PROPOSITION DE RÉSOLUTIONsur le livre blanc sur l’avenir de la défense européenne
5.3.2025-()
conformément à l’article136, paragraphe2, du règlement intérieur
Nathalie Loiseau, Petras Auštrevičius, Dan Barna, Helmut Brandstätter, Engin Eroglu, Bernard Guetta, Urmas Paet, Marie‑Agnes Strack‑Zimmermann, Hilde Vautmans, Dainius Žalimas, Michał Kobosko
au nom du groupe Renew
Voir aussi la proposition de résolution communeRC-B10-0146/2025
10‑0148/2025
Résolution du Parlement européen sur le livre blanc sur l’avenir de la défense européenne
()
Le Parlement européen,
–vu l’article136, paragraphe2, de son règlement intérieur,
A.considérant qu’au cours des dix dernières années, des changements géopolitiques majeurs, amplifiés par le retour de guerres à grande échelle dans le voisinage de l’Union, ont menacé la sécurité de l’Union, de ses États membres et de ses citoyens;
B.considérant que l’ordre mondial se fragmente et se caractérise de plus en plus par des instabilités complexes et ancrées;
C.considérant que l’Union ne pourra se conforter dans sa sécurité tant que son voisinage immédiat vivra dans l’insécurité; que la capacité de l’Ukraine à résister face à la guerre d’agression menée par la Russie est vitale pour la sécurité de l’Union;
D.considérant que les récentes déclarations de membres de l’administration américaine, auxquelles s’ajoute le comportement des dirigeants américains à l’égard du président Zelensky, témoignent d’un tournant dans la politique étrangère américaine; qu’il est de plus en plus évident que l’Europe doit renforcer ses propres sécurité et défense et être en mesure d’aider l’Ukraine à gagner la guerre;
E.considérant que c’est à proximité des frontières de la Russie avec l’Occident que les capacités militaires de la Russie augmentent le plus vite, tandis que l’Union prend son temps pour renforcer ses capacités de défense;
F.considérant qu’il est urgent de poursuivre les réformes et de renforcer la politique de défense de l’Union à la lumière de l’expérience récente de l’Ukraine en matière de guerre et de l’utilisation de nouvelles technologies de guerre;
G.considérant qu’il est dans l’intérêt de l’Union de voir l’Ukraine comme faisant partie intégrante d’un véritable système de sécurité européen;
H.considérant que dans leur lettre de mission, la présidente de la Commission européenne a chargé le commissaire à la défense et à l’espace et la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de présenter un livre blanc sur l’avenir de la défense européenne dans les 100premiers jours de leur mandat;
1.estime que l’Union doit prendre des mesures urgentes pour garantir sa propre sécurité autonome, renforcer les partenariats utiles avec des partenaires partageant les mêmes valeurs et réduire considérablement ses dépendances à l’égard d’autres pays; souligne, à cet égard, que l’Union connaît aujourd’hui un tournant dans son histoire et sa construction; insiste sur le fait que le statu quo n’est plus une option, car cela signifierait la fin de la sécurité de l’Europe; est d’avis que l’Union et ses États membres doivent choisir entre se rassembler de manière synchronisée et unir leurs forces pour surmonter les menaces et les attaques contre la sécurité de l’Union, ou rester seuls à la merci d’adversaires agressifs et de partenaires peu fiables; rappelle que la Russie constitue la menace directe la plus importante pour la sécurité de l’Europe; précise toutefois que l’instabilité dans le voisinage méridional de l’Union ne doit pas être négligée;
2.souligne que l’Union doit à présent adopter une approche globale et transversale, intégrant une dimension de défense et de sécurité dans la plupart des politiques européennes, y compris des instruments réglementaires et financiers adéquats pour répondre aux besoins et lacunes recensés en matière de capacités;
3.estime par conséquent que le moment est venu de redynamiser l’ambition politique d’agir pour faire de l’Union un véritable garant de la sécurité, accroître la préparation de l’Union en matière de défense et construire une véritable Union européenne de la défense; rappelle que l’adoption de la boussole stratégique constitue un bon point de départ, mais qu’elle doit encore être mise en œuvre dans des délais raisonnables; se félicite de la création des récents instruments de défense de l’Union; insiste sur la nécessité urgente de changer d’échelle, étant donné que les efforts de défense de l’Union ne peuvent rester limités dans leur volume, fragmentés dans leur portée et longs dans leur mise en œuvre; appelle à faire un grand pas en avant en matière de défense avec une nouvelle approche, accompagnée de choix et de décisions forts, d’un plan d’action et d’un plan d’investissement à court et à long terme dans le domaine de la défense afin de renforcer les infrastructures de sécurité du bloc, d’améliorer la dissuasion, de répondre aux menaces et aux attaques hybrides, de garantir la mobilisation de fonds propres et de capitaux privés et de développer des catalyseurs et des systèmes d’armes stratégiques, ce dans le but de renforcer la puissance militaire collective de l’Europe et de réduire ainsi sa dépendance à l’égard d’autres acteurs;
4.demande instamment à l’Union d’adopter un cadre cohérent, solide et global pour renforcer sa sécurité et celle de ses partenaires, mieux identifier les futurs points de rupture potentiels et prévenir de nouvelles crises, et, en collaboration avec les États membres, apporter des réponses similaires à celles requises en temps de guerre;
5.attend du livre blanc sur la défense européenne qu’il définisse ce nouveau cadre et la mesure dans laquelle l’Union peut aider l’Europe à anticiper et à se préparer aux éventualités militaires les plus extrêmes, à décourager les agresseurs potentiels et à se défendre à court et à long terme en vue de devenir une puissance crédible et un pilier européen au sein de l’OTAN;
6.estime que les missions et opérations relevant de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) doivent être réévaluées et réexaminées dans cette perspective; insiste sur le fait que, pour remplir son rôle de politique d’assurance pour la sécurité de l’Europe, la PSDC doit devenir plus forte et plus souple, y compris en devenant l’instrument de l’Union pour lutter contre la guerre hybride;
7.souligne que les capacités et les ressources doivent être renforcées et que la fragmentation du marché de la défense doit être inversée; souscrit pleinement à l’avis du rapport Draghi[1] selon lequel l’Union et ses États membres doivent adopter d’urgence des mesures d’incitation destinées à l’industrie de la défense de l’Union et trouver des solutions créatives pour des investissements publics et privés à grande échelle dans la sécurité et la défense;
8.prie instamment l’Union et ses États membres d’intensifier considérablement leurs efforts pour modifier de manière décisive la trajectoire de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine; souligne qu’un tel changement de trajectoire dépend désormais presque entièrement des Européens; exhorte dès lors les États membres à fournir davantage d’armes et de munitions à l’Ukraine; prédit, avant toute négociation, que si l’Union n’apporte pas ce soutien et si l’Ukraine se retrouve contrainte de capituler, la Russie se tournera contre d’autres pays, dont éventuellement des États membres de l’Union; invite le Conseil à collaborer avec l’Ukraine pour trouver une solution pacifique à la guerre et à s’engager activement dans l’exécution du plan de paix ukrainien; exhorte l’Union et ses États membres, avant tout, à participer à la mise en place de solides garanties de sécurité futures pour l’Ukraine;
9.estime que l’Union peut jouer un rôle crucial dans la détermination de l’écart entre les capacités militaires de l’Ukraine et ses besoins, après trois années de guerre, ainsi que dans l’identification des capacités de défense disponibles des États membres, en vue de coordonner l’augmentation de la production de l’industrie de la défense et d’assurer la production constante de certains équipements afin de répondre aux agressions étrangères ou aux besoins spécifiques de ses partenaires stratégiques;
10.demande une augmentation significative du financement du soutien militaire à l’Ukraine; condamne le veto imposé par un État membre au fonctionnement de la facilité européenne pour la paix; invite les États membres à prendre la décision, conjointement avec leurs partenaires du G7, d’utiliser les avoirs gelés comme base d’une subvention et d’un prêt substantiels en faveur de l’Ukraine, en tant que moyen juridiquement solide et financièrement substantiel de maintenir et d’accroître la réponse de l’Europe aux besoins militaires de l’Ukraine;
11.invite le Conseil et les États membres à réviser et à renforcer l’application des sanctions en vigueur, et à adopter et à mettre strictement en œuvre des mesures restrictives visant toutes les entités et tous les pays facilitant le contournement des sanctions ou contribuant à fournir au complexe militaire russe des technologies et du matériel militaires à double usage;
12.souligne l’importance majeure de la coopération avec l’industrie ukrainienne de la défense et de son intégration, à long terme, dans la base industrielle et technologique de défense de l’Union; rappelle qu’il est impératif de financer correctement l’instrument ukrainien dans le cadre du programme pour l'industrie européenne de la défense, qui n’est actuellement pas budgétisé;
13.est fermement convaincu que l’Union doit encore étendre et améliorer ses opérations de formation sur mesure afin de répondre aux besoins des forces armées ukrainiennes et, en retour, créer les conditions permettant aux forces armées européennes d’en tirer les enseignements et des pratiques stratégiques;
14.invite l’Union et ses États membres à faciliter l’utilisation des instruments de la PSDC pour compléter les outils de sécurité nationaux dans le voisinage immédiat du territoire et des eaux territoriales de l’Union, et à renforcer la coopération civilo-militaire et à double usage au niveau de l’Union, sur la base d’une approche pangouvernementale; appelle encore une fois à la protection des infrastructures sous-marines critiques et à l’élaboration de contre-mesures de protection;
15.demande à l’Union d’élaborer une évaluation complète des risques au niveau de l’Union pour aider à identifier les principales menaces et dangers transsectoriels et les risques concrets auxquels l’Union dans son ensemble est confrontée, en s’appuyant sur les processus sectoriels actuels d’évaluation des risques;
16.insiste sur l’importance d’utiliser la future stratégie pour une union de la préparation pour mettre l’Union sur la voie d’une préparation globale;
17.préconise la prise en compte d’un principe de «préparation dès la conception» de manière cohérente et transversale dans l’ensemble des institutions, organes et organismes de l’Union; insiste sur la nécessité de mettre au point un contrôle de sécurité et de préparation obligatoire pour les futures analyses d’impact et les futurs «tests de résistance» pour la législation actuelle; souligne la nécessité de réduire, dans la législation actuelle de l’Union, les obstacles qui nuisent à l’efficacité de la défense et de la sécurité européennes;
18.invite la Commission et les États membres à étudier la faisabilité d’un acte de préparation de l’Union, qui fixerait des normes communes et des directives à long terme, afin d’aligner, partout où cela est possible, les efforts de l’Union et des États membres;
19.invite l’Union et les États membres à mettre en place et à mener un exercice de préparation complet de l’Union afin de tester la prise de décision à haut niveau et la coordination opérationnelle, dans le but d’encourager la formation de liens transversaux solides entre acteurs et entre secteurs;
20.demande à l’Union d’adapter d’urgence ses outils aux nouvelles réalités en concevant une capacité administrative permettant d’accélérer les procédures pendant des guerres ou d’autres crises de grande ampleur, et d’adopter les outils appropriés;
21.estime que les analyses régulières des menaces, comme celle qui a été réalisée pour la première fois dans le cadre de la boussole stratégique, sont une nécessité absolue; estime que la boussole stratégique, la PSDC, le livre blanc et la stratégie pour l’industrie européenne de la défense devraient constituer la base d’une vision globale de la défense européenne;
22.rappelle que la boussole stratégique livre à l’Union les propositions nécessaires; invite instamment les États membres à prendre d’urgence les décisions permettant sa pleine mise en œuvre; exige à nouveau que la capacité militaire de planification et de conduite soit enfin dotée des infrastructures et du personnel appropriés, d’un commandement et d’un contrôle renforcés et de systèmes d’information et de communication efficaces pour toutes les missions et opérations de la PSDC; insiste sur le fait que la capacité de déploiement rapide doit atteindre sa pleine capacité opérationnelle en 2025; est fermement convaincu que des progrès plus substantiels sont nécessaires pour mettre en œuvre l’article 42, paragraphe 7, du traité sur l’Union européenne (traité UE);
23.répète qu’il convient de renforcer la coopération entre l’Union et l’OTAN par des actions et pas seulement par des paroles, notamment dans les domaines de l’échange d’informations, de la coordination de la planification et de l’amélioration de la coopération sur leurs opérations militaires respectives, et de déployer des efforts conjoints pour améliorer sensiblement les initiatives de mobilité militaire, en s’appuyant sur les enseignements tirés de l’assistance militaire à l’Ukraine;
24.invite les États membres à participer activement à un mécanisme de hiérarchisation des priorités pour la production de défense, afin de hiérarchiser efficacement les commandes, les contrats et le recrutement d’employés dans les situations d’urgence; souligne qu’un tel mécanisme devrait s’appliquer au-delà des applications de défense actuelles pour englober d’autres infrastructures essentielles de renforcement de la résilience telles que l’énergie, les transports et les télécommunications;
25.invite l’Union, en coopération avec l’OTAN et avec le soutien de l’Agence européenne de défense (AED), à recenser et à combler les lacunes et les insuffisances critiques en matière de capacités de défense dans l’Union et à concentrer ses efforts sur les catalyseurs stratégiques européens afin d’apporter une véritable valeur ajoutée européenne; note que, pour faire face aux éventualités militaires les plus extrêmes, l’Union doit fixer les mêmes besoins en matière de forces que celles fixées par l’OTAN pour les capacités militaires critiques, en particulier pour la défense aérienne, les munitions, les capacités de tir longue distance, la logistique et la facilitation;
26.invite instamment l’Union et ses États membres à passer, pour leurs capacités militaires, d’une approche «par flux», prévalente en temps de paix, à une approche fondée sur les «stocks», en constituant des stocks d’équipements de défense prêts à faire face à une augmentation soutenue de la demande; estime que la Commission devrait prendre toutes les mesures possibles pour renforcer la confiance entre les États membres et encourager davantage d’échanges et de transparence en ce qui concerne la planification à long terme, les mesures plus proactives visant à sécuriser les matières premières et les politiques destinées à combler les lacunes dans les processus de production et sur le marché du travail;
27.demande à l’Union d’adopter une approche globale et cohérente de l’aide extérieure sous tous ses aspects et d’aligner davantage la politique étrangère et de sécurité commune et les objectifs et instruments de la PSDC;
28.est d’avis que la PSDC doit devenir le bras armé de l’Union dans la lutte contre la guerre hybride menée contre elle, ses États membres et ses partenaires, en particulier les pays candidats; est profondément préoccupé par la forte augmentation des attaques hybrides, dont des actes de sabotage, des cyberattaques, la manipulation de l’information et l’ingérence dans les élections, qui ont pour objectif d’affaiblir l’Union et les pays candidats; invite les États membres à envisager des formes appropriées de dissuasion et de contre-mesures, comme le recours à l’article 42, paragraphe 7, du traitéUE; insiste sur la nécessité d’améliorer la capacité de la PSDC à détecter, à prévenir et à contrer la manipulation de l’information visant à entraver l’action extérieure de l’Union; plaide une nouvelle fois en faveur de la mise en place d’une stratégie de communication stratégique horizontale efficace, adaptée à tous les canaux de communication de l’Union;
29.appelle à la création, dans le cadre de la PSDC, d’une flotte aérienne de réaction aux crises de l’Union comprenant des aéronefs de transport militaire détenus au niveau de l’Union et mis à la disposition des États membres pour les déploiements de l’Union, le transport d’équipements ou de troupes (mobilité militaire) ou l’évacuation d’urgence – le manque de capacités pendant le retrait d’Afghanistan en ayant démontré le besoin – ainsi que pour des missions de sécurité civile, sur la base du modèle du commandement européen du transport aérien;
30.attend du Service européen pour l’action extérieure qu’il examine de façon exhaustive et sans complaisance les missions et opérations de la PSDC en tenant compte, en particulier, de l’aspect réaliste de leurs mandats respectifs concernant les ressources qui y sont allouées, les méthodes de recrutement de leur personnel, notamment pour ce qui est du lien entre les compétences nécessaires et les différents profils, la rationalisation de leurs ressources et de leur gestion, la transparence des appels d’offres, des activités menées et des résultats obtenus, les bonnes pratiques et les enseignements tirés ainsi que les difficultés rencontrées; demande au Conseil de s’appuyer sur ces examens pour prendre les décisions qui s’imposent en vue de l’adaptation ou de l’abandon des missions inefficaces et du renforcement des missions les plus utiles; estime que l’évaluation et le contrôle des missions et opérations de la PSDC doivent être améliorés;
31.estime que l’Union devrait élaborer des plans d’urgence pour la coopération économique avec ses partenaires proches en temps de guerre afin de préparer un soutien mutuel en cas de crises de sécurité de grande envergure la concernant directement et approfondir les dialogues économiques en temps de guerre avec ses partenaires d’Europe et du monde afin de fournir des alertes précoces face aux menaces dures, hybrides et informatiques et aux cybermenaces et d’encourager la planification d’un soutien mutuel, la protection des infrastructures critiques et la sécurité maritime;
32.invite l’Union et ses États membres à supprimer, en coopération avec l’OTAN, tous les obstacles réglementaires inutiles qui ralentissent la vitesse à laquelle l’Europe est en mesure de développer sa mobilité militaire; estime que l’Union doit passer de la logique de la «mobilité» à celle de la «logistique militaire»; estime que la définition de la mobilité militaire devrait s’appliquer aux infrastructures qui couvrent tous les aspects logistiques de la mobilité, en incluant, mais sans s’y limiter, les plateformes logistiques, les carburants, les pièces détachées, la capacité de réparation et les munitions; souligne que des investissements importants dans les infrastructures de mobilité militaire s’imposent afin de renforcer les capacités de transport aérien de fret et de développer davantage les infrastructures logistiques telles que les camps, les dépôts, les ports, les plateformes de transport aérien, maritime et ferroviaire, les lignes ferroviaires, les voies navigables, les routes et les ponts; insiste sur la nécessité d’adapter la réglementation en mettant rapidement en œuvre l’accord technique signé dans le cadre du programme d’autorisation des mouvements transfrontières de l’AED, l’harmonisation des formalités douanières et la préparation d’une levée centralisée et raisonnée des normes en matière de transport routier et maritime en cas de crise;
33.estime que l’Union, pour établir un écosystème favorable à l’industrie européenne de la défense, doit fournir à cette industrie une vision à long terme commune et claire qui lui donnerait de la visibilité et garantirait que les besoins prioritaires sont couverts;
34.invite instamment l’Union à améliorer la cohérence entre ses instruments existants et futurs, en particulier entre la coopération structurée permanente en matière de consolidation de la demande et le Fonds européen de la défense (FED) concernant les feuilles de route programmatiques, entre l’instrument visant à renforcer l’industrie européenne de la défense au moyen d’acquisitions conjointes (EDIRPA) concernant la passation conjointe de marchés et l’action de soutien à la production de munitions (ASAP) concernant le renforcement de l’industrie, entre le programme pour l’industrie européenne de la défense concernant le recensement des dépendances et le FED concernant la résorption des dépendances recensées; et au sein du programme pour l’industrie européenne de la défense lui-même concernant la cohérence des actions liées à la consolidation de la demande et de l’approvisionnement;
35.insiste sur l’importance des projets phares de l’Union qui prennent la forme de projets de défense européens d’intérêt commun, lesquels sont essentiels à l’industrie européenne de la défense; estime que les projets de défense européens d’intérêt commun devraient servir à soutenir les capacités industrielles et technologiques qui sous-tendent les grandes priorités communes à plusieurs États ainsi que les capacités dans des domaines tels que les capacités de soutien stratégiques (en particulier concernant l’espace et la défense aérienne européenne), de sorte à agir sur tout le spectre des menaces, à développer la mobilité militaire, en particulier le transport aérien stratégique et tactique, les capacités de frappe en profondeur, les technologies relatives aux drones et les systèmes antidrones, les missiles et munitions et l’intelligence artificielle, ainsi qu’à développer les infrastructures souveraines et les catalyseurs critiques; souligne que le pragmatisme doit l’emporter au vu du seul nombre de priorités et de la nécessité de mobiliser de nouvelles ressources; estime à cet égard que l’Union devrait se concentrer sur des technologies européennes disponibles rapidement et ayant fait leurs preuves qui réduisent ses dépendances et améliore sa sécurité; appelle de ses vœux à faire de la création de promoteurs de l’industrie européenne de la défense un objectif visant à consolider la base industrielle et technologique de défense de l’Union (BITDE) et à en accroître la compétitivité à l’échelle mondiale; estime en outre que les politiques de l’Union en matière de défense devraient encourager la croissance des centres européens d’excellence plutôt que d’être centrées sur de justes retours;
36.appelle à développer davantage la politique industrielle de défense de l’Union afin d’améliorer les instruments existants propres à la défense et, en tant que de besoin, d’élaborer de nouveaux instruments, ainsi que d’optimiser, aux fins de la BITDE, le recours aux instruments qui ne sont pas propres à la défense;
37.rappelle qu’il est essentiel d’assurer la cohérence des politiques publiques de l’Union, lesquelles ne doivent pas créer d’obligations contraires aux objectifs généraux de défense, en particulier lors de crises sécuritaires au cours desquelles il convient d’instaurer des «exceptions stratégiques»; appelle à créer un véritable environnement de la défense qui soutienne les efforts de renforcement de l’industrie en tirant mieux parti des instruments multisectoriels existants de la Commission, en les examinant, en les passant en revue et, si besoin, en les révisant afin de garantir qu’ils ne compromettent pas les objectifs de la politique de défense de l’Union;
38.propose que les entités ou activités pertinentes liées à la défense puissent bénéficier d’InvestEU et d’autres fonds de l’Union, profitant du fait que l’industrie de la défense de l’Union crée de l’emploi; insiste sur la nécessité de donner la priorité aux entités ou activités liées à la défense en tant que de besoin, avec le soutien du règlement sur les puces et du règlement sur les matières premières critiques; estime que les efforts de simplification annoncés par la Commission doivent couvrir tout le secteur de la défense;
39.insiste sur la nécessité d’assurer la cohérence géographique en faisant le point sur la volonté de l’Union et du Royaume-Uni de collaborer, en premier lieu pour mettre en place des garanties de sécurité concernant l’Ukraine et pour resserrer leur partenariat de sécurité, mais aussi de signer une déclaration commune assortie d’engagements concrets et d’un dialogue structuré visant à renforcer la coopération entre l’Union et le Royaume-Uni sur l’ensemble des défis auxquels le continent est confronté en matière de politique étrangère et de sécurité, dont les conditions budgétaires et réglementaires doivent encore être négociées, et en gardant à l’esprit l’importance de l’autonomie décisionnelle de l’Union;
40.exige une meilleure cohérence dans le soutien offert aux entreprises, en réduisant les charges administratives superflues et les formalités bureaucratiques et en garantissant un accès beaucoup plus aisé des petites et moyennes entreprises à ce soutien;
41.appelle de ses vœux une gouvernance plus cohérente, la PSDC devant devenir l’instrument d’une Europe puissante; estime qu’à cette fin, un véritable lien de gouvernance doit exister entre les États membres, la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et les autres commissaires européens; invite instamment les États membres à surmonter la complexité des prises de décision en matière de défense européenne; appelle de ses vœux la création d’un Conseil des ministres de la défense et le passage du vote à l’unanimité au vote à la majorité qualifiée concernant les décisions du Conseil européen, du Conseil des ministres et des agences de l’Union telles que l’AED, à l’exception des décisions relatives aux opérations militaires dotées d’un mandat avec pouvoirs d’exécution; demande qu’il soit recouru, d’ici là, à l’article44 du traité sur l’Union européenne et qu’un groupe de travail transversal sur la défense soit créé au sein de la Commission; appelle de ses vœux un renforcement de la responsabilité démocratique par l’exercice d’un plus grand contrôle par le Parlement;
42.insiste sur la nécessité de créer un marché unique européen de la défense, la fragmentation actuelle et le manque de compétitivité de l’industrie européenne de la défense ayant jusqu’à présent entravé la capacité de l’Union à assumer davantage de responsabilités en tant que garante de la sécurité; rappelle que la notion de «marché de la défense» suppose une pleine reconnaissance de sa spécificité et une application appropriée et cohérente des politiques publiques de l’Union; rappelle que ce marché unique devrait viser la préférence européenne en étant strictement associé à la territorialité et à la valeur ajoutée générée dans l’Union;
43.est fermement convaincu que la préférence européenne, en tant qu’impératif stratégique visant à protéger le savoir-faire européen et à renforcer les capacités de défense européennes à long terme, devrait être la pierre angulaire des politiques de l’Union liées au marché européen de la défense, afin de garantir que l’argent des contribuables de l’Union est utilisé pour créer de la valeur ajoutée sur le territoire de l’Union;
44.appelle de ses vœux à lier la notion de marché intérieur à celle de territorialité, étant donné que le secteur de la défense dépend de la politique des États membres et non du marché et que l’industrie de la défense est autorisée à produire sans être tenue de vendre;
45.insiste sur la nécessité de supprimer les obstacles à l’entrée sur le marché des produits de défense dans l’ensemble de l’Union en révisant les directives relatives au transfert de produits liés à la défense et aux marchés publics dans le domaine de la défense;
46.insiste pour que le principe de la préférence européenne soit reflété dans les règlements de l’Union en matière de défense par des critères d’éligibilité clairs et sans ambiguïté s’appliquant tant aux entités qu’aux produits;
47.invite la Commission à concevoir un successeur du FED qui soit plus stratégique, plus efficace et doté de ressources plus abondantes, qui soutienne la recherche et l’innovation communes dans le domaine de la défense tout au long de la chaîne d’approvisionnement et qui fixe les conditions permettant de relever les défis technologiques tels que les menaces persistantes avancées, l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique, l’informatique quantique, l’internet des objets militaire, la sécurité, les attaques de la chaîne d’approvisionnement, les exploits du jour zéro et la sécurité de l’informatique en nuage; demande la création d’une agence de l’Union qui soit inspirée de l’Agence américaine des projets de recherche avancée en matière de défense (DARPA) et adaptée aux spécificités de l’Union, afin de financer des projets stratégiques novateurs visant à promouvoir la supériorité technologique et économique de l’Europe;
48.s’inquiète du fait que, sans une augmentation considérable des investissements dans le domaine de la défense, l’Union n’atteindra pas ses objectifs en matière de sécurité et de défense, qu’il s’agisse du soutien militaire à l’Ukraine ou du renforcement de la sécurité commune de l’Union; souligne que le coût de l’absence de préparation aux imprévus militaires les plus extrêmes serait alors bien supérieur au coût d’une préparation décisive de l’Union; rappelle que les dépenses globales de l’Union en matière de défense sont insuffisantes et qu’elles ne sont pas assez axées sur l’innovation; invite l’Union et les États membres à travailler ensemble pour convenir de procédés et de moyens concrets visant à réaliser des investissements massifs, publics et privés, à court et à long terme, en matière de défense et de sécurité; rappelle l’estimation de la Commission selon laquelle le financement nécessaire au cours des dixprochaines années (de2025 à2034) s’élèvera à 500milliards d’EUR pour pouvoir renforcer les capacités de défense des États membres (400milliards d’EUR) et soutenir l’Ukraine (100milliards d’EUR);
49.est d’avis que, dans le prochain cadre financier pluriannuel (CFP) de l’Union, les lignes de dépenses liés à la défense devront refléter la nouvelle priorité consistant à être «prêts à faire face aux imprévus militaires les plus extrêmes» et comprendre un financement ambitieux concernant la mobilité militaire, les mesures de contre-mobilité et le renforcement des capacités industrielles dans le domaine de la défense;
50.soutient fermement le plan en cinqvolets «ReArm Europe», proposé par la présidente de la Commission le 4février2025, qui prévoit la possibilité de déclencher la clause dérogatoire du pacte de stabilité et de croissance pour les investissements dans le domaine de la défense, afin de permettre aux États membres d’augmenter leurs dépenses dans ce domaine, un nouvel instrument permettant de fournir aux États membres 150milliards d’EUR sous forme de prêts afin qu’ils investissent dans le domaine de la défense, des possibilités pour que les États membres choisissent d’utiliser les programmes de la politique de cohésion afin d’accroître les dépenses en matière de défense, assorties d’incitations en ce sens, ainsi que la mobilisation de capitaux privés grâce à l’achèvement de l’union des marchés des capitaux et à l’élargissement du rayon d’action de la Banque européenne d’investissement (BEI); invite instamment les États membres à apporter leur appui à ce plan;
51.soutient fermement l’idée selon laquelle les États membres doivent faire passer le financement de leur défense et de leur sécurité au niveau supérieur; relève que les dépenses militaires de certains États membres atteignent déjà 5% du PIB de ces États et insiste sur le fait que le contexte sécuritaire actuel et les menaces pour la sécurité, qui sont multiples, complexes et qui évoluent, exigent des États membres qu’ils consacrent au moins 3% de leur PIB à la défense;
52.insiste sur le fait que les besoins urgents ne peuvent attendre le prochain CFP; met l’accent sur la nécessité d’envisager sans délai des solutions innovantes pour trouver des financements supplémentaires, parmi lesquelles:
a)redéfinir les priorités des fonds existants de l’Union,
b)investir dans le secteur de la défense en le rendant explicitement éligible au Fonds européen de développement régional et au Fonds de cohésion, tout en laissant aux régions et aux États membres la liberté de décider s’il convient d’en faire une priorité, en fonction des besoins locaux,
c)faciliter et accélérer la réaffectation des fonds d’un projet à un autre,
d)étudier la possibilité d’adapter les critères de financement de l’Union afin de donner une nouvelle importance aux critères liés à la sécurité lors de la répartition des dépenses;
53.souligne qu’un «prêt populaire» permettrait non seulement de mobiliser l’épargne des familles européennes, mais également d’unir les 450millions de citoyens européens autour de la nécessité d’améliorer notre sécurité collective; souligne que ce prêt populaire devrait être assorti des mêmes règles et avantages dans les 27États membres et qu’il pourrait procurer un sentiment commun d’appartenance aux nations de l’Union;
54.est d’avis que les plans nationaux pour la reprise et la résilience devraient être modifiés afin de permettre de nouveaux financements dans le domaine de la défense;
55.recommande de recenser de nouvelles ressources susceptibles de nécessiter des contributions de la part des États membres dans le cadre d’un nouveau programme de dette de l’Union, sur le modèle du plan NextGenerationEU et dans le prolongement de l’idée d’«obligations de défense», afin de compléter, si nécessaire, le plan «ReArm Europe» proposé par la Commission;
56.demande une nouvelle fois à la BEI, aux autres institutions financières internationales et aux banques privées en Europe, et en accord avec le plan «ReArm Europe» proposé par la Commission, d’investir plus activement dans l’industrie européenne de la défense, étant donné qu’une accélération des investissements en matière de sécurité et de défense dans l’Union permettrait de mobiliser des financements privés et d’envoyer un signal fort aux autres investisseurs et opérateurs du marché;
57.invite en particulier la BEI à réévaluer sa liste d’activités exclues, à adapter sa politique de prêt afin d’augmenter le volume de financement disponible dans le domaine de la sécurité et de la défense, ainsi qu’à étudier la possibilité d’émettre des titres de créance affectés au financement de projets de sécurité et de défense;
58.demande que soient élaborées des procédures d’urgence concernant les projets créés en réponse à des crises majeures ou à des guerres, dans le cadre desquelles l’Union européenne, conjointement avec la BEI, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et la Banque de développement du Conseil de l’Europe, pourrait permettre aux banques d’appliquer des procédures plus rapides pour soutenir les projets nécessaires en cas de crise ou de guerre; demande également à l’Union d’envisager des modifications des traités permettant l’utilisation des capitaux du Mécanisme européen de stabilité aux fins de l’économie de guerre en Europe;
59.charge sa Présidente de transmettre la présente résolution au Conseil européen, au Conseil, à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, à la présidente de la Commission et aux commissaires compétents, aux agences de l’Union pour la sécurité et la défense, ainsi qu’aux gouvernements et aux parlements des États membres.
- [1] Rapport de MarioDraghi du 9septembre2024 sur l’avenir de la compétitivité de l’Union.