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Rapport - A9-0095/2023Rapport
A9-0095/2023

RAPPORTsur les leçons tirées de l’affaire des «Pandora Papers» et d’autres révélations

29.3.2023-()

Commission des affaires économiques et monétaires
Rapporteur: Niels Fuglsang


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A9-0095/2023
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A9-0095/2023
Textes adoptés :

PROPOSITION DE RÉSOLUTION DU PARLEMENT EUROPÉEN

sur les leçons tirées de l’affaire des «Pandora Papers» et d’autres révélations

()

Le Parlement européen,

vu le rapport spécial nº03/2021 de la Cour des comptes européenne du 26janvier 2021, intitulé «Échange d’informations fiscales dans l´UE: le système est solide, mais sa mise en œuvre laisse à désirer»,

vu le rapport annuel de la Cour des comptes européenne du 27octobre 2022 intitulé « Rapport annuel sur les agences de l’UE pour l’exercice 2021 »,

vu la décisionde la Médiatriceeuropéenne du 16 mai 2022 sur la façon dont la Commission européenne gère le « pantouflage » des membres des membres de son personnel (affaire OI/1/2021/KR),

vu sa résolution du 9mars2022 assortie de propositions à la Commission sur les programmes de citoyenneté et de résidence contre investissement[1],

vu le rapport spécial de la Cour des comptes européenne du28juin2021 intitulé «L’UE et la lutte contre le blanchiment de capitaux dans le secteur bancaire: des efforts fragmentés et une mise en œuvre insuffisante»,

vu sa résolution du10juillet2020 sur une politique globale de l’Union en matière de prévention du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme–plan d’action de la Commission et autres évolutions récentes[2],

vu sa résolution du 21janvier2021 sur la réforme de la liste des paradis fiscaux de l’Union européenne[3],

vu sa résolution du 16septembre2021 sur l’application des exigences de l’Union en matière d’échange de renseignements fiscaux: progrès, enseignements tirés et obstacles à surmonter[4],

vu sa résolution du 7octobre2021 sur la réforme de la politique de l’Union en matière de pratiques fiscales dommageables (y compris la réforme du groupe «Code de conduite»)[5],

vu sa résolution du 21octobre2021 sur les Pandora Papers: implications pour les efforts de lutte contre le blanchiment de capitaux, la fraude et l’évasion fiscales[6],

vu sa résolution du 16janvier2020 sur les institutions et organes de l’Union économique et monétaire: éviter les conflits d’intérêts dans l’après-mandat[7],

vu l’article54 de son règlement intérieur,

vu les avis de la commission du développement et de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures,

vu le rapport de la commission des affaires économiques et monétaires (A9-0095/2023),

A.considérant que l’affaire des Pandora Papers est née d’une fuite massive de données, que le Consortium international des journalistes d’investigation a commencé à publier le 3octobre2021 et qui dévoilent l’identité des bénéficiaires effectifs de sociétés établies dans des juridictions opaques;

B.considérant que 2,94 téraoctets de données ont fait l'objet d'une fuite au Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et ont été partagés avec des partenaires médiatiques dans le monde entier; que certains des fichiers remontent aux années 1970, mais que la plupart de ceux examinés par l’ICIJ ont été créés entre 1996 et 2020; que la nouvelle fuite de données concernerait plus de 330personnalitéspolitiques et fonctionnaires de près de 100 pays, dont 35chefs d’État ou de gouvernement, anciens ou en fonction;

C.considérant que les Pandora Papers ont révélé comment des personnes fortunées, y compris des personnes politiquement exposées, des criminels, des agents publics et des célébrités, s’appuient sur des intermédiaires tels que des banques, des comptables et des cabinets d’avocats pour mettre en place des structures d’entreprise complexes immatriculées dans des juridictions opaques ou des paradis fiscaux, en étroitecollaborationavec des prestataires de services professionnels offshore, afin de soustraire leurs revenus et leur patrimoine à l’impôt, aux sanctions et autres obligations légales et de permettre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme;

D.considérant que, malheureusement, un certain nombre de décideurs de haut niveau de l’Union ont été cités dans les Pandora Papers;

E.considérant que les activités révélées dans les Pandora Papers comprennent le recours abusif aux sociétés écrans, aux fondations et aux trusts aux fins suivantes: achat anonyme de biens immobiliers et de produits de luxe, réalisation d’investissements et transfert d’argent entre comptes bancaires à des fins illégales, évasion fiscale et commission d’actes de criminalité financière, y compris le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme;

F.considérant que les PandoraPapers sont la plus récente grande fuite de données qui met au jour les rouages du monde financier offshore, après les «Lux Leaks» en 2014, les «Swiss Leaks» en 2015, les «Panama Papers» en 2016, les «Paradise Papers» en 2017, les «Mauritius Leaks» en 2019, les «Luanda Leaks» et les «dossiers du FinCEN» en 2020, et les «Lux Letters» en 2021;

G.considérant que, d’après la recherche[8], les capitaux détenus dans des paradis fiscaux s’élevaient à 7900milliards d’euros en2017; que ce montant équivaut à8 % du produit intérieur brut mondial; considérant qu’il en résulte une perte de recettes fiscales de l’ordre de 155milliards d’euros par année au niveau mondial;

H.considérant que les révélations des Panama Papers et Swiss Leaks suggèrent que les 0,01% les plus riches placent environ 50% de leur fortune dans les paradis fiscaux, mais qu’ils échappent à environ 25% de leurs obligations fiscales en dissimulant leurs actifs et leurs revenus d’investissement à l’étranger, ce qui fait de l’évasion fiscale également une question d’inégalité[9];

I.considérant que les pratiques décrites dans les Pandora Papers accentuent encore les inégalités sociales et économiques dans nos sociétés et érodent fortement la confiance des citoyens dans l’état de droit et dans notre système économique et démocratique; que la promotion de la justice sociale et économique est plus importante que jamais dans le contexte de la crise que traverse l’Union du fait de la guerre d’agression contre l’Ukraine et de la crise du coût de la vie qui s’est ensuivie;

J.considérant que les infractions fiscales sont une infraction sous-jacente en matière de blanchiment de capitaux en vertu du droit de l’Union et des normes internationales; que les activités rapportées dans les PandoraPapers ne sont pas toutes illégales, mais qu’elles peuvent être constitutives d’évasion fiscale et d’utilisation abusive du secret des affaires;

K.considérant que les parties au programme d’action d’Addis-Abeba, le document final issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, se sont engagées à améliorer l’administration fiscale grâce à des systèmes fiscaux modernisés et progressifs et à une perception plus efficace de l’impôt, ainsi qu’à intensifier la coopération fiscale internationale;

L.considérant que l’impôt sur les sociétés représente une part plus importante des recettes fiscales et du produit intérieur brut dans les pays en développement que dans les pays riches[10]; que, selon les estimations, le manque à gagner des pays en développement découlant du régime mondial d’imposition des entreprises représente de 6% à13% du total de leurs recettes fiscales, contre 2% à3% dans les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)[11];

M.considérant qu’en octobre2021, le cadre inclusif OCDE/G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices a convenu d’une solution à deux piliers pour relever les défis fiscaux découlant de la numérisation de l’économie; que toutefois certains pays en développement ont fait part de leurs préoccupations au sujet de cet accord mondial sur l’impôt sur les sociétés, voire ont refusé de l’approuver (par exemple, le Kenya et le Nigeria);

N.considérant que, selon le rapport intitulé «Tax Transparency in Africa 2022: Africa Initiative Progress report», les flux financiers illicites sont estimés à un montant de 50 à 80 milliards de dollars par an (de 48 à 77 milliards d’euros) pour le continent;

O.considérant qu’en 2019, le Groupe africain aux Nations unies a appelé de ses vœux une convention des Nations unies sur la fiscalité, qui constituerait un outil important pour lutter contre les flux financiers illicites; qu’en février2021, le groupe de haut niveau sur la responsabilité, la transparence et l’intégrité financières internationales pour atteindre les objectifs du programme 2030 (le groupe FACTI) a également inclus la proposition de convention fiscale des Nations unies en guise de recommandation centrale de son rapport final;

P.considérant que la Commission et le Conseil n’ont pas pleinement donné suite aux recommandations formulées par le Parlement à la suite des Pandora Papers dans sa résolution du 21 octobre 2021 intitulée «Pandora Papers: implications pour les efforts de lutte contre le blanchiment de capitaux, la fraude et l’évasion fiscales»;

Q.considérant que peu d’initiatives législatives européennes ont été lancées pour lutter contre les pratiques fiscales dommageables qui attirent les personnes fortunées ou qui possèdent des biens de luxe;

R.considérant qu’en dépit d’une décennie de scandales fiscaux et de réformes législatives dans l’Union, les progrès accomplis au niveau mondial pour lutter contre le secret des affaires ainsi que la fraude et l’évasion fiscales offshore ont été insuffisants, comme l’ont montré les Pandora Papers; que le manque de transparence, y compris par le partage international d’informations, est une cause sous-jacente majeure des flux financiers illicites de nature fiscale;

S.considérant que la solution à deux piliers approuvée en octobre2021 dans le contexte du cadre inclusif OCDE/G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices permet de relever les défis fiscaux découlant de la numérisation de l’économie; que les pays en développement, y compris le Forum africain d’administration fiscale, ont reproché à cette solution de ne pas tenir compte de leurs intérêts et de ne pas traiter suffisamment la question des lacunes spécifiques qui limitent les droits d’imposition des pays africains;

Considérations générales

1.reconnaît que les journalistes et les lanceurs d’alerte jouent un rôle important dans la dénonciation des violations potentielles du droit fiscal, de la corruption, de la criminalité organisée et du blanchiment d’argent, ainsi que dans les enquêtes en la matière; estime qu’il est nécessaire de protéger davantage encore la confidentialité des sources du journalisme d’investigation, notamment les lanceurs d’alerte; se félicite que des journalistes d’investigation aient mis au jour un système complexe de paradis fiscaux, de sociétés-écrans et de comptes à l’étranger, dont les bénéficiaires effectifs sont des personnes présentant un intérêt public élevé;

2.souligne qu’il importe de défendre la liberté des journalistes de rendre compte de questions d’intérêt public sans être confrontés à la menace d’une action en justice coûteuse, y compris lorsqu’ils reçoivent des documents, des ensembles de données ou d’autres renseignements confidentiels, secrets ou restreints, quelle que soit leur origine;

3.salue la proposition de la Commission en vue d’une directive européenne sur la protection des personnes qui participent au débat public contre les procédures judiciaires manifestement infondées ou abusives[12], également connue sous le nom de directive contre les poursuites-bâillons; rappelle que les poursuites-bâillons font peser une lourde charge financière et psychologique sur le travail des journalistes et des professionnels des médias, qui a également un effet dissuasif et conduit à l’autocensure; souligne qu’une directive européenne forte contre les poursuites-bâillons doit inclure des dispositions claires sur les mécanismes de licenciement rapide et sur des sanctions efficaces, y compris des sanctions financières, à l’encontre des instigateurs de poursuites-bâillons; souligne qu’un cadre efficace de lutte contre les poursuites-bâillons ne peut exister en l’absence de mesures complémentaires coordonnées au niveau national; invite les États membres à adopter une législation contre les poursuites-bâillons visant à lutter contre les poursuites nationales altérant le débat public;

4.souligne que les journalistes et professionnels des médias d’investigation sont souvent soumis à d’intenses pressions financières et font face à des difficultés considérables pour obtenir les ressources financières nécessaires aux projets d’investigation sur des faits de criminalité fiscale, de corruption ou de criminalité organisée; invite la Commission à étudier d’autres moyens d’augmenter les financements disponibles pour le secteur des médias, notamment en créant un fonds permanent spécifique pour le journalisme d’investigation;

5.attire l’attention sur les nombreux cas révélés récemment, dans lesquels des journalistes de l’Union ont été surveillés à l’aide de logiciels espions et note que ces cas sont extrêmement préoccupants;

6.déplore que des journalistes tels que Peter Rudolph de Vries, Daphne Caruana Galizia et JánKuciak aient été assassinés à la suite de leurs révélations journalistiques; insiste, en l’absence d’un cadre législatif européen solide pour protéger les journalistes, sur la vulnérabilité des journalistes indépendants et des professionnels des médias aux menaces et aux attaques; salue la recommandation (UE) 2021/1534 de la Commission du 16septembre2021 concernant la protection, la sécurité et le renforcement des moyens d’action des journalistes et autres professionnels des médias dans l’Union européenne[13]; souligne néanmoins qu’il ne peut s’agir que d’un premier pas et appelle de ses vœux une action urgente en vue d’établir des mesures contraignantes pour garantir la protection des journalistes et des professionnels des médias dans l’ensemble de l’Union;

7.note que la Suisse a révisé sa loi fédérale sur les banques et les caisses d’épargne sur le secret bancaire dans le cadre de l’adoption de la norme commune de déclaration pour l’échange d’informations sur les comptes financiers; regrette toutefois que le secret bancaire reste en place pour les informations qui ne relèvent pas de la norme commune de déclaration; s’inquiète du fait que les règles en matière de secret bancaire en Suisse continuent de s’appliquer aux juridictions qui ne font pas partie du SNPC et aux ressortissants suisses, y compris les journalistes suisses, ce qui explique pourquoi les journalistes suisses n’ont initialement pas été autorisés à rendre compte des Pandora Papers ni à faire partie du consortium d’enquête; se félicite de toute réforme future de l’article47 de la loi fédérale suisse sur les banques et les caisses d’épargne afin de préserver la liberté de la presse;

8.regrette que vingt-quatre États membres n’aient pas transposéla directivesur les lanceurs d’alerte[14] et n'aient pas communiqué les mesures de transposition dans le délai imparti; se félicite que la Commission ait engagé des procédures d’infraction contre au moins dix-neuf États membres pour défaut de transposition de la directive; attire l’attention sur le rôle crucial de la mise en œuvre et de l’application de la législation existante; regrette le recours fréquent aux accords de non-divulgation pour les employés dans le secteur des entreprises sans fourniture de conseils juridiques appropriés; invite les États membres qui ne l'ont pas encore fait à transposer d'urgence la directive en droit national; invite la Commission à mobiliser tous les outils à sa disposition pour remédier à la non-transposition de cette directive par les États membres;

9.attend avec intérêt le rapport de la Commission sur la mise en œuvre de la directive européenne de 2019 sur les lanceurs d’alerte dont la publication est prévu pour décembre 2023; invite la Commission à consulter les parties prenantes sur la manière d’améliorer la directive, le cas échéant;

10.souligne que les flux financiers illicites relèvent de la gouvernance mondiale; invite instamment l’Union à faire preuve d’une volonté politique ferme et de détermination en matière de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales pour protéger le marché unique, dans le respect du principe de cohérence des politiques au service du développement et conformément à l’article208 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne;

11.souligne que les pratiques mises en lumière par les révélations des Pandora Papers ont des répercussions particulièrement graves sur la marge de manœuvre budgétaire et les dépenses publiques, notamment dans les pays en développement, et portent atteinte à l’état de droit et sapent la confiance dans la capacité du système financier mondial à relever le niveau de vie dans les pays en développement du monde entier; souligne la nécessité d’œuvrer au sein des instances internationales;

12.souligne l’engagement international en faveur d'une réduction significative des flux financiers illicites d’ici à 2030, comme le prévoient le programme d’action d’Addis-Abeba et le programme de développement durable à l’horizon 2030; note que l’utilisation des fonds publics de développement existants pour subventionner les investissements privés peut être associée à des compromis quant à leur efficacité dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable;

13.prend acte des nombreuses initiatives internationales sur l’échange automatique d’informations à des fins de respect des obligations fiscales, ainsi que de la norme commune de déclaration de l’OCDE pour la communication automatique d’informations sur les comptes financiers offshore des non-résidents à leur pays ou territoire de résidence et des travaux du groupe de travail international de l’OCDE pour le partage des renseignements et la collaboration (JITSIC), auquel participent actuellement 19États membres de l’Union;

14.souligne que la transparence fiscale et l’échange d’informations sont essentiels pour endiguer les flux financiers illicites et accroître la mobilisation des ressources nationales, ce qui revêt une importance particulière pour atteindre les objectifs de développement durable, y compris l’Agenda 2063 de l’Union africaine, en particulier dans le contexte actuel, marqué par une dette croissante, l’impact de la pandémie de COVID-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine sur les économies africaines;

15.invite l’Union à aider les pays en développement à lutter contre les flux financiers illicites et l’évasion fiscale des entreprises et des multinationales, et à faire en sorte que les impôts soient payés là où les bénéfices sont réalisés et la valeur économique réelle est créée afin de mettre un terme à l’érosion de l’assiette fiscale et au transfert de bénéfices;

16.souligne qu’en 2019, le Groupe africain aux Nations unies a appelé de ses vœux une convention des Nations unies sur la fiscalité, pour contribuer à lutter contre les flux financiers illicites; estime qu’un organe intergouvernemental universel placé sous l’égide des Nations unies et chargé de traiter tous les aspects des flux financiers illicites pourrait contribuer à associer tous les pays en développement au processus décisionnel en matière fiscale et constituer un outil efficace pour lutter contre l’évasion fiscale, les facturations commerciales frauduleuses, le transfert de bénéfices et toutes les formes d’activités commerciales et fiscales illégales au niveau mondial;

17.invite l’Union à soutenir la mise en place d’une convention-cadre des Nations unies sur la fiscalité, dans le but de renforcer la coopération et la gouvernance internationales en matière de flux financiers illicites de nature fiscale et commerciale; souligne la nécessité de mettre en place un processus décisionnel transparent et inclusif permettant à tous les pays de négocier sur un pied d’égalité;

18.rappelle que l’évasion fiscale déplace la charge fiscale des grandes entreprises vers les petites et moyennes entreprises et vers la consommation à travers l’impôt sur le revenu des personnes physiques et la taxe sur la valeur ajoutée, ce qui est particulièrement problématique dans les pays les moins avancés, où les petites, moyennes et microentreprises et les commerçants informels représentent la majeure partie de l’activité économique et sont plus vulnérables à une réduction significative des revenus et à l’insécurité; rappelle que les pertes financières considérables que subissent les pays en développement du fait de l’évasion fiscale constituent l’un des principaux facteurs qui aggravent fortement l’endettement de nombre d’entre eux;

19.déplore qu’un certain nombre de décideurs de haut niveau de l’Union aient été cités dans les Pandora Papers et dans les récentes enquêtes journalistiques, et soient notamment visés par des allégations relatives à des biens mal acquis, des intérêts pris dans des entreprises de combustibles fossiles ou des actifs détenus dans des paradis fiscaux; souligne de surcroît que parmi les noms cités dans les Pandora Papers figurent des dirigeants politiques de pays en développement qui dépendent fortement de l’aide de l’Union européenne;

20.estime que la règle de l’unanimité prévue par le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne pour l’adoption de la législation fiscale dans l’Union permet aux décideurs de haut niveau accusés d’actes répréhensibles d’exercer un pouvoir d’influence plus important, qui leur permet de bloquer la législation visant à lutter contre la fraude ou l’évasion fiscales ou d’en déterminer l’efficacité;

21.prend acte que les ministres et les législateurs ont le devoir fondamental de faire respecter la loi dans son intégralité et d’agir conformément à l’esprit de la loi en toutes circonstances; souligne que tout manquement à ce devoir érode la confiance du public dans le gouvernement, qui est le fondement même d’un État; rappelle que les membres de la famille des personnes politiquement exposées peuvent être impliqués dans des affaires de fraude et d'évasion fiscale, raison pour laquelle ils sont assujettis à la législation de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme;

22.souligne qu’il importe de préserver des normes élevées d’intégrité, d'honnêteté et de responsabilité parmi les agents publics de l’Union et des États membres, ainsi que de promouvoir une éthique du devoir et de l’intégrité personnelle dans cet environnement; rappelle l’obligation pour les députés au Parlement européen de divulguer tout «intérêt financier qui pourrait influencer l'exercice [de leurs] fonctions»;

23.invite les États membres à veiller à disposer de mesures et de systèmes suffisamment dotés de ressources humaines et financières imposant aux personnes politiquement exposées de déclarer les activités extérieures, emplois, investissements, actifs et cadeaux ou avantages importants susceptibles de donner lieu à un conflit d’intérêts au regard de leurs fonctions; souligne qu’il importe de disposer de systèmes permettant de signaler ces informations, de les vérifier et d’évaluer les conflits d’intérêts de manière indépendante lorsqu’ils surviennent, ainsi que de prévoir des sanctions dissuasives en cas de non respect des obligations de divulgation;

24.prend acte de l’article 12 du règlement nº31 (CEE)[15], qui interdit aux agents publics de l’Union d’accomplir tout acte ou tout comportement susceptible de porter atteinte à la dignité de leurs fonctions;

Rôle des intermédiaires dans la facilitation de la fraude et de l’évasion fiscales

25.souligne que, selon des recherches menées en 2018, les quatre grands cabinets comptables désignés sous le nom de «Big Four», à savoir PwC, EY, Deloitte et KPMG, représentaient 87% du marché mondial du conseil fiscal[16]; souligne la menace que peut représenter un oligopole de facto pour le marché de la comptabilité et du conseil lui-même et l'influence que ces entreprises peuvent exercer sur la réglementation fiscale; invite la Commission à réaliser une étude sur le marché du conseil fiscal afin de disposer d’informations actualisées sur la part de marché des grands cabinets d’expertise comptable;

26.regrette que,comme l’ont montré les Pandora Papers[17], PwC, à l’instar d’autres entreprises de comptabilité de premier plan, ait joué un rôle central en aidant les oligarques russes à gérer leurs investissements en Occident grâce à leurs réseaux de sociétés-écrans offshore[18]; souligne que ces réseaux peuvent entraver l’application de sanctions de l’Union aux ressortissants russes; regrette que la publication des Pandora Papers et les sanctions prises par l’Union à l’égard des oligarques russes n’aient donné lieu à aucune enquête significative sur le secteur des intermédiaires de l’Union; invite les autorités des États membres à enquêter sur tout acte répréhensible commis par ces entreprises;

27.souligne que, compte tenu de l’agression de la Russie contre l’Ukraine et de ses actions hybrides contre des pays de l’Union, les enquêtes sur les actifs et les investissements des oligarques russes devraient bénéficier d’une priorité absolue, car elles revêtent une importance stratégique pour la sécurité de l’Union;

28.prend acte que, selon la recherche[19], les multinationales de services professionnels servent de «pôles de carrière» et que 68% des professionnels des prix de transfert employés par les entreprises multinationales ont auparavant travaillé dans une multinationale de services professionnels; invite la Commission à fournir des informations sur les allers-retours entre les multinationales de services professionnels et sur l’emploi de fonctionnaires de l’administration fiscale dans ces entreprises; invite les États membres à garantir l’adoption de règles visant à encadrer le phénomène du pantouflage, y compris par des périodes de viduité, en ce qui concerne les fonctionnaires des administrations fiscales, et de prévoir des mécanismes d'application adéquats;

29.est préoccupé par le récent départ de l’ancien directeur fiscal de l’OCDE vers le secteur privé; invite les États membres et la Commission à faire pression sur l'OCDE pour qu'elle respecte sa propre recommandation de 2010 sur les principes de transparence et d’intégrité dans le lobbying, instaure des périodes de viduité claires et mette en place des politiques strictes en matière du pantouflage; invite également les États membres à respecter ces normes au sein des organisations internationales dont ils sont membres, afin d’éviter les conflits d’intérêts et le pantouflage;

30.invite la Commission et les États membres àapprofondir l'analyse et, le cas échéant, à traiter lesconflits d’intérêts pouvant découler de la fourniture de conseils juridiques, de conseils fiscaux et de services d’auditlorsque ces conseils sont destinésà la foisauxentreprises clientes etauxpouvoirs publics; invite une nouvelle fois la Commission à envisager d’instaurer des mesures visant à introduire une séparation claire entre les cabinets d’expertise comptable et les prestataires de services financiers ou fiscaux ainsi que tous services de conseil, afin de lutter contre les conflits d’intérêts;

31.souligne l’interdiction actuellement faite aux auditeurs de fournir des services de conseil, y compris de conseil fiscal[20], aux entités d’intérêt public; se félicite de la division récemment annoncée des activités de l’un des 4 grands cabinets comptables en entreprises distinctes d’audit et de conseil, ce qui démontre qu’une telle séparation est réalisable[21];

32.renvoie au rapport de la Cour des comptes, qui conclut que le recours à des consultants externes par la Commission «a accru les risques potentiels de dépendance excessive, d'avantage concurrentiel, de concentration des fournisseurs et de conflit d'intérêts» et que «la Commission ne surveille, ne gère et n'atténue pas suffisamment ces risques à l'échelle de l'institution»[22]; invite la Commission à appliquer toutes les recommandations de la Cour des comptes; invite la Commission à évaluer dûment tout risque de conflit d’intérêts dans le processus d’attribution des marchés à des entreprises privées et à veiller à mobiliser des sources de conseil diversifiées; souligne qu’il importe que les pouvoirs publics disposent de ressources et de compétences internes pour exercer leurs fonctions;

33.souligne les limites de l’autorégulation du secteur des intermédiaires non financiers; se félicite que la Commission prépare une nouvelle proposition législative sur la réglementation des intermédiaires au moyen d’un acte garantissant le cadre d’activité des facilitateurs, afin de traiter la question du rôle des acteurs qui facilitent l’évasion fiscale et l’optimisation fiscale agressive; demande instamment à la Commission de veiller à ce que le cadre prévoie une application rigoureuse de la législation à l’encontre des intermédiaires qui créent et exploitent des régimes qui permettent l’évasion fiscale et la planification fiscale agressive, ainsi que de faciliter et de contribuer à la dissimulation de richesses et d’actifs; dans ce contexte, invite instamment la Commission à continuer d’améliorer le partage d’informations entre les administrations fiscales des États membres et la coopération sur la scène mondiale; attend la proposition de la Commission, qui devrait être ciblée et proportionnée;

34.attire l’attention sur la proposition de directive relative à la coopération administrative (DAC8) de la Commission, qui étend aux personnes fortunées l’application de l’échange automatique des décisions fiscales anticipées en matière transfrontière prévu par la DAC6; souligne la nécessité de favoriser une coopération loyale et équitable entre les autorités fiscales nationales afin de garantir la totale efficacité du système d’échange d’informations;

35.se félicite que la directive relative à la coopération administrative (DAC6) ait déjà introduit un régime d’information obligatoire pour certains régimes fiscaux transfrontières; constate que plus d’une année complète de rapports est achevée; invite la Commission européenne à analyser la portée et l'étendue de l’obligation de communiquer des informations et à recenser les éventuelles lacunes; invite la Commission à tenir le Parlement européen informé de ses conclusions;

36.insiste sur le fait que l’évasion fiscale ne profite qu’à une minorité; prend acte de l’observation de l’OCDE selon laquelle l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (BEPS) affectent tous les pays et que la plus grande dépendance des pays en développement à l’égard de l’impôt sur les sociétés signifie qu’ils souffrent du BEPS de manière disproportionnée[23], ce qui alimente les inégalités nationales;

Pratiques dommageables dans les régimes d’imposition autres que ceux des sociétés

37.prend acte du fait que, comme l’ont montré les Pandora Papers, les dispositifs visant àdissimulerles actifs des personnesfortunées auxautorités publiques au moyen de servicesprofessionnelsoffshoresont désormais particulièrement sophistiqués; remarque que les révélations ont montré que les personnes riches payaient peu ou pas d’impôts en changeant leur pays de résidence fiscale et en réaffectant des capitaux par-delà les frontières;

38.attire l’attention sur l’impact des nouvelles technologies (par exemple les crypto-actifs), qui posent de nouveaux défis dans le domaine de l’évasion fiscale et du blanchiment de capitaux, et qui pourraient donc nécessiter une réglementation nouvelle, adéquate et ciblée;

39.souligne que l’érosion de la base d’imposition est facilitée par le fait que les dividendes, redevances et intérêts sortants dans l’Union ne sont pas soumis à une retenue à la source et qu’il n’existe pas de règles et de procédures communes garantissant l’imposition effective des flux intra-UE; rappelle que des recherches récentes ont mis en évidence des disparités considérables entre les États membres en ce qui concerne l’application des retenues à la source, avec des taux variant entre 0% et 35%; souligne que les taux de retenue à la source dans les conventions fiscales bilatérales sont souvent inférieurs aux taux normaux; invite la Commission et les États membres à coordonner la mise en place d'un cadre de retenue à la source qui permette de garantir que tous les dividendes, redevances et intérêts seront imposés au moins une fois à un taux effectif;

40.souligne que les scandales de déni de dividendes désignés sous le nom de «CumEx» et de «CumCum» sont deux des plus grands scandales de fraude fiscale de l’histoire de l’Union, et ont coûté 140 milliards d’euros aux États membres de l’Union; souligne qu’un système harmonisé de retenue à la source au niveau de l’Union permettrait de prévenir la fraude fiscale, la double imposition et la double non-imposition; réaffirme la nécessité d’un système commun de retenue à la source;

41.observe en parallèle une tendance toujours plus nette des pays, y compris des États membres de l’Union, à adopter des cadres juridiques conçus pour inciter les personnes fortunées, les retraités étrangers et les travailleurs hautement qualifiés à investir ou à vivre sur leur territoire, notamment au moyen d’exonérations et d’avantages fiscaux généreux dont ne bénéficient pas les ressortissants nationaux, mais également par l’octroi de visas dorés ou la vente de nationalité; souligne que les oligarques russes ont pu tirer parti de ce type de possibilités et qu’ils ont fait depuis lors l’objet de sanctions ciblées;

42.se dit une nouvelle fois préoccupé par le fait que les systèmes accordant la nationalité ou la résidence sur la base d’un investissement financier, également appelés «passeports dorés», sont contestables d’un point de vue éthique, juridique et économique et présentent plusieurs risques graves pour la sécurité des citoyens de l’Union, tels que ceux découlant du blanchiment d’argent et de la corruption;

43.demande instamment à la Commission de fournir des informations précises sur les progrès réalisés par les États membres en matière d’abrogation ou de retrait de la citoyenneté ou des titres de séjour des personnes de nationalité russe ou biélorusse qui ont obtenu leur statut grâce à des investissements;

44.est particulièrement préoccupé par l’augmentation à court terme, à hauteur de 14milliards de dollarsUS, des dépôts transfrontières détenus dans des pays proposant des programmes de citoyenneté et de résidence contre investissement, ce qui laisse supposer que ces systèmes sont utilisés comme un arbitrage réglementaire pour contourner l'obligation de divulgation imposée par la DAC6[24];

45.note que les gouvernements utilisent généralement deux instruments pour attirer les contribuables et les assiettes fiscales mobiles pour l'imposition des revenus et du patrimoine des personnes physiques: les taux d'imposition (supérieurs) et les régimes fiscaux préférentiels destinés aux étrangers disposant d'un revenu et d'un patrimoine élevés;

46.prend acte du nombre croissant de régimes fiscaux dans les États membres de l’Union qui visent à attirer des «nomades numériques» étrangers, des personnes fortunées ou des retraités; note que certains régimes fiscaux offrent des possibilités d'abus considérables qui érodent les assiettes fiscales d'autres pays; souligne que, selon les recherches de l’Observatoire européen de la fiscalité[25], de nombreux États membres disposent de régimes fiscaux spécifiques destinés à attirer les revenus ou patrimoines d’origine étrangère qui, selon les chercheurs, présentent des degrés variables de nocivité;

47.relève que, selon l’Observatoire de la fiscalité, ces types de régimes préférentiels entraînent une perte de recettes de plus de 4,5 milliards d’euros par an pour l’ensemble de l’Union; regrette que certains États membres mettent fin aux systèmes de visas dorés tout en créant des régimes fiscaux spéciaux pour les revenus ou les patrimoines d’origine étrangère;

48.s’inquiète de ce que ce contexte puisse favoriser de manière considérable la concurrence dommageable dans ce domaine ainsi que le creusement des inégalités sociales et économiques, étant donné la forte mobilité fiscale des contribuables riches en revenus et en patrimoine[26] et le fait que les revenus non mobiles finissent par payer proportionnellement plus d’impôts que les revenus mobiles;

49.invite la Commission, sans préjudice des compétences que lui confèrent les traités, à évaluer l’incidence sur le marché unique et les recettes des États membres de ces régimes fiscaux ainsi que de toutes les pratiques fiscales dommageables qui faussent la concurrence en dehors du domaine de la fiscalité des entreprises dans l’Union;

50.met en garde contre l'impact du télétravail sur l’attribution des droits d’imposition sur le revenu des personnes physiques et de la résidence fiscale dans l'UE; invite la Commission à prendre les mesures législatives nécessaires pour garantir la sécurité juridique et l’équité fiscale pour les travailleurs transfrontaliers et les travailleurs indépendants dans l’Union à cet égard; note que l’impôt sur le revenu des personnes physiques constitue pour la plupart des États membres de l’Union la source la plus importante de recettes fiscales;

51.demande à la Commission et aux États membres à prendre l'initiative dans le cadre de l’OCDE et plus particulièrement dans le cadre inclusif OCDE/G20, pour créer des conditions de concurrence équitables en matière d'imposition des plus-values des capitaux et limiter les pratiques fiscales dommageables qui visent à attirer les revenus, patrimoines ou actifs d’origine étrangère;

52.souligne que, compte tenu du marché unique et de la libre circulation des capitaux au sein de l’Union, la disparité de l’imposition des plus-values dans l’Union[27] peut entraîner un transfert de richesse et une évasion fiscale entre États membres; invite la Commission à évaluer la faisabilité et l’impact économique d’un impôt minimum sur les plus-values au niveau européen;

53.observe que l'immobilier a été largement utilisé comme un outil de blanchiment d'argent et d'évasion fiscale, comme l’ont montré les Pandora Papers; observe en outre que la fiscalité immobilière dans l’Union européenne n’est pas du tout coordonnée; note avec inquiétude la forte augmentation des prix de l’immobilier dans l’Union européenne et la financiarisation du logement; s’inquiète de l’effet de distorsion éventuel des régimes prévoyant des fonds d’investissement immobilier à faible taux d’imposition; invite la Commission à évaluer l’incidence du défaut de coordination de la fiscalité immobilière dans l'Union européenne ainsi que l'impact des régimes à faible taux de prélèvement fiscal sur la financiarisation du secteur du logement; rappelle le rôle important que jouent les registres fonciers numériques nationaux dans le renforcement de la lutte contre la criminalité fiscale dans l’ensemble de l’Union;

Recours abusif aux sociétés-écrans et aux structures opaques et lutte contre l'évasion fiscale dans les juridictions citées de manière récurrente dans les Pandora Papers

54.rappelle que la criminalité fiscale est reconnue comme une infraction principale en matière de blanchiment de capitaux, souvent en lien avec la criminalité organisée, la corruption et le financement du terrorisme; souligne que la principale difficulté recensée pour l’application de la directive (UE) 2015/849 relative à la prévention de l’utilisation du système financier aux fins du blanchiment de capitaux ou du financement du terrorisme[28] est l’absence d’applicabilité directe de ces règles et la fragmentation résultant d’approches nationales divergentes; se félicite de la proposition de paquet législatif sur la lutte contre le blanchiment de capitaux; souligne qu’il importe de renforcer la coordination entre les cadres juridiques nationaux afin de combler les lacunes et d’améliorer la surveillance grâce à la création d’une Autorité européenne de lutte contre le blanchiment de capitaux dotée de ressources et de compétences adéquates;

55.note que certains États, comme le Royaume-Uni, ont mis en place un mécanisme de contrôle des richesses inexpliquées visant à détecter les produits d'activités criminelles; souligne que ces mécanismes consistent souvent en une ordonnance par laquelle un tribunal exige d’une personne qui est raisonnablement soupçonnée d’être impliquée dans une infraction grave ou d’être liée à une personne impliquée dans une infraction grave qu’elle justifie la nature et l’étendue de son intérêt dans un bien particulier et explique comment elle a acquis ce bien, lorsqu’il existe des motifs raisonnables de soupçonner que le revenu légalement obtenu connu de cette personne est insuffisant pour lui permettre d’acquérir le bien en cause; invite la Commission à évaluer les effets et la faisabilité d’une telle mesure au niveau de l’Union afin de permettre aux agences répressives de mieux enquêter sur l’origine des avoirs illicites et de recouvrer les produits du crime, tout en garantissant la proportionnalité et les droits de la défense;

56.regrette le manque de transparence de la Commission et des États membres en ce qui concerne les progrès réalisés quant au gel et la saisie des avoirs des personnes sanctionnées; demande instamment aux États membres et aux autorités de l’UE de déployer des efforts substantiels pour récupérer l’argent illicite; demande à la Commission de publier une liste des avoirs gelés ou confisqués à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie; se félicite de la proposition de la Commission de2022 sur le recouvrement et la confiscation des avoirs;

57.invite la Commission à utiliser pleinement la méthode révisée d’identification des pays tiers à haut risque au titre de la directive (UE) 2015/849 et, après avoir mené sa propre évaluation approfondie et pris en compte les évaluations du Groupe d’action financière (GAFI), à ne pas hésiter, si nécessaire, à inscrire sur la liste des pays tiers à haut risque ne figurant pas sur les listes du GAFI;

58.souligne l’importance de renforcer les outils permettant aux autorités d’accéder aux informations sur la propriété d’actifs de grande valeur, et ainsi de réduire efficacement les efforts visant à contourner les sanctions financières ciblées et de lutter contre le blanchiment de capitaux ainsi que la fraude et l’évasion fiscales;

59.note qu’en dépit de la mise en œuvre de la législation européenne et nationale sur la transparence des bénéficiaires effectifs, comme indiqué par les organisations non gouvernementales[29], la qualité des données figurant dans certains registres publics de l’Union doit être améliorée; invite instamment les États membres à consacrer les ressources appropriées, y compris un personnel et des technologies suffisants, au traitement et à la pleine utilisation de ces données; invite la Commission à publier des orientations ou à fournir un soutien aux États membres et aux entités déclarantes afin de garantir la qualité des données figurant dans les registres;

60.rappelle l’importance de la transparence concernant les informations sur les bénéficiaires effectifs dans le monde entier; souligne que la transparence de la propriété et du contrôle des entreprises, des fiducies et d’autres entités juridiques est essentielle pour lutter contre les flux financiers illicites; relève que les Pandora Papers ont recensé des exemples de personnes contournant les exigences de transparence concernant les bénéficiaires effectifs dans les États membres; déplore toutefois le retard pris dans la mise en place du système d’interconnexion des registres de bénéficiaires effectifs dans l’Union en raison de difficultés techniques; déplore que les retards dans les États membres tout comme l’absence générale de coordination du processus de mise en œuvre nuisent à l’efficacité d’un système d’interconnexion opérationnel, et invite tous les acteurs à remédier de toute urgence à ce retard; souligne que l’accès à des informations adéquates, précises et actualisées sur les bénéficiaires effectifs et le contrôle des personnes morales constituent un outil précieux dans la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales;

61.se félicite de la révision de la recommandation24 par le Groupe d’action financière (GAFI), qui impose aux pays de prendre des mesures pour empêcher l’utilisation des personnes morales à des fins de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme; souligne que les pays devraient par conséquent exiger que les informations sur les bénéficiaires effectifs soient centralisées par une autorité ou un organisme public tenant registre des bénéficiaires effectifs ou bien par un autre mécanisme efficace;

62.souligne que des progrès dans la lutte contre le recours aux entreprises anonymes ne sont possibles que si les informations sur les bénéficiaires effectifs sont aisément disponibles en temps utile dans toutes les juridictions, et que si les autorités sont en mesure d’utiliser ces informations et de recouper les données à des fins d’enquête;

63.se félicite en outre que le Groupe d’action financière procède actuellement à un réexamen de la recommandation 25 sur la transparence et les bénéficiaires effectifs des constructions juridiques; estime, à cet égard, qu'à l’instar de ce qui est déjà prévu dans le droit de l’Union, cette recommandation devrait établir que les fiducies ou d’autres constructions juridiques similaires doivent être enregistrées et que l’accès aux informations sur les bénéficiaires effectifs pour les fiducies soit au moins aussi complet que celui qui est actuellement prévu par le droit de l’Union;

64.prend acte de l’arrêt prononcé par la CJUE dans les affaires jointes C-37/20 et C-601/20 du 22 novembre 2022 concernant l’accès du grand public aux informations sur les bénéficiaires effectifs prévu par la 5e directive anti-blanchiment de l’Union, que la Cour a jugé invalide, sauf pour ceux qui peuvent faire valoir un intérêt légitime à accéder auxdites informations; invite les États membres qui ont supprimé l’accès aux données sur les bénéficiaires effectifs pour les cellules de renseignement financier (CRF), les autorités compétentes et les entités assujetties à la suite de l’arrêt à le rétablir sans délai;

65.rappelle ses conclusions selon lesquelles, comme l’ont montré les Pandora Papers, certains États américains, tels que le Dakota du Sud, l’Alaska, le Wyoming, le Delaware et le Nevada, sont devenus des pôles de secret financier et de secret des affaires; déplore le manque de progrès visibles ou de volonté politique dans ces États pour mettre en œuvre les réformes nécessaires depuis ces révélations;

66.se félicite de l’adoption de la première règle finale sur la déclaration des bénéficiaires effectifs en vertu de la loi américaine sur la transparence des entreprises; déplore le fait qu’il manque, aux États-Unis, la volonté politique de partager des informations sur les comptes financiers de citoyens non américains; demande une nouvelle fois aux États-Unis d’adhérer dès que possible à la norme commune de déclaration de l’OCDE et invite la Commission et les États membres à entamer de nouvelles négociations avec les États-Unis dans le cadre de l'OCDE afin de parvenir à une réciprocité totale dans un cadre de CRS adopté d’un commun accord et renforcé;

67.rappelle que la liste de l’Union des pays et territoires non coopératifsévalue si un pays ou territoire a au moins une notation «largement conforme» à la NCD selon le Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales; invite le Conseil à réévaluer les États-Unis dans le cadre de la liste de l’Union, en accordant une attention particulière aux critères de transparence fiscale;

68.invite le Congrès américain à adopter le projet de loi intitulé "Establishing New Authorities for Businesses Laundering and Enabling Risks to Security Act" (ENABLERS), qui obligerait le secteur non financier et intermédiaire à appliquer des obligations de diligence raisonnable à ses clients, comme le recommandent les normes du Groupe d’action financière (GAFI);

69.note que les sociétés-écrans peuvent être utilisées abusivement à des fins de planification fiscale agressive ou d’évasion fiscale; salue la proposition de la Commission relative à une directive du Conseil établissant des règles pour empêcher l’utilisation abusive d’entités écrans à des fins fiscales et modifiant la directive2011/16/UE[30]; invite le Conseil à adopter rapidement la proposition en tenant compte de l’avis du Parlement; souligne que l’établissement de nouvelles normes de transparence en ce qui concerne l’utilisation abusive d’entités écrans permettra aux autorités fiscales de détecter plus facilement ces abus; invite la Commission et les États membres à promouvoir davantage la réglementation mondiale sur les exigences contraignantes en matière de substance pour les entreprises en tant qu’outil de prévention de l’évasion fiscale;

70.note avec inquiétude que les derniers résultats de l'examen par les pairs du Forum mondial sur la mise en œuvre juridique de la Norme d’échange automatique de renseignements relatifs aux comptes financiers (CRS) et, pour la première fois, les résultats des premiers examens de l'efficacité de la mise en œuvre pratique de la CRS, indiquent que le cadre mis en place par plusieurs États membres doit être amélioré pour être pleinement conforme aux exigences[31]; invite la Commission à prendre en considération les résultats de l’examen par les pairs dans son suivi de la mise en œuvre des directives DAC dans les États membres;

71.prend acte de l’accord du Conseil sur l’élargissement du champ d’application du code de conduite dans le domaine de la fiscalité des entreprises; souligne que la révision de ce code de conduite introduit la notion de «caractéristiques fiscales d’application générale» qui doivent être considérées comme dommageables si elles entraînent une double non-imposition ou une utilisation double ou multiple d’avantages fiscaux, comme l’a demandé le Parlement; invite le groupe «Code de conduite (fiscalité des entreprises)» à tirer pleinement parti de son mandat révisé;

72.se félicite que la liste de l’Union des pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales ait permis d’améliorer la législation et les pratiques fiscales de certains pays en développement grâce à la coopération technique et au dialogue politique pour résoudre les problèmes fiscaux recensés;

73.déplore, toutefois, le manque de volonté du Conseil de se mettre d’accord sur le futur critère de transparence en ce qui concerne les bénéficiaires effectifs finaux, dont la dissimulation était une caractéristique commune aux régimes mis en évidence par les Panama Papers, et qui a contribué de manière décisive à la poursuite et au succès de ces régimes;

74.demande une nouvelle fois au Conseil d'étendre le mandat du groupe «Code de conduite (fiscalité des entreprises)» aux régimes préférentiels d’imposition du revenu des personnes physiques et du capital ainsi qu’aux régimes d’imposition du revenu des personnes physiques ou du patrimoine qui sont considérés comme préjudiciables;

75.rappelle également les résolutions du Parlement sur la réforme de la liste des paradis fiscaux et sur la réforme de la politique de l’Union en matière de pratiques fiscales dommageables (y compris la réforme du groupe «Code de conduite»), invite le Conseil à relancer les discussions sur une réforme globale du code et à mettre en œuvre les recommandations du Parlement, notamment pour tenir compte du fait que plusieurs États membres disposent de listes noires plus complètes que l’Union dans son ensemble, ce qui indique que des critères plus stricts pourraient être appliqués au niveau de l’Union;

76.invite le Conseil, en particulier, à inclure l’inscription automatique sur la liste des territoires tiers appliquant un taux d’impôt sur les sociétés nul ou ne prélevant aucun impôt sur les bénéfices des entreprises ou des personnes physiques en tant que critère autonome; constate avec inquiétude que les pays non-membre de l'Union peuvent abroger les régimes fiscaux non conformes mais les remplacer par de nouveaux régimes potentiellement préjudiciables pour l’Union;

77.regrette l’absence de responsabilisation démocratique dans le processus d’établissement de la «liste de l’UE des pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales»; rappelle que le Conseil semble parfois guidé par des motifs diplomatiques ou politiques plutôt que par des évaluations objectives lorsqu’il décide de déplacer des pays de la «liste grise» vers la «liste noire» et inversement; souligne que cela nuit à la crédibilité, à la prévisibilité et à l’utilité des listes; demande que le Parlement soit consulté lors de l’élaboration de cette liste et invite à procéder à une révision approfondie des critères d’examen;

78.souligne que les Pandora Papers rappellent encore la nécessité de renforcer l’efficacité de la liste de l’Union des pays et territoires non coopératifs afin qu’elle serve non seulement d’instrument pour aider les entités et les autorités de l’Union à identifier les entités à risque et à prendre des mesures de précaution, mais aussi d’encourager activement et de coopérer avec les pays afin de procéder à des réformes visant à se conformer aux normes fiscales internationales;

79.souligne que, s’il y a lieu de recourir, le cas échéant, sans hésitation à l’inscription sur la liste et aux mesures défensives, l’Union doit s’engager dans des procédures de coopération et de consultation plus systémiques et transparentes avec les pays en développement qui n’ont pas de pratiques fiscales adaptées avant d’appliquer des mesures coercitives, en particulier en s’assurant que les autorités de ces pays se sont vu offrir auparavant des possibilités de renforcement des connaissances et des capacités;

80.se félicite de l’accord conclu en octobre2021 par l’OCDE et le G20 sur la réforme des règles internationales en matière d’impôt sur les sociétés; souligne que le deuxième pilier de l’accord, une fois mis en œuvre, introduira un taux d’imposition minimal mondialeffectif de 15% applicable aux entreprises dont les recettes annuelles dépassent 750 millions d’euros, ce qui devrait contribuer à réduire le recours aux paradis fiscaux à l’échelle mondiale; souligne qu’il importe d’appliquer le taux d’imposition effectif de 15%, comme convenu dans le cadre inclusif OCDE/G20 au niveau de l’Union;

81.rappelle que le prochain impôt mondial minimal sur les sociétés déterminera une base de référence fixe pour la fiscalité des entreprises, ce qui permettra de lutter contre l’évasion fiscale des entreprises; se félicite des progrès accomplis et encourage les efforts visant à poursuivre dans cette voie; demande que les capacités budgétaires qui en résulteront soient utilisées pour bâtir des sociétés plus résilientes, durables et égalitaires; appelle de ses vœux la mise en place d’une coopération internationale en ce qui concerne l’impôt minimal sur les sociétés et l’introduction de mesures de transparence plus efficaces pour faciliter les poursuites à l’encontre des évadés fiscaux; souligne que les multinationales devraient payer des impôts dans les pays où elles exercent leurs activités économiques et où la valeur est créée; rappelle que la répartition des droits d’imposition entre les pays doit être juste, équitable et conforme à l’objectif de réduction des inégalités entre pays; invite les États membres de l’Union à se montrer à la hauteur de l’ambition et à apporter leur soutien politique à ce projet mondial;

82.souligne que plusieurs États membres ont maintenu des régimes préférentiels d’imposition des sociétés, ce qui a pu entraîner des milliards d’euros de pertes fiscales pour d’autres États membres; appelle de ses vœux une plus grande transparence en ce qui concerne les régimes fiscaux préférentiels ainsi qu’une plus grande solidarité fiscale entre les États membres de l’Union; note que quelques États membres continuent d’enregistrer des entrées et des sorties disproportionnées d’investissements directs étrangers et de revenus passifs, et que ces flux correspondent au moins en partie à des investissements fantômes, comme le constatent les chercheurs du FMI[32], et visent peut-être à éviter l’impôt et à blanchir l’argent;

83.invite la Commission à continuer de surveiller les États membres qui permettent la planification fiscale agressive, à faire rapport au Parlement européen à ce sujet, à présenter des recommandations spécifiques par pays pour lutter contre la planification fiscale agressive et à exercer une pression sur ces États membres pour qu’ils mettent en œuvre les réformes;

84.insiste sur le fait que, pour mener à bien les réformes législatives de la politique fiscale qui sont nécessaires pour résoudre efficacement les problèmes mis en évidence dans les Pandora Papers, la Commission devrait explorer toutes les possibilités qu’offre le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne pour rendre la prise de décision plus efficace;

85.souligne que si la coopération internationale est essentielle pour mettre un terme à l’évasion fiscale et qu’elle est indispensable à la mise en place de systèmes fiscaux nationaux équitables et efficaces, les États membres devraient pouvoir prendre des mesures unilatérales pour protéger leur base d’imposition dans les limites de leur souveraineté fiscale et du droit de l’Union, notamment en imposant la non-déductibilité ou la déductibilité limitée des frais (intérêts, redevances et paiements de services), en adoptant des mesures de retenue à la source, en limitant l’exonération des participations ou en imposant des exigences particulières en matière de documentation;

°

°°

86.charge sa Présidente de transmettre la présente résolution aux gouvernements et aux parlements des États membres, au Conseil, à la Commission, au Congrès américain, à l’Organisation de coopération et de développement économiques et au Groupe d’action financière.


EXPOSÉ DES MOTIFS

La fuite massive de données des Pandora Papers a été publiée le 3octobre2021 par le Consortium international des journalistes d’investigation et a permis de lever le voile sur l’identité des bénéficiaires effectifs de sociétés établies dans des juridictions opaques. Parmi les personnes physiques dont l’identité a été révélée par les Pandora Papers figuraient des personnes fortunées, parmi lesquelles des criminels, des oligarques et des célébrités, ainsi que trente-cinq anciens ou actuels dirigeants mondiaux et plus de 330responsables politiques et hauts fonctionnaires répartis dans 91 pays et territoires, y compris des États membres de l’Union. En outre, elle a révélé que ces pratiques d’optimisation fiscale agressive sont souvent facilitées par des intermédiaires, tels que des cabinets d’avocats, des conseillers fiscaux et des gestionnaires de fortune.

L’affaire des Pandora Papers n’est que la plus récente des révélations fiscales qui ont marqué ces dernières années. Des fuites antérieures, telles que les Panama Papers de2016 et les Swiss Leaks de2015, ont permis de constater que les 0,01% les plus riches détiennent environ 50% de la fortune placée dans les paradis fiscaux, et qu’ils échappent à environ 25% de leurs obligations fiscales en dissimulant leurs actifs et leurs revenus d’investissement à l’étranger[33]. Ces chiffres montrent que l’évasion fiscale est également une question d’inégalité et d’érosion de la confiance des citoyens dans l’état de droit et dans notre système économique et démocratique.

En outre, des révélations telles que celles d’OpenLux en2019 ou des Pandora Papers montrent également comment des personnes fortunées protègent leurs actifs grâce à des intermédiaires et des sociétés-écrans et mettent en évidence l’importance de divulguer l’identité des bénéficiaires effectifs finaux de ces sociétés.

Le rapporteur souhaite donc répondre aux difficultés révélées par les Pandora Papers et d’autres fuites de ce type en évaluant différents domaines d’action.

Votre rapporteur formule donc les propositions suivantes:

l’affaire des Pandora Papers et les autres fuites ont mis en évidence le rôle du journalisme d’investigation international et des lanceurs d’alerte dans la dénonciation de l’évasion et de la fraude fiscales, de la corruption, de la criminalité organisée et du blanchiment de capitaux. Il convient d’offrir aux lanceurs d’alerte une solide protection non seulement en cas de signalements internes ou externes, mais aussi lorsqu’ils s’expriment publiquement, afin de ne pas faire obstacle à la divulgation de pratiques illégales, et la directive de l’Union sur les lanceurs d’alerte de2019 doit être pleinement mise en œuvre dès que possible.

Les Pandora Papers, entre autres, contenaient des informations sur plusieurs personnes politiquement exposées (PEP) liées à des affaires de fraude ou d’évasion fiscales. Pour renforcer la confiance des citoyens dans notre système démocratique et faire prévaloir, parmi les agents publics, des normes rigoureuses d’intégrité, d’honnêteté et de responsabilité, les États membres doivent veiller à disposer de mesures et de systèmes imposant aux agents publics de déclarer, entre autres, leurs activités extérieures et leurs avoirs comme le recommande la convention des Nations unies contre la corruption.

Les États membres de l’Union devraient envisager d’introduire des périodes de viduité pour les fonctionnaires de l’administration fiscale afin de résoudre le problème des «portes-tambour» entre le pouvoir législatif, les autorités, les entreprises multinationales et les multinationales de services professionnels exerçant une activité de conseil fiscal.

L’accès à des informations exactes et à jour sur les bénéficiaires effectifs constitue un outil indispensable de la lutte contre le blanchiment de capitaux, la fraude et l’évasion fiscales. Des registres publics répertoriant les bénéficiaires effectifs des sociétés établies dans les États membres ont été mis en place. Les États membres devraient veiller à ce que les informations pertinentes soient accessibles au public et à ce que l’interconnexion des registres devienne bientôt une réalité.

En réponse à la tendance de certains pays à octroyer aux étrangers des exonérations et des avantages fiscaux généreux, dont ne bénéficient pas les ressortissants nationaux, et eu égard à la forte mobilité fiscale des contribuables riches en revenus et en patrimoine, les gouvernements de l’Union devraient se pencher sur les régimes préférentiels d’imposition du revenu des personnes physiques ou du capital, ou les régimes d’imposition du revenu des personnes physiques ou de la fortune dans le cadre du groupe «Code de conduite». Les États membres devraient ainsi soumettre les portefeuilles d’actifs excédant certains seuils à des impôts sur la fortune. De telles initiatives devraient être coordonnées au niveau de l’Union pour éviter toute distorsion du marché unique et faire en sorte que les arrangements conclus entre les personnes fortunées et les autorités fiscales d’un État membre soient communiqués à tous les États membres.


AVIS DE LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT(12.12.2022)

à l’intention de la commission des affaires économiques et monétaires

sur les leçons tirées de l’affaire des «Pandora Papers» et d’autres révélations

()

Rapporteur pour avis: Udo Bullmann


SUGGESTIONS

La commission du développement invite la commission des affaires économiques et monétaires, compétente au fond, à incorporer dans la proposition de résolution qu’elle adoptera les suggestions suivantes:

A.considérant que les parties au programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement se sont engagées à améliorer l’administration fiscale grâce à des systèmes fiscaux modernisés et progressifs et à une perception plus efficace de l’impôt, ainsi qu’à intensifier la coopération fiscale internationale;

B.considérant que la concurrence fiscale au niveau mondial a eu pour effet de déplacer la charge fiscale des travailleurs vers les ménages à bas revenus, d’empêcher les pays en développement d'améliorer la mobilisation des ressources nationales et de contraindre les pays pauvres à procéder à des coupes dommageables dans les services publics;

C.considérant que l’impôt sur les sociétés représente une part plus importante des recettes fiscales et du produit intérieur brut dans les pays en développement que dans les pays riches; que, selon les estimations, le manque à gagner des pays en développement découlant du régime mondial d’imposition des entreprises représente de 6% à13% du total de leurs recettes fiscales, contre 2% à3% dans les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)[34];

D.considérant que l’échange automatique d’informations est un outil efficace pour lutter contre l’évasion fiscale et les autres flux financiers illicites;

E.considérant qu’en octobre2021, le cadre inclusif OCDE/G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices a convenu d’une solution à deux piliers pour relever les défis fiscaux découlant de la numérisation de l’économie; que toutefois certains pays en développement ont fait part de leurs préoccupations au sujet de cet accord mondial sur l’impôt sur les sociétés, voire ont refusé de l’approuver (par exemple, le Kenya et le Nigeria);

F.considérant que, selon le rapport intitulé «Tax Transparency in Africa 2022: Africa Initiative Progress report»[35], les flux financiers illicites sont estimés à un montant de 50 à 80 milliards de dollars par an (de 48 à 77 milliards d’euros) pour le continent;

G.considérant qu’en 2019, le Groupe africain aux Nations unies a appelé de ses vœux une convention des Nations unies sur la fiscalité, qui constituerait un outil important pour lutter contre les flux financiers illicites; qu’en février2021, le groupe de haut niveau sur la responsabilité, la transparence et l’intégrité financières internationales pour atteindre les objectifs du programme 2030 (le groupe FACTI) a également inclus la proposition de convention fiscale des Nations unies en guise de recommandation centrale de son rapport final;

1.souligne que les révélations connues sous le nom de Pandora Papers, publiées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), montrent l’existence d’une fraude fiscale et d’un blanchiment d’argent à grande échelle, notamment par l’intermédiaire de sociétés boîtes aux lettres et de fiducies; souligne que les flux financiers illicites relèvent de la gouvernance mondiale; invite instamment l’Union à faire preuve d’une volonté politique ferme et de détermination contre la fraude et l’évasion fiscales, dans le respect du principe de cohérence des politiques au service du développement inscrit à l’article208 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne;

2.dénonce l’existence de structures financières offshore occultes dans de nombreux pays et territoires du monde, qui permettent aux plus puissants et aux plus riches de s’enrichir aux dépens du public en facilitant l’évasion fiscale et qui pourraient être utilisées pour des pratiques illégales telles que la fraude fiscale et le blanchiment de capitaux, ainsi que créer une instabilité financière; regrette qu’en dépit d’une décennie de scandales fiscaux et de réformes législatives dans l’Union, les progrès accomplis au niveau mondial pour lutter contre le secret des affaires ainsi que la fraude et l’évasion fiscales offshore aient été insuffisants, comme l’ont montré les Pandora Papers; souligne que le manque de transparence, y compris par le partage international d’informations, est une cause sous-jacente majeure des flux financiers illicites de nature fiscale;

3.souligne que les pratiques mises en lumière par les révélations des Pandora Papers ont des répercussions particulièrement graves sur la marge de manœuvre budgétaire et les dépenses publiques des pays en développement et portent atteinte à l’état de droit et sapent la confiance dans la capacité du système financier mondial à relever le niveau de vie dans les pays en développement du monde entier; souligne la nécessité d’œuvrer au sein des instances internationales; rappelle que l’évasion fiscale déplace la charge fiscale des grandes entreprises vers les petites et moyennes entreprises et vers la consommation à travers l’impôt sur le revenu des personnes physiques et la taxe sur la valeur ajoutée, ce qui est particulièrement problématique dans les pays les moins avancés, où les petites, moyennes et microentreprises et les commerçants informels représentent la majeure partie de l’activité économique et sont plus vulnérables à une réduction significative des revenus et à l’insécurité;

4.rappelle le large consensus qui s’est dégagé dans le cadre de l’adoption du programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations unies sur la nécessité d’accroître radicalement les investissements pour stimuler la croissance durable; souligne l’engagement international en faveur d'une réduction significative des flux financiers illicites d’ici à 2030, comme le prévoient le programme d’action d’Addis-Abeba et le programme de développement durable à l’horizon 2030; déplore la décision du Conseil du 5 octobre 2021 de retirer Anguilla et les Seychelles de la liste de l’Union des pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales, ce qui a une incidence sur la lutte de l’Union en faveur d’un système fiscal transparent à l’échelle mondiale; invite dès lors instamment le Conseil à reconsidérer sa décision; insiste sur le fait que le secteur de l’évasion fiscale ne profite qu’à une minorité; prend acte de l’observation de l’OCDE selon laquelle l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (BEPS) affectent tous les pays et que la plus grande dépendance des pays en développement à l’égard de l’impôt sur les sociétés signifie qu’ils souffrent du BEPS de manière disproportionnée, ce qui alimente les inégalités nationales; rappelle sa résolution du 21octobre2021 intitulée «Pandora Papers: implications pour les efforts de lutte contre le blanchiment de capitaux, la fraude et l’évasion fiscales»; demande à nouveau, à cet égard, que la liste de l’Union des juridictions non coopératives soit réformée au niveau de l’Union et régulièrement mise à jour;

5.se félicite que la liste de l’Union des pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales ait permis d’améliorer la législation et les pratiques fiscales de certains pays en développement grâce à la coopération technique et au dialogue politique pour résoudre les problèmes fiscaux recensés; note toutefois que la liste de l’UE des pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales exclut les paradis fiscaux en Europe ainsi que de nombreux paradis fiscaux situés en dehors de l’Europe; note que, compte tenu du manque de cohérence des politiques, cela nuit à la crédibilité de la procédure d’établissement de la liste;

6.note que l’utilisation des fonds publics de développement existants pour subventionner les investissements privés peut être associée à des compromis quant à leur efficacité dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable; relève que les investissements privés dans les pays en développement ne montrent aucun signe de la croissance nécessaire;

7.souligne que, s’il y a lieu de recourir, le cas échéant, sans hésitation à l’inscription sur la liste et aux mesures défensives, l’Union doit s’engager dans des procédures de coopération et de consultation plus systémiques et transparentes avec les pays en développement qui n’ont pas de pratiques fiscales adaptées avant d’appliquer des mesures coercitives, en particulier en s’assurant que les autorités de ces pays se sont vu offrir auparavant des possibilités de renforcement des connaissances et des capacités;

8.estime que les pratiques d’évasion fiscale des multinationales et de certaines des personnes les plus riches et les plus puissantes au monde, y compris les présidents, les premiers ministres et les chefs d’État actuels et anciens, et l’existence de paradis fiscaux offrant des taux d’imposition effectifs nuls ou extrêmement bas nuisent fortement à la perception équitable de l’impôt dans les pays du Sud; estime également que ces pratiques peuvent avoir de graves répercussions sur la capacité budgétaire de ces pays, y compris leur capacité à investir dans des structures solides de perception de l’impôt, et constituent un autre moyen d’extraire des ressources des pays du Sud; souligne que la possibilité de dissimuler de l’argent a une incidence directe sur la vie des citoyens, car elle affecte, entre autres, l’accès à l’éducation, aux soins de santé et au logement; rappelle que l’évasion fiscale entraîne des pertes financières considérables pour les pays en développement et constitue l’un des principaux facteurs qui aggravent fortement l’endettement de nombre d’entre eux; souligne que les Pandora Papers donnent un aperçu de la portée des sanctions contre un certain nombre d’élites russes en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie; constate que cette invasion a également eu des effets dévastateurs sur les pays en développement; condamne le contournement de ces sanctions par les élites russes, comme le révèlent les Pandora Papers, et demande que des mesures efficaces soient prises pour lutter contre ce phénomène;

9.souligne que parmi les noms cités dans les Pandora Papers figurent des dirigeants politiques de pays en développement qui dépendent fortement de l’aide de l’Union européenne;

10.met en avant les implications structurelles des pratiques d’évasion fiscale des multinationales et des particuliers sur les capacités budgétaires des pays en développement et sur leurs perspectives de croissance et de développement social à moyen et long termes; souligne l’aggravation des inégalités et de la pauvreté due au manque de fonds publics en raison de l’évasion fiscale; rappelle que la lutte contre l’évasion fiscale transfrontalière est essentielle pour élargir l’assiette fiscale, augmenter les recettes fiscales et protéger l’intégrité et l’équité des systèmes fiscaux; souligne la nécessité permanente d’une coopération mondiale pour enquêter sur les cas présumés d’évasion fiscale et de blanchiment de capitaux; souligne la nécessité de mécanismes de sanctions ciblés et efficaces compatibles avec le programme de développement durable à l’horizon2030 des Nations unies, ainsi que de sanctions à l’encontre des entités qui tirent profit de l’évasion fiscale et du transfert de bénéfices vers des pays et territoires figurant sur la liste de l’Union des pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales, conformément à la cohérence des politiques au service du développement; prend acte de plusieurs initiatives internationales existantes sur l’échange automatique d’informations à des fins de respect des obligations fiscales, ainsi que de la norme commune de déclaration de l’OCDE pour la communication automatique d’informations sur les comptes financiers offshore des non-résidents à leur pays ou territoire de résidence et des travaux du groupe de travail international de l’OCDE pour le partage des renseignements et la collaboration (JITSIC), auquel participent actuellement 19États membres de l’Union;

11.rappelle que le Parlement européen a souligné à plusieurs reprises la nécessité d’une révision de la procédure d’établissement de la liste de l’Union des pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales pour en améliorer la transparence, les critères utilisés et l’efficacité des mesures défensives associées;

12.réitère son appel en faveur d’une réforme du code de conduite dans le domaine de la fiscalité des entreprises, qui est désormais largement dépassé dans le contexte de la numérisation et de la mondialisation croissantes; demande qu’il soit remplacé par un cadre sur les dispositifs fiscaux agressifs et les faibles taux, qui prévoirait des critères plus stricts pour définir la notion de paradis fiscal et inclurait les personnes fortunées très mobiles dans le champ d’application de l’instrument;

13.rappelle que le prochain impôt mondial minimal sur les sociétés définira une base de référence fixe pour la fiscalité des entreprises, ce qui permettra de lutter contre l’évasion fiscale des entreprises; se félicite des progrès accomplis et encourage les efforts visant à poursuivre dans cette voie; demande que les capacités budgétaires qui en résulteront soient utilisées pour bâtir des sociétés plus résilientes, durables et égalitaires; demande que la coopération internationale sur l’impôt minimum sur les sociétés serve à mettre en place de meilleures mesures de transparence pour faciliter les poursuites à l’encontre des fraudeurs fiscaux; souligne que les multinationales devraient payer des impôts dans les pays où elles mènent leurs activités économiques et où de la valeur est créée; rappelle que la répartition des droits d’imposition entre les pays doit être juste, équitable et conforme à l’objectif de réduction des inégalités entre pays; invite les États membres de l’Union à se montrer à la hauteur de l’ambition et à apporter leur soutien politique à ce projet mondial;

14.souligne que la transparence fiscale et l’échange d’informations sont essentiels pour endiguer les flux financiers illicites et accroître la mobilisation des ressources nationales, ce qui revêt une importance particulière pour atteindre les objectifs de développement durable, y compris l’Agenda 2063 de l’Union africaine, en particulier dans le contexte actuel, marqué par une dette croissante, l’impact de la pandémie de COVID-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine sur les économies africaines;

15.souligne qu’il est essentiel d’opérer un changement radical dans l’imposition des bénéfices des particuliers et des entreprises et du patrimoine privé afin d’accroître la marge de manœuvre budgétaire pour financer des investissements durables et mobiliser des fonds en faveur du développement, ce qui est aujourd’hui plus urgents que jamais en raison de l’aggravation incessante des effets du changement climatique et de la persistance des effets de la pandémie de COVID-19, en particulier dans les pays du Sud;

16.réclame une transparence internationale totale en ce qui concerne les propriétaires effectifs de sociétés boîtes aux lettres et de biens immobiliers; estime que l’échange international d’informations doit être étendu afin d’identifier efficacement les fraudeurs fiscaux et demande que davantage d’efforts soient déployés pour lutter contre le secret financier, notamment au moyen d’accords internationaux sur l’échange automatique d’informations à des fins fiscales et d’un soutien accru en faveur du renforcement des capacités des administrations fiscales et des enquêtes fiscales dans les pays en développement; rappelle que la transparence de la propriété et du contrôle des entreprises, des fiducies et d’autres entités juridiques est essentielle pour lutter contre les flux financiers illicites; invite les États membres à assurer la mise en œuvre pleine et entière de la directive (UE) 2018/843 du Parlement européen et du Conseil du 30mai2018 modifiant la directive (UE)2015/849 relative à la prévention de l’utilisation du système financier aux fins du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme;

17.rappelle la solution à deux piliers approuvée en octobre2021 dans le contexte du cadre inclusif OCDE/G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices pour relever les défis fiscaux découlant de la numérisation de l’économie; rappelle également que les pays en développement, y compris le Forum africain d’administration fiscale, ont reproché à cette solution de ne pas tenir compte de leurs intérêts et de ne pas traiter suffisamment la question des lacunes spécifiques qui limitent les droits d’imposition des pays africains;

18.invite l’Union à aider les pays en développement à lutter contre les flux financiers illicites et l’évasion fiscale des entreprises et des multinationales de l’Union, et à faire en sorte que les impôts soient payés là où les bénéfices sont réalisés et la valeur économique réelle est créée afin de mettre un terme à l’érosion de l’assiette fiscale et au transfert de bénéfices;

19.souligne qu’en 2019, le Groupe africain aux Nations unies a appelé de ses vœux une convention des Nations unies sur la fiscalité, pour contribuer à lutter contre les flux financiers illicites; estime qu’un organe intergouvernemental universel placé sous l’égide des Nations unies et chargé de traiter tous les aspects des flux financiers illicites pourrait contribuer à associer tous les pays en développement au processus décisionnel en matière fiscale et constituer un outil efficace pour lutter contre l’évasion fiscale, les facturations commerciales frauduleuses, le transfert de bénéfices et toutes les formes d’activités commerciales et fiscales illégales au niveau mondial;

20.souligne que la coopération internationale est essentielle à la mise en place de systèmes fiscaux nationaux équitables et efficaces;

21.invite l’Union à soutenir la mise en place d’une convention-cadre des Nations unies sur la fiscalité, dans le but de renforcer la coopération et la gouvernance internationales en matière de flux financiers illicites de nature fiscale et commerciale; souligne la nécessité de mettre en place un processus décisionnel transparent et inclusif permettant à tous les pays de négocier sur un pied d’égalité.


INFORMATIONS SUR L’ADOPTION
PAR LA COMMISSION SAISIE POUR AVIS

Date de l’adoption

30.11.2022

Résultat du vote final

+:

–:

0:

20

0

2

Membres présents au moment du vote final

Barry Andrews, Eric Andrieu, Hildegard Bentele, Udo Bullmann, Antoni Comín i Oliveres, Charles Goerens, Mónica Silvana González, Pierrette Herzberger-Fofana, Karsten Lucke, Pierfrancesco Majorino, Janina Ochojska, Michèle Rivasi, Christian Sagartz, Eleni Stavrou, Tomas Tobé, Miguel Urbán Crespo

Suppléants présents au moment du vote final

Alessandra Basso, Marlene Mortler, Caroline Roose

Suppléants (art. 209, par. 7) présents au moment du vote final

Virginie Joron, Joachim Kuhs, Aušra Maldeikienė


VOTE FINAL PAR APPEL NOMINAL
EN COMMISSION SAISIE POUR AVIS

20

+

ID

Alessandra Basso, Virginie Joron

PPE

Hildegard Bentele, Aušra Maldeikienė, Marlene Mortler, Janina Ochojska, Christian Sagartz, Eleni Stavrou, Tomas Tobé

Renew

Barry Andrews, Charles Goerens

S&D

Eric Andrieu, Udo Bullmann, Mónica Silvana González, Karsten Lucke, Pierfrancesco Majorino

The Left

Miguel Urbán Crespo

Verts/ALE

Pierrette Herzberger‑Fofana, Michèle Rivasi, Caroline Roose

0

-

2

0

ID

Joachim Kuhs

NI

Antoni Comín i Oliveres

Légende des signes utilisés:

+:pour

-:contre

0:abstention


AVIS DE LA COMMISSION DES LIBERTÉS CIVILES, DE LA JUSTICE ET DES AFFAIRES INTÉRIEURES(12.1.2023)

à l’intention de la commission des affaires économiques et monétaires

sur les leçons tirées de l’affaire des «Pandora Papers» et d’autres révélations

()

Rapporteur pour avis: Damien Carême

SUGGESTIONS

La commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures invite la commission des affaires économiques et monétaires, compétente au fond, à incorporer dans la proposition de résolution qu’elle adoptera les suggestions suivantes:

1.rappelle que la criminalité fiscale est reconnue comme une infraction principale en matière de blanchiment de capitaux, souvent liée à la criminalité organisée, à la corruption et au financement du terrorisme;

2.insiste sur le rôle essentiel que jouent les journalistes d’investigation dans la mise au jour de la criminalité fiscale, de la corruption et de la criminalité organisée; insiste, en l’absence d’un cadre législatif européen solide pour protéger les journalistes, sur la vulnérabilité des journalistes indépendants et des professionnels des médias aux menaces et aux attaques; rappelle que le nombre de menaces et d’attaques contre les journalistes dans l’Union a augmenté ces dernières années, les cas les plus graves ayant entraîné l’assassinat de journalistes et de professionnels des médias; salue la recommandation 2021/1534 de la Commission du 16septembre2021 concernant la protection, la sécurité et le renforcement des moyens d’action des journalistes et autres professionnels des médias dans l’Union européenne[36]; souligne néanmoins qu’il ne peut s’agir que d’un premier pas et appelle de ses vœux une action urgente en vue d’établir des mesures contraignantes pour garantir la protection des journalistes et des professionnels des médias dans l’ensemble de l’Union;

3.souligne que les journalistes et les lanceurs d’alerte sont essentiels pour mettre au jour des cas d’évasion et de fraude fiscales, de corruption, de criminalité organisée et de blanchiment de capitaux; déplore que des journalistes, dont Peter R. de Vries, Daphne Caruana Galizia et Jan Kuciak, aient été assassinés à la suite de leurs révélations; souligne que sans le courage des lanceurs d’alerte et le travail des journalistes, l’évasion fiscale, la corruption et le blanchiment de capitaux pourraient continuer de plus belle; souligne qu’il convient de mieux garantir la protection des lanceurs d’alerte ainsi que le travail des journalistes dans les affaires de lanceurs d’alerte, y compris la protection contre les attaques au moyen de logiciels espions;

4.souligne que si la directive (UE) 2019/1937 sur la protection des personnes qui signalent des violations du droit de l’Union[37] a été adoptée il y a plus de trois ans et prévoit l’obligation de la transposer en droit national pour le 17décembre2021 au plus tard, 16États membres ont retardé sa transposition alors que la Hongrie ne l’a même pas engagée; invite ces États membres à faire appliquer cette directive sans plus tarder; invite la Commission à recourir à tous les outils à sa disposition pour remédier à la non-transposition de cette directive par les États membres;

5.salue la proposition de la Commission en vue d’une directive européenne sur la protection des personnes qui participent au débat public contre les procédures judiciaires manifestement infondées ou abusives[38], également connue sous le nom de directive contre les poursuites-bâillons; rappelle que les poursuites stratégiques altérant le débat public (poursuites-bâillons) font peser de lourdes charges financières et psychologiques sur le travail des journalistes et des professionnels des médias, ce qui a un effet dissuasif et conduit à l’autocensure; souligne qu’une directive européenne forte contre les poursuites-bâillons doit inclure des dispositions claires sur les mécanismes de licenciement rapide et sur des sanctions efficaces, y compris des sanctions financières, à l’encontre des instigateurs de poursuites-bâillons; souligne qu’un cadre efficace de lutte contre les poursuites-bâillons ne peut exister en l’absence de mesures complémentaires coordonnées au niveau national; invite les États membres à adopter une législation contre les poursuites-bâillons visant à lutter contre les poursuites nationales altérant le débat public;

6.souligne que les journalistes d’investigation et les professionnels des médias sont souvent soumis à d’intenses pressions financières et font face à des difficultés considérables pour obtenir les ressources financières nécessaires aux projets d’enquête sur des faits de criminalité fiscale, de corruption ou de criminalité organisée; invite la Commission à étudier d’autres moyens d’augmenter les financements disponibles pour le secteur des médias, notamment en créant un fonds permanent spécifique pour le journalisme d’investigation;

7.se félicite de la mise au jour, par des journalistes d’investigation, d’un système complexe de paradis fiscaux, de sociétés fictives et de comptes à l’étranger, dont les bénéficiaires effectifs sont des personnes présentant un intérêt public élevé; insiste, à cet égard, sur le rôle positif que jouent les journalistes dans la mise au jour de l’opacité des opérations financières de fonctionnaires élus de très haut rang; rappelle que les Pandora Papers, les Paradise Papers, les Panama Papers, Suisse secrets et OpenLux ont révélé des actifs cachés de personnes politiquement exposées (PEP) de haut rang, y compris d’anciens premiers ministres et représentants gouvernementaux de plusieurs pays européens; rappelle que les ministres du gouvernement et les législateurs ont le devoir absolu de faire respecter la loi dans son intégralité et d’agir conformément à l’esprit de la loi en toutes circonstances; souligne qu’à défaut, le public perd confiance dans le gouvernement, à savoir dans les fondements mêmes de l’État, invite les PEP à rendre compte de tous leurs intérêts et actifs financiers actuels et antérieurs et demande, à défaut, de lourdes sanctions;

8.souligne que la pratique consistant à dissimuler des bénéficiaires effectifs par des chaînes de sociétés fictives peut être utilisée non seulement pour contourner la législation fiscale, mais aussi pour empêcher le suivi, le gel et la confiscation des produits et des instruments du crime, ainsi que pour contourner des mesures restrictives de l’Union; invite la Commission à lutter contre l’utilisation abusive de sociétés-écrans, en particulier à des fins autres que la fraude et l’évasion fiscales, au moyen d’une réglementation stricte et de moyens législatifs appropriés;

9.invite les autorités chargées de la lutte contre l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la grande criminalité organisée à coopérer plus étroitement entre elles, tant au niveau national qu’européen; invite instamment les États membres et les autorités de l’Union à déployer des efforts considérables pour récupérer les fonds acquis par des moyens illégaux, abusifs ou illicites; regrette que les informations obtenues par les autorités fiscales au titre de la directive 2011/16/UE du Conseil du 15février2011 relative à la coopération administrative dans le domaine fiscal[39] ne puissent être utilisées à des fins d’enquêtes et de poursuites pénales;

10.invite la Commission à garantir la mise en œuvre effective du cadre existant de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) et à renforcer la collaboration entre les États membres et les institutions et agences de l’Union dans ce domaine; insiste sur l’importance de la future Autorité de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (ALBC) en tant que nouvel organe de l’Union chargé de prévenir le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans l’Union, par sa contribution au renforcement de la surveillance et de la coopération entre les cellules de renseignement financier (CRF) des États membres et les autorités de contrôle; demande des précisions, dans le cadre de l’Union en matière de LBC, quant aux interactions qu’entretiennent le droit administratif et le droit pénal;

11.souligne que la principale difficulté recensée pour l’application de la directive (UE) 2015/849 relative à la prévention de l’utilisation du système financier aux fins du blanchiment de capitaux ou du financement du terrorisme[40] est l’absence d’applicabilité directe de ces règles et la fragmentation résultant d’approches nationales divergentes; insiste, en outre, sur les conclusions du rapport spécial nº13/2021 de la Cour des comptes européenne, selon lesquelles les efforts déployés par l’UE pour lutter contre le blanchiment de capitaux dans le secteur bancaire sont fragmentés et la mise en œuvre est insuffisante; souligne qu’une telle fragmentation pourrait sérieusement compromettre l’intégrité du système financier de l’Union et entraîner de graves vulnérabilités sur le marché unique; salue les propositions de la Commission relatives à un nouveau cadre juridique européen pour lutter contre le blanchiment de capitaux, qui vise à parvenir à l’uniformité souhaitée dans l’application et à éliminer les divergences et les incohérences dans les pratiques de mise en œuvre entre les États membres; s’engage à remédier aux lacunes des propositions de la Commission par des positions du Parlement;

12.demande une définition plus claire et plus complète des PEP et une application appropriée d’un contrôle renforcé;

13.recommande à l’Union de veiller à ce que les avocats soient considérés comme des entités assujetties et soumis à des obligations de déclaration en matière de LBC/FT lorsqu’ils participent à des transactions financières ou d’entreprises, y compris en prodiguant des conseils fiscaux ou des conseils en matière de citoyenneté ou de résidence contre investissement, lorsque les services fournis par ces professionnels du droit risquent d’être utilisés à mauvais escient pour blanchir le produit d’une activité criminelle ou pour financer le terrorisme; estime que la confidentialité des communications entre avocats et clients ne devrait pas s’appliquer lorsque des conseils juridiques d’avocats, y compris des conseils fiscaux, sont prodigués ou utilisés en connaissance de cause par le client à des fins de blanchiment de capitaux, d’infractions sous-jacentes ou de financement du terrorisme;

14.regrette que le Conseil des ministres des finances de l’Union ait retiré les Seychelles de la liste de l’UE des pays et territoires non coopératifs, et ce deux jours après la publication des Pandora Papers; prie instamment le Conseil d’adopter une réforme globale de la liste de l’UE des pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales afin d’englober systématiquement les pays qui offrent injustement des taux d’imposition peu élevés aux entreprises et aux personnes fortunées (ou HNWI), contribuant ainsi à l’évasion fiscale dans leur pays d’origine et augmentant le risque de blanchiment de capitaux; invite instamment la Commission à surveiller également de plus près les pays européens et à engager des procédures d’infraction lorsqu’il s’avère qu’un État membre ne respecte pas les critères d’inscription sur la liste de l’UE des pays et territoires non coopératifs;

15.souligne que les Pandora Papers ont montré que les fiducies américaines sont devenues un vecteur de secret financier, et fait observer que des États américains tels que le Dakota du Sud, la Floride, le Delaware, le Texas et le Nevada font des États-Unis l’un des principaux acteurs du monde «offshore»; demande que ces États soient considérés comme des paradis fiscaux; invite le Conseil à réévaluer la position des États-Unis en ce qui concerne la liste de l’Union, notamment en ce qui concerne les critères de transparence fiscale;

16.regrette que les États-Unis soient à l’avant-garde mondiale pour ce qui est d’accorder le secret financier aux entreprises et aux particuliers; prie instamment le département du Trésor (ministère américain des finances) de poursuivre le processus réglementaire qu’il reste à accomplir afin de mettre pleinement en œuvre la loi dans les meilleurs délais;

17.se félicite de l’adoption de la première règle finale sur la déclaration des bénéficiaires effectifs en vertu de la loi américaine sur la transparence des entreprises; se félicite de l’appel du président Biden en faveur d’une campagne visant à dénoncer et à sanctionner la corruption financière; encourage les États-Unis à poursuivre la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la corruption, en particulier la lutte contre le financement illicite grâce à la coopération avec les partenaires internationaux;

18.se félicite de la révision de la recommandation24 par le Groupe d’action financière (GAFI), qui impose aux pays de prendre des mesures pour empêcher l’utilisation des personnes morales à des fins de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme; souligne que les pays devront désormais exiger que les informations sur les bénéficiaires effectifs soient détenues par une autorité ou un organisme public opérant comme un registre des bénéficiaires effectifs ou un autre mécanisme tout aussi efficace;

19.regrette profondément que la liste de l’Union des juridictions non coopératives ne comporte pas de critère précis en matière de propriété effective; invite le Conseil «Affaires économiques et financières» à proposer un critère précis relatif à la propriété effective;

20.souligne que la transparence des bénéficiaires effectifs est fondamentale pour intensifier la lutte contre la criminalité fiscale, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme; souligne que l’accès aux informations sur les bénéficiaires effectifs est souvent justifié par un intérêt public légitime; invite les autorités des États membres à veiller à ce que les journalistes d’investigation et les acteurs de la société civile engagés dans les efforts en matière de LBC et de FT aient un accès adéquat à ces informations et puissent exercer un contrôle à cet égard; souligne que des progrès dans la lutte contre le recours aux entreprises anonymes à des fins de criminalité fiscale, de blanchiment de capitaux ou à d’autres fins criminelles ne sont possibles que si les informations sur les bénéficiaires effectifs sont disponibles en temps utile dans toutes les juridictions, et que si les autorités sont en mesure d’utiliser ces informations et de recouper les données à des fins d’enquête; demande à la Commission de présenter des propositions visant à garantir que les registres d’informations sur les bénéficiaires effectifs soient accessibles aux personnes physiques et morales ayant un intérêt public légitime, conformément aux règles en matière de protection des données et des droits au respect de la vie privée;

21.rappelle le rôle important que jouent les registres fonciers numériques dans le renforcement de la lutte contre la criminalité fiscale dans l’ensemble de l’Union; invite la Commission à soutenir activement les autorités des États membres dans l’achèvement de la mise en œuvre de registres fonciers et immobiliers numérisés interconnectés au moyen d’un point d’accès unique, tels que des registres centraux ou systèmes électroniques centraux de recherche de données, et à les rendre interopérables; invite les autorités compétentes des États membres à finaliser les plans cadastraux nationaux et à alimenter ces registres au moyen de données fiables; est convaincu qu’en permettant l’identification, en temps utile, de toute personne physique ou morale détenant ou contrôlant des terrains et des bâtiments sur leur territoire, ces registres et systèmes renforceront la transparence en matière de propriété foncière et immobilière;

22.se félicite en outre que le GAFI réexamine actuellement la recommandation25 sur la transparence et les bénéficiaires effectifs des constructions juridiques;

23.constate avec inquiétude que les États membres ont suivi des chemins très différents dans l’adoption des registres des bénéficiaires effectifs, dotés de conditions d’accès différentes, de fonctions de recherche différentes et de mécanismes différents de vérification des données, le cas échéant; souligne que cette situation a entraîné des difficultés techniques qui ont retardé la mise en place du système d’interconnexion des registres de bénéficiaires effectifs (BORIS);

24.rappelle à la Commission et aux États membres combien il est important de rendre les informations sur les bénéficiaires effectifs accessibles aux CRF, aux services répressifs, aux administrations fiscales et aux entités assujetties; déplore que les retards dans les États membres tout comme l’absence générale de coordination du processus de mise en œuvre nuisent à l’efficacité d’un système d’interconnexion opérationnel, et invite tous les acteurs à remédier de toute urgence à ce retard;

25.demande que les paradis fiscaux soient automatiquement inscrits sur la liste de l’Union des pays tiers à haut risque en matière de blanchiment de capitaux; recommande que les États et les juridictions dont le régime de lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération présente des lacunes stratégiques, où les oligarques, les millionnaires et les entreprises cachent leurs fonds, soient inscrits sur ces listes; se félicite de l’adoption par la Commission d’un règlement délégué ajoutant les Émirats arabes unis, entre autres pays tiers, à la liste de l’Union des pays à «haut risque» en matière de blanchiment de capitaux; souligne que, selon la méthodologie de la Commission, lorsqu’un pays figure sur la liste du GAFI, il devrait automatiquement être ajouté à la liste de l’Union des pays à haut risque sans autre évaluation indépendante, et ce au moyen d’un acte délégué; rappelle les récentes révélations des médias montrant que les Émirats arabes unis ont facilité le blanchiment de capitaux à grande échelle et que les oligarques russes s’y activent à échapper aux sanctions de l’Union;

26.rappelle sa résolution sur la réforme de la liste de l’Union des pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales[41]; invite l’Union et les États membres à répondre aux demandes de la présente résolution et à les mettre en œuvre lors de toute révision future du code de conduite dans le domaine de la fiscalité des entreprises; souligne que plusieurs États membres disposent de listes noires plus complètes que l’Union, et invite la Commission à réévaluer les pays qui figurent sur une liste nationale sans toutefois figurer sur la liste de l’Union, ainsi qu’à motiver l’absence de ces pays de la liste de l’Union;

27.demande à la Commission de publier une liste des avoirs gelés ou confisqués par chaque État membre à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et de partager davantage d’informations sur les travaux menés par la task force «Gel et saisie»; prie instamment la Commission de fournir des informations précises sur les progrès réalisés par les États membres dans la révocation ou le retrait de la citoyenneté et des permis de séjour accordés sur la base d’investissements financiers à des ressortissants russes et biélorusses soumis à des mesures restrictives de l’Union;

28.condamne la pratique consistant à mettre en œuvre des programmes de citoyenneté contre investissement octroyant la citoyenneté aux ressortissants de pays tiers principalement en échange d’une contrepartie financière; insiste sur les risques que cette pratique fait peser en ce qui concerne la sécurité, la société et le blanchiment de capitaux, ainsi que sur leur incompatibilité intrinsèque avec le principe de coopération loyale, portant atteinte à l’essence même de l’intégrité de l’Union; invite Malte, seul État membre appliquant encore un tel régime, à mettre un terme à cette pratique; rappelle que les programmes de résidence contre investissement peuvent présenter des risques similaires et qu’ils devraient dès lors être soumis à des règles claires, assortis d’une diligence raisonnable ainsi que de procédures de vérification pour les demandeurs; réitère, dans sa résolution du 9mars2022[42], son appel à interdire les programmes de citoyenneté contre investissement et à réglementer les programmes de résidence contre investissement; invite la Commission à envisager une éventuelle interdiction des programmes de résidence contre investissement;

29.prie instamment la Commission et les agences de l’Union d’adopter des lignes directrices plus strictes à l’intention des fonctionnaires souhaitant occuper des postes en dehors des institutions de l’Union après leur service ou pendant un congé de convenance personnelle, compte tenu du rapport alarmant de la Cour des comptes européenne[43] et de la décision OI/1/2021/KR de la Médiatrice européenne du 16mai2022 sur la manière dont la Commission gère le «pantouflage» des membres de son personnel; invite les institutions de l’Union à veiller à ce que les restrictions imposées aux anciens membres de l’encadrement supérieur ou au personnel en congé de convenance personnelle soient effectivement partagées avec le nouvel employeur et appliquées par celui-ci; invite la Commission à ne pas approuver les demandes d’anciens membres de l’encadrement supérieur d’exercer des activités dans le secteur privé lorsque l’évaluation interne de la Commission met en lumière des réserves quant à la possibilité d’atténuer les risques potentiels découlant de ces mouvements; invite les États membres à veiller à ce que le «pantouflage» non déclaré soit recensé et à ce que le respect de la législation en vigueur soit garanti.


INFORMATIONS SUR L’ADOPTION
PAR LA COMMISSION SAISIE POUR AVIS

Date de l’adoption

12.1.2023

Résultat du vote final

+:

–:

0:

60

0

2

Membres présents au moment du vote final

Abir Al-Sahlani, Malik Azmani, Malin Björk, Vasile Blaga, Patrick Breyer, Saskia Bricmont, Joachim Stanisław Brudziński, Jorge Buxadé Villalba, Patricia Chagnon, Clare Daly, Lena Düpont, Lucia Ďuriš Nicholsonová, Laura Ferrara, Evin Incir, Sophia in ‘t Veld, Patryk Jaki, Marina Kaljurand, Fabienne Keller, Łukasz Kohut, Moritz Körner, Alice Kuhnke, Jeroen Lenaers, Juan Fernando López Aguilar, Lukas Mandl, Erik Marquardt, Nadine Morano, Javier Moreno Sánchez, Theresa Muigg, Maite Pagazaurtundúa, Paulo Rangel, Karlo Ressler, Thijs Reuten, Isabel Santos, Birgit Sippel, Sara Skyttedal, Vincenzo Sofo, Tineke Strik, Ramona Strugariu, Yana Toom, Tom Vandendriessche, Elena Yoncheva

Suppléants présents au moment du vote final

Loucas Fourlas, Beata Kempa, Ondřej Kovařík, Alessandra Mussolini, Matjaž Nemec, Sira Rego, Domènec Ruiz Devesa, Loránt Vincze, Petar Vitanov, Tomáš Zdechovský

Suppléants (art. 209, par. 7) présents au moment du vote final

Asim Ademov, Gunnar Beck, Isabel Benjumea Benjumea, Vladimír Bilčík, Andrzej Halicki, Marian-Jean Marinescu, René Repasi, Antonio Maria Rinaldi, Mounir Satouri, Milan Uhrík, Jörgen Warborn


VOTE FINAL PAR APPEL NOMINAL
EN COMMISSION SAISIE POUR AVIS

60

+

ECR

Joachim Stanisław Brudziński, Jorge Buxadé Villalba, Patryk Jaki, Beata Kempa, Vincenzo Sofo

ID

Patricia Chagnon, Antonio Maria Rinaldi, Tom Vandendriessche

NI

Laura Ferrara

PPE

Asim Ademov, Isabel Benjumea Benjumea, Vladimír Bilčík, Vasile Blaga, Lena Düpont, Loucas Fourlas, Andrzej Halicki, Jeroen Lenaers, Lukas Mandl, Marian-Jean Marinescu, Nadine Morano, Alessandra Mussolini, Paulo Rangel, Karlo Ressler, Sara Skyttedal, Loránt Vincze, Jörgen Warborn, Tomáš Zdechovský

Renew

Abir Al-Sahlani, Malik Azmani, Lucia Ďuriš Nicholsonová, Sophia in ‘t Veld, Fabienne Keller, Moritz Körner, Ondřej Kovařík, Maite Pagazaurtundúa, Ramona Strugariu, Yana Toom

S&D

Evin Incir, Marina Kaljurand, Łukasz Kohut, Juan Fernando López Aguilar, Javier Moreno Sánchez, Theresa Muigg, Matjaž Nemec, René Repasi, Thijs Reuten, Domènec Ruiz Devesa, Isabel Santos, Birgit Sippel, Petar Vitanov, Elena Yoncheva

The Left

Malin Björk, Clare Daly, Sira Rego

Verts/ALE

Patrick Breyer, Saskia Bricmont, Alice Kuhnke, Erik Marquardt, Mounir Satouri, Tineke Strik

0

-

2

0

ID

Gunnar Beck

NI

Milan Uhrík

Légende des signes utilisés:

+:pour

-:contre

0:abstention


INFORMATIONS SUR L’ADOPTIONPAR LA COMMISSION COMPÉTENTE AU FOND

Date de l’adoption

21.3.2023

Résultat du vote final

+:

–:

0:

46

0

7

Membres présents au moment du vote final

Anna-Michelle Asimakopoulou, Gunnar Beck, Marek Belka, Isabel Benjumea Benjumea, Stefan Berger, Engin Eroglu, Markus Ferber, Jonás Fernández, Frances Fitzgerald, Claude Gruffat, José Gusmão, Michiel Hoogeveen, Danuta Maria Hübner, Stasys Jakeliūnas, France Jamet, Billy Kelleher, Ondřej Kovařík, Georgios Kyrtsos, Aurore Lalucq, Aušra Maldeikienė, Csaba Molnár, Siegfried Mureşan, Caroline Nagtegaal, Denis Nesci, Luděk Niedermayer, Lefteris Nikolaou-Alavanos, Eva Maria Poptcheva, Evelyn Regner, Antonio Maria Rinaldi, Dorien Rookmaker, Ralf Seekatz, Pedro Silva Pereira, Paul Tang, Irene Tinagli, Ernest Urtasun, Inese Vaidere, Stéphanie Yon-Courtin, Marco Zanni

Suppléants présents au moment du vote final

Pascal Canfin, Damien Carême, Fabio Massimo Castaldo, Herbert Dorfmann, Bas Eickhout, Niels Fuglsang, Roman Haider, Margarida Marques, Fulvio Martusciello, Andżelika Anna Możdżanowska, René Repasi, Eleni Stavrou

Suppléants (art. 209, par. 7) présents au moment du vote final

Gabriel Mato, Max Orville, Thomas Waitz


VOTE FINAL PAR APPEL NOMINALEN COMMISSION COMPÉTENTE AU FOND

46

+

ECR

Andżelika Anna Możdżanowska, Denis Nesci

ID

Roman Haider, France Jamet, Antonio Maria Rinaldi, Marco Zanni

NI

Fabio Massimo Castaldo

PPE

Anna-Michelle Asimakopoulou, Stefan Berger, Herbert Dorfmann, Markus Ferber, Frances Fitzgerald, Danuta Maria Hübner, Aušra Maldeikienė, Fulvio Martusciello, Siegfried Mureşan, Luděk Niedermayer, Ralf Seekatz, Inese Vaidere

Renew

Pascal Canfin, Engin Eroglu, Billy Kelleher, Ondřej Kovařík, Georgios Kyrtsos, Caroline Nagtegaal, Max Orville, Eva Maria Poptcheva, Stéphanie Yon-Courtin

S&D

Marek Belka, Jonás Fernández, Niels Fuglsang, Aurore Lalucq, Margarida Marques, Csaba Molnár, Evelyn Regner, René Repasi, Pedro Silva Pereira, Paul Tang, Irene Tinagli

The Left

José Gusmão

Verts/ALE

Damien Carême, Bas Eickhout, Claude Gruffat, Stasys Jakeliūnas, Ernest Urtasun, Thomas Waitz

0

-

7

0

ECR

Michiel Hoogeveen, Dorien Rookmaker

ID

Gunnar Beck

NI

Lefteris Nikolaou-Alavanos

PPE

Isabel Benjumea Benjumea, Gabriel Mato, Eleni Stavrou

Légende des signes utilisés:

+:pour

-:contre

0:abstention

Dernière mise à jour: 24 avril 2023
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