évaluation de la mise en œuvre d’Horizon Europe en vue de son évaluation intermédiaire et des recommandations concernant le dixième programme-cadre de recherche
Résolution du Parlement européen du 11 mars 2025 sur l’évaluation de la mise en œuvre d’Horizon Europe en vue de son évaluation intermédiaire et des recommandations concernant le dixième programme-cadre de recherche ()
Le Parlement européen,
–vu les articles179 à 188 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (traité FUE),
–vu le règlement (UE, Euratom)2024/2509 du Parlement européen et du Conseil du23septembre2024 relatif aux règles financières applicables au budget général de l’Union(1),
–vu le règlement(UE)2021/695 du Parlement européen et du Conseil du 28avril2021 portant établissement du programme-cadre pour la recherche et l’innovation «Horizon Europe» et définissant ses règles de participation et de diffusion, et abrogeant les règlements(UE)nº 1290/2013 et (UE)nº 1291/2013(2),
–vu la décision (UE)2021/764 du Conseil du 10mai2021 établissant le programme spécifique d’exécution du programme-cadre pour la recherche et l’innovation «Horizon Europe», et abrogeant la décision2013/743/UE(3),
–vu le règlement(UE)2021/819 du Parlement européen et du Conseil du 20mai2021 relatif à l’institut européen d’innovation et de technologie(4),
–vu la décision(UE)2021/820 du Parlement européen et du Conseil du 20mai2021 sur le programme stratégique d’innovation de l’Institut européen d’innovation et de technologie(EIT) pour2021-2027: stimuler les talents et les capacités de l’Europe en matière d’innovation, et abrogeant la décision nº1312/2013/UE(5),
–vu le règlement(UE)2021/2085 du Conseil du19novembre2021 établissant les entreprises communes dans le cadre d’Horizon Europe et abrogeant les règlements (CE)nº219/2007, (UE)nº557/2014, (UE)nº558/2014, (UE)nº559/2014, (UE)nº560/2014, (UE)nº561/2014 et (UE)nº642/2014(6),
–vu le règlement(UE)2021/697 du Parlement européen et du Conseil du 29avril2021 établissant le Fonds européen de la défense et abrogeant le règlement(UE)2018/1092(7),
–vu la communication de la Commission du 30septembre2020 intitulée «Un nouvel EER pour la recherche et l’innovation» (),
–vu la communication de la Commission du 22octobre2024 intitulée «Mise en œuvre de l’espace européen de la recherche (EER) – Renforcer la recherche et l’innovation en Europe: évolution et orientations futures de l’EER» ( final),
–vu la communication de la Commission du 18mai2021 intitulée «L’approche mondiale de la recherche et de l’innovation– La stratégie de coopération internationale de l’Europe dans un monde en mutation» (),
–vu sa résolution du 6avril2022 sur l’approche mondiale de la recherche et de l’innovation– La stratégie de coopération internationale de l’Europe dans un monde en mutation(8),
–vu sa résolution du22novembre2022 sur la mise en œuvre du Conseil européen de l’innovation(9),
–vu la communication de la Commission du 19juillet2023 intitulée «Bilan des missions de l’Union européenne au bout de deux ans: évaluation des progrès accomplis et voie à suivre» (),
–vu sa résolution du 14décembre2023 sur les jeunes chercheurs(10),
–vu sa résolution du 17janvier2024 contenant des recommandations à la Commission sur la promotion de la liberté de la recherche scientifique dans l’UE(11),
–vu l’avis rendu le 26juin2024 par le Comité de l’espace européen de la recherche et de l’innovation et intitulé «Guidance for the next Framework Programme for Research & Innovation» (Orientations concernant le prochain programme-cadre pour la recherche et l’innovation),
–vu les rapports d’évaluation des partenariats publiés en2024 sur huit des neuf communautés de la connaissance et de l’innovation, à savoir EITUrbanMobility (mobilité urbaine), EITClimate-KIC (climat), EITFood (alimentation), EITInnoEnergy (innovation dans le domaine de l’énergie), EITHealth (santé), EITManufacturing (industrie de la production), EITRawmaterials (matières premières) et EITDigital (numérique);
–vu le rapport du groupe d’experts CERIS de novembre2024 intitulé «Building resilience in the civil security domain based on research and technology» (Renforcer la résilience dans le domaine de la sécurité civile en s’appuyant sur la recherche et la technologie);
–vu le rapport spécial nº09/2022 de la Cour des comptes européenne intitulé «Dépenses climatiques du budget2014-2020 de l’UE – une réalité en deçà des chiffres publiés»,
–vu la communication de la Commission du 19janvier2016 sur les suites données au rapport du groupe d’experts de haut niveau sur l’évaluation expost du septième programme-cadre (),
–vu le rapport d’EnricoLetta du 17avril2024 intitulé «Much more than a market» (Bien plus qu’un marché),
–vu le rapport de Mario Draghi du 9septembre2024 intitulé «The future of European competitiveness» («L’avenir de la compétitivité européenne»),
–vu le rapport du groupe d’experts de la Commission chargé de l’évaluation intermédiaire du programme Horizon Europe du 16octobre2024 intitulé «Align, Act, Accelerate: Research, Technology and Innovation to boost European Competitiveness» (Aligner, Agir, Accélérer: Recherche, technologie et innovation pour stimuler la compétitivité européenne),
–vu l’article55 de son règlement intérieur,
–vu le rapport de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie (A10-0021/2025),
A.considérant qu’Horizon Europe est le plus vaste programme de financement de l’Union géré de façon centralisée et le plus vaste programme de recherche et développement au monde financé par des fonds publics; que le Parlement avait initialement proposé un budget de 120milliards d’euros au lieu des 93,4milliards d’euros restants après la révision du cadre financier pluriannuel (CFP);
B.considérant que les investissements en recherche et développement sont essentiels à la compétitivité de l’Union, au progrès sociétal et à l’innovation; que le rapport sur l’avenir de la compétitivité européenne (rapport Draghi) et le rapport établi par le groupe d’experts de la Commission chargé de l’évaluation intermédiaire d’Horizon Europe (rapport Heitor) ont respectivement recommandé de consacrer un budget de 200milliards d’euros et de 220milliards d’euros au dixième programme-cadre pour la recherche et l’innovation (10e PC);
C.considérant que le programme-cadre devrait reposer sur les valeurs européennes, l’indépendance scientifique, la liberté et l’excellence, ainsi que sur des normes éthiques européennes élevées et sur la volonté d’améliorer la compétitivité européenne et de s’attaquer aux enjeux sociétaux;
D.considérant que le rapport Draghi a montré que l’Europe est un leader mondial dans le domaine de la science et de l’innovation, puisqu’elle occupe la deuxième position en ce qui concerne le nombre de publications scientifiques de qualité élevée et la troisième pour ce qui est du nombre de demandes de brevets; qu’il a également conclu que la chaîne de valeur allant de la recherche aux produits innovants qui améliorent la vie des citoyens dans l’Union est moins efficace que celles des États-Unis ou de la Chine pour transformer une recherche de qualité en entreprises prospères qui créent des emplois de qualité et de nouveaux produits et services pour les citoyens européens, comme l’illustrent l’écart persistant entre les États-Unis et l’Union en matière d’innovation ainsi que la réduction de l’écart entre l’Union et la Chine; qu’il souligne que l’Europe accuse un certain retard en ce qui concerne l’expansion des jeunes entreprises;
E.considérant que, lors de son audition devant le Parlement, la commissaire Ekaterina Zaharieva s’est engagée à lutter pour un programme-cadre indépendant et simplifié et a indiqué qu’elle était favorable à l’augmentation du budget et à une gouvernance davantage axée sur les experts;
F.considérant que le rapport Heitor souligne que 7474PME (34% de l’ensemble des participants) ont participé au programme Horizon Europe au cours de ses trois premières années d’existence, et que plus de la moitié des PME y ayant participé sont nouvelles dans les programmes de recherche, de développement et d’innovation de l’Union; que le taux de réussite des candidatures des PME s’est fortement amélioré (il a atteint 19,9%, contre 12% dans le cadre d’Horizon 2020);
G.considérant que le rapport Letta propose l’instauration d’une «cinquième liberté» qui engloberait la recherche, l’innovation et l’éducation en tant que nouvelle dimension du marché unique, les quatre libertés originelles étant essentiellement fondées sur des principes théoriques du XXesiècle.
H.considérant que la «liberté de rester» évoquée dans le rapport Letta rappelle l’importance d’éviter la fuite interne des cerveaux, et que l’initiative «Choisir l’Europe» mentionnée dans le rapport Heitor vise à promouvoir les carrières dans le domaine de la recherche et à transformer l’actuelle fuite des cerveaux européens en un «afflux de cerveaux» d’ici 2035;
Observations générales concernant Horizon Europe, la recherche et l’innovation
1.rappelle que nous nous trouvons à un moment crucial pour la recherche et l’innovation, et que la présidente Ursula vonderLeyen a déclaré que l’Europe devait placer «la recherche et l’innovation au cœur de [son] économie» à l’occasion de la présentation de son programme au Parlement européen en juillet2024 dans le cadre de son second mandat à la présidence de la Commission européenne;
2.constate que les rapports Draghi, Letta et Heitor placent la recherche et l’innovation au centre de la compétitivité européenne et soulignent qu’il est urgent d’agir pour ne pas se laisser distancer; estime qu’un engagement fort est nécessaire pour que le prochain programme-cadre contribue résolument à la compétitivité de l’Europe et à sa bonne santé en général;
3.rappelle que les rapports Draghi et Heitor constituent un avertissement adressé à l’Europe face à la concurrence mondiale et à l’essor considérable de la recherche scientifique chinoise ces dernières années; se félicite du taux de réussite d’Horizon Europe, plus élevé que celui d’Horizon 2020; se félicite de la capacité de réaction du programme Horizon Europe lors des crises, par exemple pendant la pandémie de COVID-19 ou face aux enjeux géopolitiques, mais déplore non seulement l’absence de financements supplémentaires, mais également les coupes budgétaires récurrentes, qui compromettent les priorités initiales;
4.regrette que la mise en œuvre d’Horizon Europe ait donné lieu à des expériences négatives, le passage d’Horizon2020 à Horizon Europe ayant principalement été perçu comme une complexification et un alourdissement de la bureaucratie; souligne que les taux de réussite de certaines parties du programme sont encore si faibles qu’ils découragent des candidatures qui pourraient se révéler excellentes, émanant en particulier de chercheurs issus d’institutions de recherche disposant de budgets modestes et de PME; estime que la planification stratégique devrait déboucher sur des avantages plus conséquents en matière de qualité de la programmation et sur un soutien renforcé de tous les acteurs de la recherche et de l’innovation, ce qui ne semble pas s’être concrétisé suffisamment jusqu’à présent; considère que le 10ePC devrait s’appuyer sur les instruments établis dans le cadre du programme Horizon Europe qui ont prouvé leur efficacité et leur efficience;
5.souligne l’importance d’un programme-cadre agile; relève que le rapport Heitor met en avant la nécessité d’être en prise sur les évolutions rapides qui s’opèrent dans le domaine de la science et de l’innovation et qu’il recommande une réforme radicale visant à impliquer les experts dans la gouvernance du programme, notamment en instaurant deux nouveaux conseils et en faisant en sorte que les appels soient moins prescriptifs; rappelle que le rapport Draghi signale que l’actuelle gouvernance du programme-cadre est lente et bureaucratique, qu’il convient de repenser son organisation afin qu’elle soit davantage centrée sur les résultats et évaluée par d’éminents spécialistes, et que le futur programme-cadre devrait être dirigé par des personnes ayant fait leurs preuves en matière de recherche ou d’innovation; constate qu’il n’est pas toujours possible d’anticiper et de planifier les idées innovantes et souligne qu’il est nécessaire de prévoir une enveloppe de financement suffisante qui ne soit pas préprogrammée afin d’exploiter pleinement le potentiel de développement de l’innovation;
6.souligne l’importance d’un programme-cadre fondé sur l’excellence afin de garantir la participation des meilleurs chercheurs d’Europe tout au long du programme; affirme que l’une des faiblesses critiques du cadre politique de l’Union en matière de recherche et d’innovation tient également à l’absence d’approche significative, intégrée et complémentaire entre les activités de recherche et d’innovation ancrées localement et celles axées sur l’excellence, en particulier entre le programme-cadre et le volet recherche et innovation de la politique de cohésion, qui sont du même ordre de grandeur dans le budget de l’Union; constate que l’amplification et la commercialisation des résultats de la recherche demeurent une difficulté majeure en Europe;
7.rappelle la recommandation du rapport Heitor selon laquelle il convient de favoriser un écosystème européen attractif et inclusif en matière de recherche, de développement et d’innovation; rappelle la recommandation du rapport Letta selon laquelle il y a lieu de favoriser le développement d’une cinquième liberté au sein du marché unique; rappelle l’observation du rapport Draghi selon laquelle la fragmentation de l’écosystème d’innovation de l’Union est l’une des causes profondes des faibles performances de l’Europe en matière d’innovation; rappelle que les traités inscrivent le programme-cadre dans le développement de l’espace européen de la recherche; est convaincu que, pour maximiser l’effet du programme-cadre, il convient de l’intégrer dans une politique européenne en matière de recherche plus globale, qui veille à ce que l’Europe soit un lieu attractif pour les activités de recherche et les talents mondiaux, traduise efficacement la science en croissance économique et en progrès sociétal, et comble efficacement le déficit en matière d’innovation au sein de l’Union; estime que le prochain acte législatif relatif à l’espace européen de la recherche (EER) devrait avoir pour objectif de concrétiser cette vision de l’Europe; reconnaît qu’il existe encore des obstacles importants à la «circulation des cerveaux» entre les États membres, notamment en ce qui concerne la reconnaissance des qualifications;
8.insiste sur la nécessité absolue que les États membres adoptent des engagements concrets pour atteindre un objectif de dépenses de 3% du produit intérieur brut (PIB) dans la recherche et le développement d’ici à 2030; constate que l’Union investit nettement moins que les autres puissances mondiales et qu’elle n’a pas atteint l’objectif de 3% depuis plus de vingt ans, avec un investissement de 2,24% de son PIB dans la recherche et le développement en 2022, tandis que les États-Unis, à titre d’exemple, ont dépensé 3,5% de leur PIB; souligne que chaque année où l’Union n’investit pas suffisamment dans la recherche et le développement, la situation s’aggrave et l’écart avec les pays tiers se creuse; précise qu’il existe des écarts importants entre les 27États membres de l’Union sur le plan de l’intensité de la recherche et du développement, cinq d’entre eux ayant atteint l’objectif de dépenses de 3%, tandis que d’autres se situent en dessous de 1%; rappelle qu’avec moins de 7% du total(12), la contribution du budget de l’Union aux dépenses de recherche et de développement représente une part très faible de l’ensemble des dépenses publiques consacrées à la recherche et au développement dans l’Union; souligne que les dépenses nationales consacrées à la recherche ne devraient pas être réduites en raison de la disponibilité, en tant que source de financement alternative, du financement de la recherche de l’Union; souligne qu’un effort conjoint de financement européen et national de la recherche et de l’innovation est nécessaire; souligne également le rôle important des investissements privés dans la recherche et l’innovation afin de compléter le financement public; regrette que les investissements privés européens dans la recherche, le développement et l’innovation soient à la traîne par rapport à la Chine et aux États-Unis, puisqu’ils atteignent 1,3% du PIB dans l’Union, contre 2,4% aux États-Unis et 1,9% en Chine; insiste donc sur le rôle essentiel de l’intervention de l’Union en tant que catalyseur des dépenses de recherche et développement, ainsi que sur la nécessité d’une coordination et d’un alignement plus poussés entre les dépenses nationales et celles de l’Union en la matière;
9.insiste sur le rôle vital que jouent les financements publics à long terme dans une recherche fondamentale d’excellence, nourrie par la curiosité scientifique et dont l’unique but est de faire avancer la connaissance scientifique, sans bénéfice évident ni immédiat, qui se caractérise parfois par un heureux hasard;
10.attire l’attention sur le considérant72 du règlement portant établissement du programme Horizon Europe, qui dispose qu’afin de garantir l’excellence scientifique, et conformément à l’article13 de la Charte, le programme devrait promouvoir le respect de la liberté académique dans tous les pays bénéficiant de ses fonds; souligne que si plusieurs incidents concernant la liberté académique se sont produits au sein de plusieurs pays bénéficiant de fonds du programme Horizon Europe, la Commission n’a pas utilisé ce considérant de manière efficace pour résoudre des problèmes spécifiques; salue l’engagement pris par la commissaire chargée des startups, de la recherche et de l’innovation, lors de son audition devant le Parlement, de présenter une proposition législative sur la liberté de la recherche scientifique; invite la Commission à présenter cette proposition législative en accord avec la résolution du Parlement du 17janvier2024;
11.approuve les niveaux élevés de dépenses consacrées au climat au cours des premières années du programme Horizon Europe; exhorte la Commission à maintenir le cap pour atteindre l’objectif global en matière de dépenses consacrées au climat de 35% au cours de toute la durée de vie du programme;
12.souligne que le programme Horizon Europe est sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs de dépenses en faveur du climat sans que, conformément au guide du programme Horizon Europe, le principe consistant à «ne pas causer de préjudice important» ne soit pris en considération dans l’évaluation des propositions, sauf lorsque cela est pertinent pour le contenu de l’appel; souligne qu’il n’existe ni obligation juridique ni base juridique concernant l’application transversale du principe consistant à «ne pas causer de préjudice important» ou du principe «avant tout, ne pas nuire»; se félicite que la commissaire chargée des startups, de la recherche et de l’innovation se soit engagée, lors de son audition devant le Parlement, à évaluer la stratégie actuelle et la nouvelle stratégie d’application du principe consistant à «ne pas causer de préjudice important», y compris la base juridique de cette application, et à partager cette évaluation avec le Parlement; prie instamment la Commission de lui présenter, avant le début du 10ePC, un rapport sur l’incidence de l’utilisation du principe consistant à «ne pas causer de préjudice important» et du principe «avant tout, ne pas nuire» dans le cadre d’Horizon Europe, contenant une estimation des coûts associés à sa mise en œuvre pour la Commission et les bénéficiaires et son incidence sur la simplification des candidatures de projets;
13.estime qu’au cours de la mise en œuvre d’Horizon Europe, plusieurs événements mondiaux majeurs ont mis en péril des milliers de chercheurs, y compris dans les pays voisins de l’Union, ce qui a entraîné une augmentation importante des demandes d’accueil d’urgence en Europe de la part de chercheurs en danger; conclut toutefois que, dans le cadre du programme actuel, l’Union ne dispose pas de fonds suffisants pour assister les chercheurs en danger et que les efforts déployés par certains États membres et certaines organisations non gouvernementales (ONG) sont fragmentés;
14.souligne l’importance de la coopération internationale pour le progrès de la science; est préoccupé à cet égard par la baisse de la coopération internationale dans le cadre du programme Horizon Europe par rapport à Horizon2020; encourage la Commission à rechercher et à conclure d’autres accords d’association avec des pays tiers; rappelle(13) et insiste sur le fait que la capacité du Parlement à donner son approbation effective aux accords internationaux, notamment concernant la participation des pays visés à l’article16, paragraphe1, pointd), du règlement portant établissement du programme Horizon Europe aux programmes de l’Union, est entravée lorsque ces accords ne prévoient pas de structure garantissant un contrôle parlementaire dans le cadre d’une procédure d’approbation pour l’association à un programme spécifique de l’Union;
15.se félicite plus particulièrement de l’association du Royaume-Uni et de la Suisse au programme Horizon Europe, qui montre que la science et l’innovation dans ces deux pays font partie intégrante de l’écosystème européen de la science et de l’innovation; exprime une nouvelle fois sa préoccupation concernant le protocole modifié en 2023 et ses dispositions relatives au rabais automatique pour le Royaume-Uni; souligne que tout accord international sur l’association de la Suisse aux programmes de l’Union devrait pleinement respecter la prérogative du Parlement de donner son approbation effective conformément à sa résolution sur les accords d’association en vue de la participation de pays tiers aux programmes de l’Union;
16.prend acte du livre blanc de la Commission sur les options envisageables pour renforcer le soutien à la recherche et au développement dans le domaine des technologies à double usage potentiel; relève que presque tous les répondants à la consultation publique sur le livre blanc ont rejeté l’option3; met l’accent sur le fait que de nombreux répondants ont estimé que les implications des options1 et 2 n’étaient pas suffisamment claires pour leur permettre de déterminer quelle option serait préférable; souligne qu’il est largement admis que la configuration actuelle doit être améliorée pour garantir l’utilisation efficace des fonds publics et renforcer la souveraineté technologique de l’Europe; note que la commissaire Zaharieva s’est engagée, lors de son audition devant le Parlement, à poursuivre cette évaluation, éventuellement au moyen d’une nouvelle étude afin de s’assurer que les points de vue exprimés sont représentatifs de toutes les parties prenantes;
17.constate que des avancées notables ont été réalisées dans le cadre d’Horizon Europe grâce à la prise en compte des plans d’action pour l’égalité hommes-femmes comme critère d’éligibilité et à l’intégration de la dimension de genre dans le contenu de la recherche et de l’innovation comme critère d’attribution par défaut dans l’ensemble du programme; constate que de récentes analyses confirment que le critère d’éligibilité fondé sur les plans d’action pour l’égalité hommes-femmes a eu un effet catalyseur;
Observations concernant la compétitivité
18.est fermement convaincu que les dépenses que l’Union consacre à la science, à la recherche et à l’innovation constituent le meilleur investissement pour notre avenir européen commun, pour l’amélioration de la compétitivité et pour le progrès sociétal, ainsi que pour combler de manière effective l’écart en matière d’innovation; partage l’avis de M.Draghi selon lequel toutes les dépenses publiques consacrées à la recherche et au développement dans l’Union devraient être mieux coordonnées à l’échelon de l’Union, ce qui signifie que les investissements devraient être correctement alignés sur les priorités stratégiques de l’Union et se concentrer sur les initiatives de financement qui ont un effet utile et créent de la valeur ajoutée, et selon lequel un programme-cadre réformé et renforcé est essentiel à cette fin; souligne que, pour garantir une réelle valeur ajoutée, les dépenses de recherche et développement devraient également être mieux coordonnées à l’échelon national entre les États membres; rappelle que les règles budgétaires réformées excluent les fonds nationaux utilisés pour cofinancer les programmes de l’Union et demande que cette possibilité soit pleinement exploitée pour stimuler le financement de la recherche de l’Union;
19.souligne l’importance des activités de normalisation pour permettre aux entreprises européennes de tirer pleinement parti de l’avantage concurrentiel découlant de la recherche et de l’innovation;
20.met en avant le fait que la recherche et l’innovation jouent un rôle important dans différents secteurs industriels qui contribuent à la création d’emplois et à l’augmentation de la compétitivité européenne par rapport aux pays tiers;
21.insiste sur l’importance du Conseil européen de l’innovation (CEI) pour la compétitivité de l’Europe; souligne à cet égard que les investissements dans le cadre du CEI permettent de franchir la «vallée de la mort» et débouchent sur des innovations de rupture susceptibles de représenter une percée et offrant des possibilités d’expansion; attire également l’attention sur le dispositif unique en son genre de l’Accélérateur du CEI, qui vise à apporter un soutien sur mesure aux jeunes entreprises à haut potentiel et ne pouvant pas bénéficier de l’appui des banques;
22.se félicite qu’à ce jour, 44% du budget du programme Horizon Europe ait contribué aux transitions numérique et industrielle, notamment en stimulant la coopération en matière de développement technologique, transitions qui s’avèrent essentielles pour la compétitivité européenne;
23.croit fermement qu’au-delà de leur rôle essentiel pour favoriser la compétitivité à long terme et durable, les politiques de recherche appliquée, de développement et d’innovation contribuent fortement à contourner, à anticiper et à relever les principaux défis mondiaux et sociétaux;
Observations concernant la mise en œuvre technique
24.constate que très peu de progrès ont été réalisés dans le cadre d’Horizon Europe en ce qui concerne la simplification administrative, étant donné que 32% des participants estiment que la procédure de demande pour bénéficier du programme Horizon Europe est plus lourde que celle d’Horizon 2020, tandis que près de la moitié des participants ne font état d’aucune différence(14); est préoccupé par «l’explosion des coûts de transaction et des coûts administratifs cumulés»(15); relève qu’en moyenne, les bénéficiaires ont déclaré dépenser de 6 à 10 % du budget de leur projet en coûts administratifs, 48% d’entre eux déclarant des coûts administratifs supérieurs à 10%, et 10% des coûts administratifs supérieurs à 20%; déplore le fait que le délai d’engagement dans le cadre du programme Horizon Europe soit plus long que dans le cadre d’Horizon2020, et qu’il dépasse l’objectif de huit mois fixé par la Commission(16); insiste sur la poursuite de la simplification administrative, la rationalisation des procédures pertinentes, la réduction des coûts et une attention accrue accordée aux demandeurs, et souligne que la simplification doit profiter aux demandeurs tout en permettant de garantir que les demandes contiennent toutes les informations nécessaires à l’évaluation de leur caractère d’excellence;
25.rappelle que la première version complète du modèle annoté de convention de subvention pour le programme Horizon Europe n’a été publiée qu’en mai2024, soit plus de trois ans après le lancement du programme; constate que sans version complète de ce document, les bénéficiaires ne sont pas pleinement informés des conditions juridiques et financières associées à la signature d’une convention de subvention; rappelle que la première version du modèle annoté de convention de subvention pour Horizon2020 avait déjà été publiée avant le lancement officiel du programme; relève que le retard de publication serait imputable à l’approche organisationnelle que la Commission a adoptée à l’égard des modèles de convention de subvention dans le cadre des programmes de l’Union relevant du cadre financier pluriannuel actuel;
26.relève que les différents bénéficiaires ont des avis et des expériences divers et variés en ce qui concerne la fonctionnalité des financements forfaitaires; reconnaît qu’aux yeux de certains bénéficiaires, l’instauration de financements forfaitaires ne constitue pas une simplification; souligne que l’évaluation de 2024 du financement forfaitaire présente des données peu claires, qui laissent d’importantes questions et préoccupations sans réponse, notamment en ce qui concerne l’incertitude quant à l’incidence d’un audit ex post, tout en confirmant d’autres objections, telles que l’augmentation artificielle du nombre de lots de travaux(17); estime que cette évaluation confirme que le financement forfaitaire peut constituer une simplification pour certains bénéficiaires, mais pas pour tous(18);
27.estime que la simplification offerte par le financement forfaitaire tend à supprimer toutes les obligations relatives à la communication des coûts réels par les bénéficiaires à la Commission et à abandonner les audits financiers ex post pour les projets; se réjouit que cela se traduise par une baisse du taux d’erreur; souligne toutefois que le taux d’erreur est un outil permettant de garantir une bonne utilisation des fonds publics et non un objectif en soi; met en garde, dans ce contexte, contre le risque de mettre en péril la qualité des dépenses d’un programme très fructueux en augmentant trop rapidement le recours aux financements forfaitaires;
28.constate que la taille moyenne des consortiums dans le programme Horizon Europe est nettement plus importante que dans le cadre d’Horizon2020(19); estime que les consortiums favorisent la collaboration et que ceux de plus grande taille contribuent à une collaboration plus large et potentiellement plus diversifiée; souligne toutefois que la gestion de consortiums plus importants exige également plus de temps et d’efforts, tant dans la phase de préparation des propositions que dans la phase de mise en œuvre du projet, ce qui prive la recherche de certaines ressources; estime, en outre, que les consortiums plus complexes sont moins attrayants pour les nouveaux arrivants, compte tenu de leur complexité ainsi que des ressources et de l’expérience nécessaires pour les gérer;
29.souligne qu’il importe que le programme soit ouvert et accessible avec de faibles seuils de demande afin de garantir la participation des nouveaux arrivants ainsi que des PME; précise que plus de la moitié des PME participant au programme Horizon Europe sont des nouveaux arrivants(20); estime que les charges administratives, l’investissement en temps nécessaire et la complexité des demandes risquent de décourager les PME de participer au programme(21); constate que l’instrument pour les PME au titre d’Horizon 2020, qui a permis d’accorder des subventions de faibles montants de manière simple et rapide, a contribué à attirer de nouvelles PME(22);
30.estime que la Commission n’a pas su mettre en place une gestion agile mais solide d’Horizon Europe, ce qui en a rendu la mise en œuvre complexe; espère que le rapport d’évaluation intermédiaire abordera les insuffisances et les solutions possibles;
Observations concernant le pilierI
31.relève l’importance du pilierI pour renforcer l’excellence scientifique et attirer des chercheurs hautement qualifiés, par l’intermédiaire du Conseil européen de la recherche (CER) et de programmes tels que les actions MarieSkłodowska-Curie (AMSC);
32.se félicite du succès continu du CER; met en avant le fait que son succès dépend de l’indépendance du conseil scientifique; souligne que ces dernières années ont démontré que la présence d’un président du conseil scientifique compétent et déterminé, doté de qualifications scientifiques reconnues, est essentielle au fonctionnement et à l’indépendance du CER; constate que les appels ascendants et la gouvernance indépendante du conseil scientifique du CER se sont révélés très efficaces;
33.met en exergue la capacité du CER et des actions MarieSkłodowska-Curie à attirer des scientifiques talentueux en Europe; prend acte de la précieuse contribution des actions MarieSkłodowska-Curie au rayonnement scientifique européen; relève avec inquiétude les faibles taux de réussite des actions MarieSkłodowska-Curie;
34.souligne que les projets de recherche financés au titre du pilierI devraient respecter le principe «risque élevé pour gain élevé»; suggère de préciser les critères d’évaluation pour veiller strictement à la concrétisation du principe «risque élevé pour gain élevé» lors de l’évaluation des propositions de recherche; relève que «risque élevé» signifie également utilisation de nouvelles méthodes de recherche;
35.souligne que les infrastructures de recherche, en particulier de recherche numérique, constituent une plateforme essentielle pour les chercheurs et les innovateurs issus de toutes les disciplines et de tous les secteurs, car elles leur permettent de partager données, méthodes et expertise, et favorisent ce faisant le développement et l’utilisation de nouvelles technologies, dans l’optique de renforcer la souveraineté technologique de l’Europe; se réjouit, en particulier à cet égard, des progrès réalisés en ce qui concerne le nuage européen pour la science ouverte et le nuage des musées européens;
Observations concernant le pilierII
36.souligne que la recherche collaborative se trouve au cœur des programmes-cadres européens; reconnaît l’importance du pilierII, qui constitue un outil stratégique essentiel favorisant la collaboration paneuropéenne en mettant en commun les ressources et les connaissances et en harmonisant les programmes publics et privés de recherche et d’innovation; relève que la collaboration n’aurait pas lieu à un tel rythme sans le financement de l’Union, ce qui met en exergue la valeur ajoutée unique des programmes de collaboration de l’Union, notamment pour permettre à l’Europe de répondre à des enjeux sociétaux complexes et d’intégrer les entreprises dans des chaînes de valeur essentielles à l’échelle du continent; estime que le pilierII a favorisé la collaboration en matière de recherche et a notamment permis d’appuyer des programmes communs de recherche et d’innovation pour le développement de la maturité technologique par l’intermédiaire des entreprises communes, ce qui contribue à la compétitivité de l’Union;
37.considère que le pilierII constitue un outil stratégique permettant une collaboration paneuropéenne et la mise en commun des connaissances et des ressources, attirant les investissements privés et réunissant les acteurs publics et privés de toute l’Europe pour surmonter des défis sociétaux complexes; est d’avis qu’il est important de continuer à soutenir ces collaborations; admet néanmoins que le pilierII est complexe; estime que sa mise en œuvre reste trop complexe et devrait être améliorée, simplifiée et rationalisée en vue de cibler des résultats plutôt que de se concentrer uniquement sur les dépenses; relève que le nombre d’instruments concernés, notamment la multitude des partenariats, la mise en œuvre administrative complexe et descendante des missions et les nombreuses réorientations budgétaires ont créé une complexité inutile qui décourage les demandeurs, en particulier les nouveaux arrivants, de participer; souligne qu’il importe que ces instruments soient accessibles, en particulier pour les PME de toutes les régions européennes, afin de permettre la participation de tous les chercheurs et innovateurs d’excellence et de favoriser l’absorption des capacités des entreprises; se félicite de l’annonce figurant dans le deuxième plan stratégique pour Horizon Europe et visant à doter le pilierII d’un meilleur équilibre entre les différents types d’activités de recherche et d’innovation, de la recherche fondamentale à l’innovation axée sur le marché; prend note, dans ce contexte, de la conclusion de l’avis du Comité de l’espace européen de la recherche et de l’innovation sur le 10ePC, selon laquelle la structure en clusters d’Horizon Europe crée un obstacle inutile pour les participants à la recherche de financements, en particulier les nouveaux arrivants, ainsi que de la conclusion du rapport Draghi selon laquelle «[l]e programme devrait consolider les activités globalement fragmentées et hétérogènes»;
Observations concernant le pilierIII
38.constate que l’amplification et la commercialisation des résultats de la recherche demeurent le plus grand enjeu de l’Europe; rappelle le rôle décisif de l’entrepreneuriat, notamment dans l’exploitation commerciale et économique d’une recherche appliquée d’excellence pour aboutir à une innovation de rupture;
39.souligne que le Conseil européen de l’innovation comble un déficit d’investissement, largement reconnu, en matière de financement du développement des innovations de rupture(23); constate le très faible taux de réussite des demandes de soutien auprès du CEI, et y voit la confirmation de l’importance du financement de celui-ci et un signe inquiétant de sous-financement du programme; se réjouit du fait que le CEI, en tant qu’instrument, ait été complété par l’introduction des activités de transition, car celles-ci complètent le parcours de l’innovateur depuis l’idée initiale jusqu’au développement en facilitant la maturation et la validation de la technologie; souligne la qualité et la pertinence des conseils prodigués par le comité du CEI et rappelle, à cet égard, l’importance des avis d’experts pour guider la mise en œuvre du programme-cadre;
40.estime que le CEI constitue en principe un instrument nécessaire et d’excellence; est d’avis que la rationalisation et le renforcement du CEI, l’attraction des investissements privés et le soutien en faveur de la commercialisation de la recherche devraient être au cœur du pilierIII, comme le confirme le rapport Heitor; déplore toutefois que la Commission ait pris certaines décisions de mise en œuvre qui ont éloigné le CEI de son objectif initial, qui était de contribuer à l’expansion des entreprises; reconnaît que le CEI devrait disposer de la flexibilité nécessaire pour maximiser stratégiquement son potentiel d’appui aux technologies de rupture; est fermement convaincu que le CEI peut réaliser son plein potentiel si le cadre juridique et institutionnel du programme est précisé et renforcé;
41.regrette que toutes les recommandations du Parlement énoncées dans sa résolution du 22novembre 2022 sur la mise en œuvre du Conseil européen de l’innovation n’aient pas été mises en œuvre, notamment la recommandation de procéder à une évaluation approfondie des moyens d’améliorer la mise en œuvre du CEI, en envisageant comme option la création d’un organe indépendant de l’Union en vertu de l’article187 du traité FUE en tant que principale entité responsable de la mise en œuvre du CEI; déplore, en outre, que sa recommandation visant à garantir la mise en œuvre des volets relatifs à l’équité et à la subvention, avec une coordination directe entre les deux volets, ait été ignorée;
42.attire l’attention sur le travail des responsables de programmes au sein du CEI; croit fermement à l’approche de l’intelligence stratégique, développée par des experts notoirement reconnus dans le domaine, pour une programmation efficace des appels stratégiques fondés sur des enjeux; salue en particulier le travail effectué par les responsables de programmes pour aider les projets à trouver et à apporter une valeur ajoutée en réunissant des projets ayant un intérêt commun;
43.constate les appréciations généralement positives (notamment en matière de valeur ajoutée de l’Union) émises par les experts indépendants des communautés de la connaissance et de l’innovation; constate que les communautés de la connaissance et de l’innovation de l’EIT contribuent à renforcer les liens entre l’enseignement supérieur et les entreprises en comblant le «déficit de compétence», et que des synergies devraient être explorées avec les académies instaurées en vertu de la législation européenne récente (par exemple, le règlement pour une industrie «zéro net», le règlement sur les matières premières critiques ou le train de mesures sur la cybersécurité); souligne en outre que les activités du programme régional d’innovation de l’EIT contribuent à réduire la fracture européenne en matière de capacité d’innovation; rappelle qu’il convient de créer davantage de synergies pour combler la fracture en matière d’innovation entre l’EIT et d’autres actions telles que l’action préparatoire de l’Union intitulée «Innovation pour une transformation territoriale», et estime que les communautés de la connaissance et de l’innovation de l’EIT pourraient améliorer les synergies au sein du programme-cadre (en ce qui concerne les activités du pilierIII et entre les piliers) et établir des synergies concrètes entre l’innovation axée sur l’excellence et l’innovation territoriale, par exemple en donnant des prolongements aux activités de recherche et d’innovation menées par la direction générale de la politique régionale et urbaine, tels que l’instrument «Investissements interrégionaux en matière d’innovation» (I3);
44.regrette en revanche de devoir conclure que la pertinence de l’EIT en tant que programme est remise en question par plusieurs acteurs, y compris certains de ses principaux bénéficiaires; souligne qu’en principe, le dispositif des communautés de la connaissance et de l’innovation est considéré par les acteurs comme un instrument utile au développement et à l’intégration efficaces d’un écosystème d’innovation; estime que les deux principales préoccupations soulevées sont d’une part l’obligation d’autonomie financière des communautés de la connaissance et de l’innovation(24) et, d’autre part, la gestion centrale par l’organisation de l’EIT, qui est trop bureaucratique et fastidieuse, et crée des difficultés de gouvernance pour les communautés de la connaissance et de l’innovation(25); conclut que pour de nombreux acteurs, les coûts financiers et les autres coûts, y compris la charge élevée que représente la participation à une communauté de la connaissance et de l’innovation, dépassent les avantages du soutien financier relativement faible qui leur est destiné;
45.regrette que, bien que certains efforts aient déjà été accomplis, les synergies entre le CEI, l’EIT et le CER ne soient pas suffisamment développées;
Observations concernant le pilierIV
46.se félicite de l’augmentation du nombre d’entités participant au programme Horizon Europe issues de pays bénéficiant de l’élargissement; reconnaît que la fracture en matière d’innovation persiste, en dépit d’une légère diminution des disparités dans les performances d’innovation à travers l’Europe résultant de deux décennies d’efforts d’élargissement; souligne toutefois que l’existence de ces écarts en matière d’innovation en Europe a des conséquences négatives pour l’Union dans son ensemble, car cela signifie que les talents disponibles ne sont pas exploités et que les disparités économiques au sein de l’Union sont susceptibles de se creuser; relève que des facteurs structurels peuvent en partie expliquer cette faible participation, notamment l’insuffisance des investissements publics nationaux dans la recherche et le développement, ce qui porte atteinte à l’efficacité des systèmes nationaux en matière de recherche et d’innovation, comme en témoignent les faibles scores du tableau de bord européen de l’innovation; constate, en outre, qu’il existe un lien entre des niveaux élevés de participation au programme-cadre et des niveaux élevés d’investissements publics nationaux dans la recherche et le développement; est fermement convaincu que sans réformes nationales, l’écart en matière d’innovation ne peut être comblé, quelles que soient les initiatives déployées à l’échelle européenne, et renvoie au rapport spécial nº09/2022 de la Cour des comptes européenne sur la question; reconnaît que des mécanismes nouveaux et plus efficaces sont nécessaires afin d’élargir encore la participation, mais que le financement de ces actions devrait principalement provenir de l’échelon national et être complété par des fonds de la politique de cohésion; invite la Commission à veiller à ce que la prochaine réglementation sur l’espace européen de la recherche impose aux États membres des obligations strictes en matière d’amélioration du fonctionnement de leur système de recherche et d’innovation, afin de mettre fin aux performances médiocres imputables à des difficultés structurelles;
47.souligne l’importance du label d’excellence dans le cadre d’Horizon Europe; considère que le label permet en partie d’atténuer le problème persistant du sous-financement dans le cadre d’Horizon Europe, qui entrave considérablement la capacité à soutenir de manière adéquate toutes les propositions de haute qualité; reconnaît, en outre, que le label peut contribuer à améliorer la participation relative des chercheurs des pays bénéficiant de l’élargissement; souligne toutefois que le label ne saurait être considéré comme un substitut au soutien financier direct, notamment parce qu’il ne constitue pas une garantie de financement;
48.constate qu’un écosystème européen d’innovation performant nécessite des écosystèmes d’innovation territoriaux solides et bien connectés, et qu’un écosystème européen d’innovation mieux connecté est essentiel pour renforcer la compétitivité de l’Europe, sa résilience et son autonomie stratégique; relève que la collaboration entre les écosystèmes territoriaux permet aux régions européennes de tirer parti de leurs forces combinées afin de mettre au point plus efficacement des solutions innovantes; souligne qu’une telle collaboration accélère également la commercialisation et le développement des technologies, renforçant du même coup la compétitivité de l’Union à l’échelle mondiale; reconnaît le rôle essentiel des organismes publics de recherche, y compris des universités, en tant que moteurs de l’innovation territoriale;
Observations concernant les missions et les partenariats
49.souligne le rôle de diffusion scientifique des missions et la nécessité de le renforcer encore, car cela permettra de rapprocher les résultats de recherche de la société et d’atténuer la méfiance à l’égard de la recherche et de l’innovation, tout en aidant la société à approuver les investissements publics dans la recherche et l’innovation; rappelle que la communication de la Commission intitulée «Bilan des missions de l’Union européenne au bout de deux ans: évaluation des progrès accomplis et voie à suivre» n’a pas donné une évaluation positive des missions et a conclu que ces dernières n’avaient pas atteint leurs principaux objectifs, parmi lesquels figure celui de mobiliser des financements extérieurs;
50.rappelle le rôle fondamental des partenariats pour rapprocher la Commission et les partenaires privés et/ou publics, et estime qu’ils doivent bénéficier d’un soutien continu assorti d’un objectif et d’une portée définis; souligne que les structures de gouvernance des partenariats public-privé devraient être rationalisées et simplifiées afin d’éviter les charges inutiles et de mettre en avant les priorités essentielles; considère les entreprises communes comme des instruments très utiles pour favoriser une meilleure coordination et un meilleur alignement des programmes de recherche dans l’ensemble de l’Union, ainsi que pour encourager le co-investissement dans la recherche et le développement entre les secteurs public et privé; constate, avec regret, que les entreprises communes n’ont pas encore débouché sur une augmentation des dépenses en faveur de la recherche et du développement de la part de l’industrie européenne dans son ensemble;
Recommandations concernant la dernière partie d’Horizon Europe
51.constate que la mise en œuvre des missions n’a pas connu d’évolution notable depuis la publication de la communication; conclut que l’approche actuelle des missions n’est pas suffisamment orientée vers la promotion d’idées novatrices, créatives et de recherche et d’innovation pour relever les défis qui se présentent; estime que la programmation axée sur les missions devrait se fixer des objectifs qui peuvent être atteints grâce à la recherche et à l’innovation, être mise en œuvre au moyen de procédures d’appel ouvertes à des idées ascendantes pour réaliser la mission concernée et être gérée selon une approche par portefeuille s’appuyant sur l’expérience des responsables de programme du CEI; considère que la programmation axée sur les missions devrait avant tout obéir à une approche novatrice de la programmation de la recherche qui mette davantage l’accent sur les idées de recherche ascendantes, qui favorise l’interdisciplinarité et, en particulier, qui crée un espace permettant de dégager des synergies entre les activités axées sur les sciences sociales, les sciences humaines et les arts (SSHA) et les activités axées sur la technologie, afin de résoudre les problèmes; invite dès lors la Commission à piloter cette approche au cours des années restantes d’Horizon Europe en dépensant la majorité des fonds alloués aux missions au moyen d’appels à propositions à caractère ouvert axés sur des activités de recherche et d’innovation susceptibles de contribuer à la réalisation d’un objectif spécifique; encourage la Commission à examiner s’il convient de continuer à financer chaque mission dans le cadre d’Horizon Europe et à trouver des financements et des soutiens supplémentaires pour la poursuite des missions dans d’autres pans du budget de l’Union ainsi qu’aux échelons national et régional s’il y a lieu;
52.soutient la proposition du rapport Heitor, qui vise à créer une unité expérimentale dans le cadre d’Horizon Europe afin d’expérimenter de nouvelles méthodes et de nouveaux instruments de mise en œuvre pour favoriser une réelle simplification pour les participants et développer une mise en œuvre plus agile du programme; prie instamment la Commission de lancer, dès 2025, un groupe de travail chargé de veiller à l’efficacité du Semestre européen, autour de l’objectif consistant à porter à 3% la contribution de l’Union, comme indiqué clairement dans les rapports Draghi et Heitor et réaffirmé par les dirigeants européens dans la déclaration de Budapest sur le nouveau pacte européen pour la compétitivité;
53.maintient que la Commission devrait continuer à recourir au financement forfaitaire au titre d’Horizon Europe, et l’appliquer aux bénéficiaires pour lesquels les évaluations montrent qu’il s’agit clairement d’une simplification, tels que certaines PME et certains projets; souligne à cet égard que la montée en puissance envisagée de l’utilisation du financement forfaitaire pour le programme de travail 2026-2027 reste sujette à caution compte tenu des inquiétudes et des incertitudes existantes concernant l’incidence du financement forfaitaire au regard de la simplification qu’ils offrent à certains bénéficiaires et de leur incidence sur la qualité des projets financés; invite la Commission à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir une utilisation saine et efficace des fonds de l’Union avant d’augmenter la part du budget d’Horizon Europe dépensée par l’intermédiaire de financements forfaitaires au cours des dernières années d’Horizon Europe, et à étudier la possibilité d’améliorer encore le système afin de garantir que le financement forfaitaire entraîne une véritable simplification pour les bénéficiaires; souscrit à la recommandation de la Cour des comptes européenne consistant à définir l’étendue des contrôles ex post pour les subventions forfaitaires;
54.soutient l’appel urgent du rapport Heitor à créer une ligne de cofinancement baptisée «Choose Europe» (Choisir l’Europe) afin de transformer l’actuelle fuite des cerveaux en afflux de cerveau d’ici 2035; fait remarquer que cet objectif devrait être considéré comme une chance majeure et unique pour l’Europe dans le contexte géopolitique incertain actuel, en particulier à la suite des récentes élections aux États-Unis, et qu’il devrait donc être mis en œuvre d’urgence à partir de 2025;
55.invite la Commission à rétablir sans délai l’autonomie et l’agilité du CEI afin d’éliminer les processus complexes existants qui conduisent à une mise en œuvre réduite; estime que les activités de transition du CEI devraient être ouvertes aux propositions fondées sur les résultats de tout projet du programme-cadre, quelle que soit la partie du programme qui a financé ce projet;
56.demande instamment à la Commission, en tant que gardienne des traités, de s’appuyer sur le considérant72 du règlement portant établissement du programme Horizon Europe pour imposer un plus grand respect de la liberté académique dans l’Union ainsi que dans les pays associés, et en particulier à s’en servir comme base pour s’attaquer ouvertement et directement aux violations flagrantes de la liberté académique commises par les gouvernements nationaux;
57.recommande que l’application du principe consistant à «ne pas causer de préjudice important» et du principe «avant tout, ne pas nuire» s’accompagne d’orientations détaillées de la Commission sur la manière dont le respect de ces principes sera évalué dans le contexte de l’appel spécifique dans lequel ils sont appliqués;
Recommandations concernant le dixième programme-cadre de recherche
58.demande que le 10ePC soit un programme autonome de l’Union, dans la perspective de la discussion à venir sur le très attendu Fonds européen pour la compétitivité annoncé par la présidente de la Commission, Ursula vonderLeyen, dans son discours du 17juillet2024 à Strasbourg, consacré à l’excellence de l’Union en matière de recherche et d’innovation et au développement technologique stratégique, doté d’un budget nettement plus élevé permettant d’atteindre l’objectif de dépenses de 3% du PIB et de financer au moins 75% des propositions présentées classées comme «excellentes»(26); recommande que le 10ePC soit centré sur trois objectifs principaux:
a)
créer une compétition européenne d’idées et un entonnoir pour accélérer le passage du stade de la recherche fondamentale à celui du développement de l’innovation, en soutenant la recherche fondamentale et en renforçant le déploiement et l’exploitation de solutions innovantes,
b)
soutenir les initiatives de recherche stratégique qui nécessitent une collaboration européenne à grande échelle, car la capacité du programme à donner la priorité à ces initiatives sera de la plus haute importance pour la capacité de l’Europe à relever les défis sociétaux auxquels elle est confrontée, ainsi que pour l’industrie et les PME européennes, y compris pour la maturation technologique et la promotion des écosystèmes européens, afin de combler l’écart de compétitivité par rapport à nos concurrents mondiaux, en mettant l’accent sur le développement de technologies avancées innovantes prioritaires et leur traduction en applications concrètes pour des produits, procédés et services innovants,
c)
faire progresser l’EER, notamment en comblant le déficit d’innovation en Europe;
59.recommande que la Commission veille à une mise en œuvre du programme tournée vers les utilisateurs, guidée par les données scientifiques, effective et efficace, notamment grâce aux actions suivantes:
a)
mettre en œuvre une gouvernance améliorée, inspirée des conclusions du groupe d’experts Heitor et du rapport Draghi, qui réponde à la nécessité d’accroître l’agilité du programme, lequel devrait:
i)
être orienté vers la facilitation de l’excellence en matière de science, de développement technologique et d’innovation;
ii)
contribuer aux priorités de l’Union selon les conditions de la science et de l’innovation;
iii)
être fondé sur le principe de l’autonomie, grâce auquel des spécialistes indépendants reconnus du domaine concerné qui agissent dans l’intérêt public pourront offrir leur conseil sur la meilleure façon dont la recherche et l’innovation contribuent à concrétiser les priorités stratégiques définies par les responsables politiques. Dans le cadre de la mise en œuvre de ce principe, il convient de mettre en place de nouveaux conseils, conformément aux préconisations du rapport Heitor, de sorte que des experts puissent fournir des orientations sur les priorités stratégiques du programme ainsi que sur la formulation du texte des appels afin de garantir leur qualité;
b)
prévoir des postes de responsables de programmes pour le CEI, comparables aux responsables de programmes des agences américaines de type agences pour les projets de recherche avancée (ARPA), qui sont des experts externes ayant fait leurs preuves dans le domaine concerné, nommés par la Commission pour une durée prédéfinie en tant que conseillers spéciaux auprès du commissaire à la recherche et à l’innovation afin de garantir leur niveau de responsabilités au sein de la Commission, et sont chargés de gérer des portefeuilles de projets stratégiques et visionnaires, en encourageant la collaboration entre les projets pour leur bénéfice mutuel, et de définir les enjeux en se fondant sur des renseignements stratégiques afin de favoriser le rôle moteur de l’Europe à l’échelle mondiale dans des domaines spécifiques de leur champ d’expertise;
c)
mettre en œuvre une simplification radicale des tâches administratives liées aux candidatures présentées pour les projets relevant du 10ePC et à la gestion de ces projets, en suivant la proposition du rapport Heitor pour le système de candidature, à savoir «faire confiance a priori et vérifier par la suite», et réduire les informations demandées dans les dossiers de candidature au strict minimum– aucune information qui n’est pas absolument nécessaire à une bonne évaluation qualitative de la qualité scientifique ou innovante d’une proposition ne devrait être exigée à l’étape de la proposition;
d)
promouvoir les synergies ainsi qu’une programmation et une mise en œuvre coordonnées avec d’autres programmes et politiques sectorielles, en particulier avec la nouvelle politique industrielle à venir et les prochains projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC) en matière de recherche, de développement et d’innovation à l’échelle nationale et à celle de l’Union;
60.recommande que les plans d’action pour l’égalité hommes-femmes, qui sont des critères d’éligibilité au financement, soient maintenus dans le 10ePC sous leur forme actuelle en tant qu’élément permanent et intégral des exigences de l’Union en matière de financement de la recherche;
61.recommande que l’objectif général visant à faire progresser l’EER conduise à la mise en place d’un EER d’excellence, unifié et performant, qui attire les talents, intègre les nouveaux arrivants dans les réseaux existants, donne accès à des infrastructures de recherche et de technologie de premier plan à l’échelle mondiale, tout en restant ouvert aux propositions de recherche d’excellence indépendamment de l’institution de soutien, et soutient les programmes de recherche précoces conjoints avec les bailleurs de fonds nationaux; souligne que le futur acte législatif sur l’ERA doit garantir une augmentation des investissements nationaux, des réformes nationales et l’élimination des barrières à la libre circulation des connaissances, des technologies et des chercheurs, afin de créer les conditions pour que le 10ePC soutienne la réalisation d’un ERA fonctionnant efficacement;
62.considère que les programmes Infrastructures de recherche, COST et Teaming devraient contribuer à la réalisation de cet objectif général; est convaincu que le 10ePC devrait prévoir un instrument pour des investissements stratégiques dans les infrastructures technologiques; estime que les actions MarieSkłodowska-Curie sont un instrument essentiel pour atteindre cet objectif, car elles facilitent la mobilité, dans l’ensemble de l’Union et entre les secteurs, des meilleurs et des plus brillants, qui sont sélectionnés sur la base de l’excellence de leur proposition; pense que, pour renforcer l’intégration de l’EER, il convient d’encourager la participation au programme d’entités issues de domaines peu performants en matière de recherche;
63.est fermement convaincu que le 10ePC devrait comprendre un nouveau programme européen de bourses destinées aux chercheurs en danger, qui tiendrait compte des leçons tirées de l’action préparatoire en cours pour atteindre cet objectif général;
64.continue de soutenir l’approche du triangle de la connaissance de l’EIT pour favoriser l’innovation en Europe; estime qu’un EIT réformé et recentré devrait contribuer à la réalisation de cet objectif général, compte tenu de son rôle particulier dans l’intégration de l’écosystème européen de l’innovation;
65.estime que, dans le cadre du 10ePC, un CER et un CEI élargis et interconnectés ont vocation à être le moteur d’une compétition européenne des idées et qu’il convient d’augmenter leurs budgets en priorité; recommande que ces programmes soient pensés de sorte à créer un entonnoir ascendant européen permettant à l’innovation de passer rapidement du stade de la recherche fondamentale à celui du développement;
66.estime que le CEI ne sera une réussite que i) s’il permet que l’apport de financements mixtes constitue un projet à lui seul et ii) s’il peut agir de façon aussi prévisible et agile que les acteurs privés sur le marché du capital-investissement grâce à une entité juridique de mise en œuvre créée à cette fin; signale qu’il est capital, pour cela, de renforcer l’autonomie et l’autogouvernance du CER et du CEI; considère à cet égard qu’il convient d’étudier de nouvelles options, telles que la création d’entités juridiques spécialisées, pour garantir leur indépendance et leur stabilité à long terme;
67.estime que l’extension du CER et du CEI devrait s’accompagner d’un financement accru des projets de recherche fondamentale, collaborative et précoce; recommande que cette extension finance des petits projets et consortiums afin de diminuer le seuil de participation, d’améliorer le taux de réussite et d’encourager l’expérimentation avec de nouvelles idées et collaborations; considère que l’Éclaireur du CEI pour la recherche de pointe et les subventions de synergie du CER ont un rôle à jouer dans cette extension pour favoriser la recherche collaborative ascendante; souligne que l’Éclaireur du CEI pour la recherche de pointe devrait continuer de financer les Défis, mais qu’il devrait délaisser les appels fondés sur les Défis pour une approche de type ARPA, qui soit ouverte aux propositions ascendantes tout en garantissant le développement de technologies stratégiques;
68.prie instamment la Commission de concevoir le 10ePC de manière à ce qu’il puisse soutenir efficacement les initiatives stratégiques de recherche, de développement technologique et de déploiement, en mettant l’accent sur un nombre limité de priorités visant à soutenir la compétitivité fondée sur la recherche et la résilience de secteurs clés de l’économie européenne, ainsi qu’à relever les défis sociétaux à l’horizon 2040 qui nécessitent une collaboration transfrontière en raison de l’ampleur et de la complexité des problèmes en jeu; estime que ces initiatives devraient pouvoir prendre la forme i) de programmes axés sur les missions sociétales traitant d’enjeux socioéconomiques et/ou écologiques, ii) de programmes axés sur les missions technologiques visant à accélérer le développement de technologies stratégiques en Europe, et iii) d’entreprises communes permettant d’obtenir des investissements conjoints de la part du secteur privé, des États membres et de l’Union;
69.est, en outre, convaincu qu’une portion du budget du 10ePC devrait rester disponible pour des appels collaboratifs de niveaux de maturité technologique plus élevés afin de soutenir la collaboration stratégique non couverte par les initiatives stratégiques, notamment pour les appels stratégiques élaborés par les responsables de programmes pour favoriser le développement d’un écosystème émergent;
70.souligne que les programmes axés sur les missions prévus dans le 10ePC devraient être organisés d’une manière fondamentalement différente des missions actuelles dans Horizon Europe; invite la Commission à mettre en place, dans le cadre du 10ePC, des programmes axés sur les missions qui fixent des objectifs pouvant être atteints grâce à la recherche et à l’innovation, mis en œuvre au moyen d’appels ouverts en faveur d’idées ascendantes, favorisant l’interdisciplinarité, y compris entre les activités axées sur les SSHA et les activités axées sur la technologie afin de réaliser la mission, et gérés au moyen d’une approche par portefeuille fondée sur l’expérience du projet pilote dans le cadre d’Horizon Europe; fait remarquer que la bonne gestion de ces programmes axés sur les missions nécessite une expertise pointue sur le thème des missions plutôt qu’une expertise générale;
71.attire l’attention sur le fait que les procédures d’obtention d’une aide au titre du 10ePC doivent être conformes aux réalités des entreprises; est d’avis qu’à cette fin, une procédure de candidature axée sur l’industrie, s’appuyant sur l’expérience de la voie express pour l’innovation d’Horizon 2020, devrait être réintroduite dans le cadre du 10ePC, en particulier lorsque le programme vise à soutenir des initiatives stratégiques;
72.est convaincu qu’une approche stratégique de la coopération internationale est plus importante que jamais; estime que la collaboration scientifique au niveau mondial est essentielle pour le développement des connaissances de l’humanité, mais ne peut pas être menée naïvement; recommande que la Commission élabore un cadre d’action stratégique clair pour ses décisions en matière de collaboration internationale incluant i) une politique claire sur l’association des pays tiers qui érige l’association en instrument de partenariat politique, ii) un processus structuré pour déterminer le degré d’ouverture ou de fermeture des projets du 10ePC nécessaire en vue de favoriser la meilleure recherche possible tout en tenant compte des intérêts stratégiques de l’Union, et iii) un plan pour dynamiser la collaboration internationale grâce au programme;
73.souligne qu’il importe que le 10ePC soit conforme à la recommandation du Conseil sur le renforcement de la sécurité de la recherche; invite la Commission à examiner, dans le cadre de l’approche stratégique, si la meilleure façon de trouver le bon équilibre entre sécurité et ouverture se situe au niveau des programmes, des appels ou des projets sélectionnés; est également d’avis qu’au-delà de l’agilité du programme-cadre lui-même, la résilience doit faire partie intégrante de l’ensemble des activités de recherche appliquée, de développement et d’innovation du prochain programme-cadre, d’une manière différenciée en fonction du sujet et du type d’activité; estime, en particulier, que les activités d’innovation étroitement liées au marché doivent tenir compte du risque inhérent de dépendance accrue vis-à-vis de pays tiers et du besoin renforcé d’autonomie stratégique de l’Union;
74.recommande en principe de préserver le caractère civil du prochain programme-cadre et de laisser les appels concernant spécifiquement des applications dans le domaine de la défense au successeur du Fonds européen de la défense; invite instamment la Commission à développer davantage les options permettant de renforcer les synergies entre les dépenses de recherche et développement en matière civile et en matière de défense; demande en particulier à la Commission d’examiner de quelle façon le potentiel de double usage peut être pleinement exploité, notamment au moyen d’interventions, après la sélection des projets plutôt que dans la définition des appels ou des programmes; souligne que la liberté académique comprend le droit des chercheurs de choisir les projets de recherche et développement auxquels ils souhaitent contribuer;
75.suggère que le programme reconnaisse l’utilité de la recherche interdisciplinaire comme moyen de trouver des solutions aux problèmes de société, notamment grâce à une meilleure intégration des SSHA; rappelle que les projets de recherche s’intéressant aux problèmes de société et relevant du domaine des SSHA ont besoin d’être suffisamment financés;
76.recommande la mise en place d’actions de recherche afin de favoriser et d’encourager la recherche fondamentale et la recherche de niveau de maturité technologique peu élevé;
77.observe que l’affectation d’au moins 35% des dépenses d’Horizon Europe à des objectifs climatiques a permis de concourir à la réalisation de l’objectif général de l’Union consistant à prendre en considération de façon systématique l’action climatique dans ses politiques sectorielles et ses fonds; estime qu’il s’agit d’un objectif ambitieux visant à garantir que le 10ePC finance de manière appropriée la recherche scientifique et l’innovation qui soutiennent les objectifs climatiques de l’Union;
78.souligne que toute application potentielle du principe consistant à «ne pas causer de préjudice important» et du principe «avant tout, ne pas nuire» dans le cadre du 10ePC devrait, conformément à l’article33, paragraphe2, pointd), du règlement financier, être inscrite dans la législation relative au 10ePC;
79.recommande que le rôle central joué par la normalisation pour stimuler l’innovation, renforcer la compétitivité et garantir des solutions percutantes et prêtes à être commercialisées soit reconnu dans le 10ePC, en veillant à ce que les coûts associés aux activités de normalisation dans les projets pertinents soient clairement reconnus comme éligibles à un remboursement dans le cadre du programme, ainsi qu’en proposant un soutien aux chercheurs dans leurs activités de normalisation;
80.insiste sur le fait que les règles concernant l’association de pays tiers au 10ePC devraient prévoir qu’une telle association ne peut être conclue qu’au moyen d’un accord international nécessitant l’approbation du Parlement pour chaque association particulière à un programme spécifique de l’Union, y compris pour la portée de cette association;
81.fait observer que le 10ePC devrait tenir compte de l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) comme moyen de stimuler la recherche européenne et le développement, tout en déterminant les risques spécifiques qui peuvent découler de son utilisation abusive dans l’environnement scientifique ainsi que les mesures d’atténuation correspondantes;
o oo
82.charge sa Présidente de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission ainsi qu’aux gouvernements des États membres.
Résolution du Parlement européen du 8février2024 sur les accords d’association en vue de la participation de pays tiers aux programmes de l’Union (JO C, C/2024/6341, 7.11.2024, ELI: http://data.europa.eu/eli/C/2024/6341/oj).
Commission européenne, direction générale de la recherche et de l’innovation, Étude d’évaluation sur l’excellence scientifique dans les programmes-cadres européens pour la recherche et l’innovation – Rapport final phase2 – Soutenir l’évaluation intermédiaire d’Horizon Europe, Office des publications de l’Union européenne, 2024, p.47-48.
Commission européenne, direction générale de la recherche et de l’innovation, Étude d’évaluation sur l’excellence scientifique dans les programmes-cadres européens pour la recherche et l’innovation – Rapport final phase2 – Contribution à l’évaluation intermédiaire d’Horizon Europe, Office des publications de l’Union européenne, 2024, p.49.
Commission européenne, direction générale de la recherche et de l’innovation, Évaluation du financement forfaitaire dans le cadre d’Horizon2020 et d’Horizon Europe – Analyse des données relatives à la mise en œuvre et retour d’informations issues des enquêtes, 25juillet 2024.Un point de désaccord essentiel a été que l’incidence totale du financement forfaitaire sur les projets est inconnu étant donné qu’il n’existait pas de données substantielles sur les projets entièrement clôturés. En outre, s’il a été reconnu très tôt que les financements forfaitaires fonctionneraient probablement bien pour des projets de plus petite taille (et des projets à bénéficiaire unique), le principal point d’interrogation concerne leur incidence sur les projets plus importants et plus complexes. Voir, à titre d’exemple, la déclaration commune de 2021 de l’EARTO, de l’EUA et de la CESAER (https://www.eua.eu/news/eua-news/eua-cesaer-and-earto-call-for-caution-in-the-use-of-lump-sum-funding-in-horizon-europe.html). L’opposition à l’utilisation généralisée des financements forfaitaires vient du fait qu’en l’absence de données substantielles sur les expériences faites en matière de financements forfaitaires et de résultats de grands projets multibénéficiaires, les effets de ces financements sur ces projets sont inconnus. C’est donc cette question que l’évaluation de 2024 aurait dû aborder. Une grande partie du projet pilote dans le cadre d’Horizon 2020 concernait des projets de validation de concept du CER, qui sont de petites subventions à bénéficiaire unique. En raison de leur nature spécifique, les projets de validation de concept sont exclus de la plupart des analyses de financements forfaitaires, mais pas de toutes. Par exemple, ils semblent être inclus dans le nombre de projets clôturés (les projets de validation de concept représentent 44% des projets – voir page8 de l’évaluation 2024 de la Commission – ils doivent donc être inclus dans les 96% de projets clôturés relevant d’Horizon 2020 – voir figure6). Cette utilisation sélective et non transparente des données rend l’évaluation peu convaincante.
Diapositive2 de la présentation effectuée par la Commission européenne lors d’un webinaire intitulé «Lump Sum Funding in Horizon Europe: How does it work? How to write a proposal?», 16mai 2024, https://ec.europa.eu/research/participants/docs/h2020-funding-guide/other/event240516.htm.Commission européenne,EU Science & Innovation, vidéo promotionnelle sur les financements forfaitaires intitulée «How to evaluate lump sum proposals: Get started», 2023, https://www.youtube.com/watch?v=VsSO_s1Ec84.Commission européenne, EU Science & Innovation, webinaire intitulé «Lump Sum Funding in Horizon Europe: How does it work and what are the next steps?», 2022, https://www.youtube.com/watch?v=gUFYkhxE70I. À 3’05, le directeur Will mentionne la réduction du taux d’erreur pour justifier le recours à des financements forfaitaires. À 10’35, la première diapositive de la première présentation mentionne la réduction du taux d’erreur comme le premier objectif de l’utilisation de financements forfaitaires.
Le nombre moyen de participants à une subvention est passé de 5,0 dans le cadre d’Horizon2020 à 7,1 dans le cadre d’Horizon Europe (voir l’analyse du plan stratégique Horizon Europe2025-2027). Dans le même temps, la part des subventions collaboratives est passée de 78% dans le cadre d’Horizon2020 à 56% dans le cadre d’Horizon Europe (voir l’encadré9.1 du rapport Heitor).
Commission européenne, direction générale de la recherche et de l’innovation, Participation des PME au programme Horizon Europe – Chiffres clés (et questions clés) au cours des trois premières années», Office des publications de l’Union européenne, 2024, p.11.
Parlement européen, Comité de l’avenir de la science et de la technologie, Programme Horizon Europe: une évaluation stratégique de certains éléments, 2024, p.48.
Parmi les participants à la phase1 de l’instrument destiné aux PME, 90% étaient des nouveaux arrivants, tandis que la proportion n’atteint jusqu’à présent que 70% pour les participants à l’Accélérateur du CEI. Commission européenne, direction générale de la recherche et de l’innovation, Participation des PME au programme Horizon Europe – Chiffres clés (et questions clés) au cours des trois premières années», Office des publications de l’Union européenne, 2024, p.11.
Commission européenne, direction générale de la recherche et de l’innovation, Étude d’évaluation des programmes-cadres européens de recherche et d’innovation pour une Europe innovante – Rapport phase2 (étude de soutien à l’évaluation intermédiaire du programme Horizon Europe), Office des publications de l’Union européenne, 2024, page98.
Voir par exemple la vision de l’Association européenne des universités pour le 10ePC, page 14: https://www.eua.eu/publications/positions/paving-the-way-for-impactful-european-r-i.html.
Voir par exemple la position de la Fraunhofer Gesellschaft: https://www.fraunhofer.de/content/dam/zv/en/institutes/international/brussels/finalpapers/Fraunhofer_PositionPaper_EIT.pdf.
Modifier le seuil relatif au classement d’une proposition comme «excellente» afin d’atteindre l’objectif de 75% sans augmenter le budget ne constituerait pas une approche acceptable;