaux et hostiles envers les partenaires occidentaux stratégiques de la Géorgie, notamment l’Union européenne, dont ses députés et fonctionnaires, et que le parti du Rêve géorgien encourage l’entreprise de désinformation et de manipulation orchestrée par la Russie;

27.rappelle avec insistance sa demande urgente de libération immédiate de l’ancien président MikheïlSaakachvili pour des raisons humanitaires, plus précisément pour qu’il puisse recevoir un traitement médical à l’étranger; souligne que les autorités autoproclamées sont entièrement et indéniablement responsables de la vie, de la santé, de la sécurité et du bien-être de l’ancien président MikheïlSaakachvili, et qu’elles doivent être tenues pleinement responsables de tout préjudice qui lui serait causé;

28.charge sa Présidente de transmettre la présente résolution à la haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice–présidente de la Commission européenne, au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au Conseil de l’Europe et à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ainsi qu’aux autorités géorgiennes autoproclamées.

Dernière mise à jour: 12 février 2025
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